MARIE DROUAL, Cosmos

marie droual Cosmos

EP 5 Titres déjà disponible.

Les formules piano-voix peuvent s’avérer particulièrement risquées. Mais, par la grâce de l’instrument, et par celle de la conviction d’une voix, la magie peut aussi totalement opérer. C’est le cas de Cosmos, de Marie Droual, EP 5 titres paru en 2019 qui nous chavire par son intensité.

Il faudrait être sacrément insensible pour ne pas ressentir, à l’écoute du disque, une sincérité et honnêteté bouleversante. Elle émane d’une part de cette voix nous rappelant, entre autres, des artistes telles Kate Bush ou Tori Amos. Puissance et technique vocale sont ici au rendez-vous, au service d’une émotion contenue, mais bel et bien à fleur de peau. Marie Droual n’est pas, ici, dans la démonstration, mais dans l’expression de ce que renferme son cœur.

La voix, cet instrument si particulier, apporte son lot de contraste, ses montagnes russes de sentiments vécus, ressentis, ses interrogations mais aussi ces certitudes. Ces dernières sont fragiles, sont bousculées au gré des courants parfois contraires de la vie. Dans Cosmos, Marie Droual n’évoque pas uniquement l’univers spatial, celui qui nous entoure tous, mais aussi son univers à elle, celui que renferme son âme et son cœur.

Spiritualité.

Il est donc question d’une double spiritualité, celle gravitant autour du sens de la vie, d’un point de vue infiniment grand, et celui de l’infiniment intime. Pourquoi vivons-nous ? Où suis-je ? Où vais-je ? Deuil, vie, tout s’entrelace, à la frontière ténue entre le monde du rêve et celui de la réalité. La métaphore est de rigueur pour exposer avec pudeur les tourments intimes de la chanteuse autrice compositrice.

Pour mettre ses propos en lumière, le piano semble l’instrument idéal, celui qui dégage de l’espace, celui qui impose ses notes dans le silence, l’obscurité, et qui telle une bougie vacillante sous l’effet de courants d’air invisibles, troue la noirceur pour imposer une vague notion d’optimisme. Le disque, plutôt mélancolique, porte néanmoins une force de vie presque insolente. Car, si tout n’est pas rose, les battements du cœur et le souffle qui sont les nôtres nous obligent à aller de l’avant. L’espoir reste présent, même si bien dissimulé, et nous donne un élan non feint pour combattre le présent et rêver d’un avenir plus doux.

Heurts.

Loin d’être un long fleuve tranquille, les parties instrumentales de Cosmos sont parfois heurtées, volontairement, comme pour marquer la puissance d’un souvenir qui ressurgit, un pic d’émotion, une colère pleine de frustration et/ou d’impuissance. Surprenants, car inattendus, ces brusques changements dans la rythmique, ressemblant quelque peu à une arythmie cardiaque, apportent du relief et cassent parfois une musique qui aurait pu sombrer dans un romantisme entendu. Grâce à cela, jamais le disque ne ronronne et toujours l’oreille se tend pour percevoir d’infimes variations dans la voix et l’instrumental pur.

Ainsi, Cosmos s’avère être une réussite du genre, et la comparaison précédente avec les artistes renommées que sont Kate Bush et Tori Amos n’est en rien usurpée. Nous y sentons la même ardeur à se confier, mais en le faisant d’une manière poétique, douce, imagée, jamais simpliste, parfois tourmentée. Pourtant, Cosmos ne nous file jamais le bourdon. Au contraire, il nous gonfle le cœur d’une force nouvelle, un peu comme si nous avions trouvé là une âme sœur en quelque sorte, nous faisant nous dire que non, nous ne sommes pas seuls dans l’univers, qu’il soit grand ou petit.

L’interview de Marie Droual

Patrick Béguinel

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