LEONOR BOLCATTO, Les allumeuses d’étoiles (déjà disponible)
La parole poétique.
Avec sa chanson poétique, Loenor Blocatto parle de la femme, des injonctions, des amours, de ces petits riens plein de charme qui font notre quotidien. L’artiste offre un EP 5 titres à l’écriture précise et aux charmes s’étendant bien au-delà de la simple chanson française.
En effet, si Merci bien s’inscrit véritablement dans une tradition chanson française, tendance réaliste, La poésie des choses ordinaire, L’horizon dans les yeux lorgnent eux, respectivement, un pop folk vaguement psychédélique, hippie jazzy (dans ses instrumentations) et un rock intimiste et caverneux tendance slam. Serre-moi approche un côté folk manouche ou tzigane, et Les allumeuses d’étoiles, qui donne son nom à l’EP, une chanson pop légèrement baroque.
Les instrumentations sont riches, autant que le sont les textes. On y décèle de la clarinette, du charango, du piano, la traditionnelle paire basse guitare, pas systématique, peu de percussions, ce qui favorise une expression directe pouvant se prêter à tout type de lieux pour des prestations live.
Des textes exigeants.
Si la voix de Léonor Bolcatto s’avère parfaitement adaptée à son univers, sachant se montrer douce et romantique comme plus véhémente, elle se montre surtout en parfaite adéquation avec les textes auxquels elle donne vie. Ceux-ci sont extrêmement exigeants dans leur écriture, posant les mots et les idées les uns à la suite des autres en évitant la surcharge et surtout le mauvais goût.
Raffinée, l’écriture dit les choses sans les nommer. La poésie des choses ordinaires évoque l’éclat particulier que prennent toutes ces choses banales et ordinaires quand le brasier de l’amour brûle en un corps amoureux. Merci bien, plus direct, est un coup de gueule aux injonctions faites aux femmes (notamment par certains magazines féminins qui tendent à lisser la femme au rang d’objet esthétique).
L’horizon dans les yeux parle du combat, féminin, à être soi, quoiqu’il advienne. Ces combats qu’un homme ne peut pas comprendre trouvent justement, dans le cas présent, une explication claire, objective, mais pas démonstrative. Au contraire, plein de pudeur, ce texte invite la réflexion, plus que le sensationnalisme. Serre-moi est un peu du même ordre, mais plus orienté sur le côté vivre au présent, ne pas passer à côté des évidences. Enfin, Les allumeuses d’étoiles est une ode à la sensualité amoureuse dégageant une forme d’innocence ultra touchante et pertinente, surtout pour évoquer cet état si délicat à traduire avec des mots.
Ne jamais prendre les gens pour des idiots.
Le travail de Léonor Bolcatto est donc exigeant, sur le fond et sur la forme. Il ne prend jamais celui qui écoute pour un idiot, elle le respecte au contraire totalement. Car si ces textes sont très travaillés, très pointus, il n’en sont pas moins très simples à interpréter/comprendre. Certes, les vécus de chacun rendront tel ou tel propos plus marqué, mais toujours dans le sens d’une compréhension directe et totale (si tant est que l’on se pose véritablement un temps pour entendre ce qui se dit).
Si certains ne jurent que par l’abstraction, quitte à en devenir prétentieux (et ils sont nombreux) ou totalement abscons, Léonor Bolcatto reste simple, et humble. Cela sert à la fois sa musique et son propos, ce qui ne peut que nous ravir. Qui plus est, elle évite le piège du combat féministe à outrance en privilégiant la nuance au frontal. A l’heure où certains pourraient crier à une « mode » lancée par les mouvements que l’on connait, Léonor Bolcatto évite le piège en offrant des niveaux de lecture universelles, à même de plaire aux femmes comme aux hommes.