Hammok, Jumping/Dancing/Fighting

Hammok Jumping Dancing fighting1er album disponible chez Loyal blood records

Il faut parfois cueillir les fruits à froid. Et c’est ce que parvient à faire le groupe du jour avec ce premier album (ou mini album puisqu’il ne comporte, intro et outro comprises, que 7 titres) surprenant. Car, en effet, Hammok, trio norvégien, nous cueille à froid, sans nous laisser le temps de bien comprendre ce qui nous arrive. En effet, le trio semble déjouer tous les pièges propres à un genre se caricaturant plus qu’à son tour, à savoir celui d’un rock versant dans le côté hardcore de la chose, ainsi que dans une certaine forme de noise. Pourtant, Jumping/Dancing/Fighting s’avère d’une réjouissante inventivité, laquelle ne délaisse jamais une hargne combative, et s’émancipe des codes du genre.

Si le chant s’avère un cri puissant, sanguin, pour ne pas dire par moment écorché vif, si la musique ressemble à s’y méprendre à un déferlement de décibels, pas loin de faire penser à un groupe, suédois, à ses débuts (on pense à The Hives), Hammok choisit un traitement sonore spécial et une production originale qui font tout le sel de ce premier disque captivant. Car oui, faire dans le rock haute énergie ne signifie pas manquer de relief, ni de personnalité.

Ici, une grande part de la magie passe par le son de ce premier essai fichtrement bien foutu. Évidemment, les compositions collent au bitume, osant des nuances peu communes, entre brusques changements de rythmes et passages d’éclaircies salvatrices, passant de la rage à des moments presque sereins et apaisés, tout en restant captives d’une électricité malsaine et souvent poisseuse. Machine Gun est un modèle du genre synthétisant les deux points précédemment cités et illustre à merveille la teneur de l’album. Même l’ultra violent Nosebleed réussit à faire pointer ces nuances, extirpant ainsi le titre de la comparaison facile avec d’autres groupes hardcore.

Impact tellurique pour sismographe K.O !

Le son paraît comprimé, écrasé dans une poigne puissante et intransigeante, laquelle ne desserre son étreinte que par le biais de la lumière noire qui irradie dans chaque titre (équivalant à cet esprit presque expiatoire de la musique). Dès l’intro, le ton est donné. Voix qui surgit du fond de la pièce, son compressé qui évolue dans un périmètre restreint, comme pour faire naitre chez nous une sensation de claustrophobie. Résultat, nous ne cherchons même pas la sortie de secours. Terrassés que nous sommes, on reste scotché au sol de cette prison sonore dans laquelle, on l’avoue, nous trouvons très rapidement nos marques.

L’impact s’avère viscéral. Quand les screams surgissent, c’est comme s’ils sortaient de notre propre (in)conscience. Le caractère oppressant du disque dégage une intensité vibrante et vivante que ces jeunes gens insufflent par le biais d’une créativité débordante qui tend à les différencier de pas mal de productions actuelles et passées. Avec des rythmiques souvent proches d’un groupe comme Mars Volta (avec cette dimension math rock indéniable), c’est-à-dire que ça tabasse bien vénère sur la batterie, que la basse semble toujours à bout de souffle, mais jamais prise en défaut, et tandis que les guitares et la voix se livrent dans un corps à corps violent et sans issue, Hammok ne nous laisse jamais reprendre pied et nous submerge par sa présence tentaculaire.

Comme un direct du droit reçu en pleine tronche, mais aussi comme une caresse (si si !) qui viendrait cicatriser certaines de nos plaies, Jumping/Dancing/Fighting nous procure un indicible sentiment de liberté (qu’elle soit artistique ou plus vaste que cela). Ce groupe a tout d’un grand, si vous voulez notre avis, et pour ceux qui n’aiment pas le côté hardcore du rock nous dirons simplement que ce groupe est un ovni du genre, à découvrir sans a priori, mais de toute urgence quand même !

Hammok, crédit photo Ole_Martin_Andreassen

Liens utiles :

Retrouver Hammok sur FB https://www.facebook.com/hammokband
et sur bandcamp https://hammokband.bandcamp.com/album/jumping-dancing-fighting

Patrick Béguinel

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