EP VRAC 5, The Bobby Lees, Lionne, Quiet Dan.
Sélection d’EPs.
3 EPs à découvrir dans EP vrac 5. On y retrouve The Bobby Lees avec Hollywook Junkyard qui confirme tout le bien que l’on pensait déjà du groupe, Lionne avec Ligne de fuite et Quiet Dan avec The fire next time.
THE BOBBY LEES, Hollywood Junkyard (4 titres).
Le morceau qui donne son titre à l’EP est une expérience à part entière. Il suffit de voir la vidéo pour s’en rendre compte. Ce groupe est dingue, du genre à être méchamment sexy aux entournures, quitte à vous vriller le cerveau dans un déluge d’électricité, de fureur, derrière des atours rock qui s’acoquinent presque à une ambiance cabaret (Strange days). Avec ce 4 titres qui joue l’apaisement (façon de parler tant le titre qui donne son nom à l’EP, soitHollywood junkyard, est tendu), The Bobby Lees nous montre toute l’étendue de son talent.
En effet, le quatuor ne se contente pas d’envoyer la sauce garage à tout bout de champ, il est capable d’imposer sa marque de fabrique sous d’autres paradigmes. Ici, la musique se fait saccadée, posée, mais, dans la voix et son trémolo paraissent les frontières d’une tension à peine contenue. Le début de l’EP s’avère frustrant, car nous attendons une explosion de décibels qui n’intervient, comme un cadeau pour nous remercier de notre passivité et docilité, que sur Dig your hips. Comme pour Hollywood Junkyard, la guitare se joue des codes, propose des parties free plus qu’intéressantes car elles apportent au groupe une superbe touche de nuance.
On voit que The Bobby Lees parvient à canaliser son énergie. Grand bien lui en fait car, là où elle aurait pu devenir envahissante, elle ressort aux moments opportuns, décuplant la narration du groupe. Cela ne sert à rien de tartiner, en se disciplinant, on parvient à atteindre des sommets d’incandescence à proprement parler stupéfiante. Le déchainement de folie sur la fin du troisième titre en est un parfait exemple, tandis que le morceau qui clôt l’exercice se veut plus classique dans sa formule rock. Sans pour autant perdre de son charisme. Un tour de force auquel il va falloir s’habituer tant ce groupe nous paraît phénoménal ! Il nous tarde de les voir sur la scène de La Super Cathédrale en juillet prochain !
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LIONNE, Lignes de fuite, 5 titres
Cet EP est sorti il y a quelques mois désormais, et nous étions passés totalement à côté. Et pourtant, quelle force, et quel caractère majestueux. On oublie la fougue électrique de The Bobby Lees pou se plonger dans une pop aventureuse, aux cordes expressives et surtout aux lignes de chant totalement lumineuses. Le travail effectué par Lionne sur son nouvel opus est simplement bluffant.
Car il faut dire que c’est l’artiste qui a écrit et composé tout cet EP. Tout comme elle a écrit toutes les paroles à l’exception du titre Le rire, chanson adaptée d’un poème de William Blake. De poésie, il en est question dans les paroles de toutes les chansons présentes ici, car Lionne fait naître autant d’images de son enchainement de mots que dans son enchainement de notes. Nous nous trouvons très vite transportés dans un milieu ardent, où l’exigence côtoie l’évidence.
Ainsi, si une certaine cérébralité est évidente, autant dans la manière d’exprimer les sentiments que dans les arrangements musicaux, elle ne gâche en rien l’accessibilité à sa musique. Des surprises absolument géniales apportent leur lot de contraste, dès Ralentir, premier titre de l’EP qui subitement…ralentit. On a beau s’y attendre, Lionne le fait de façon tellement surprenante que nous en sommes encore tout chamboulé. D’autres jalonnent le disque, faisant que jamais la chanteuse autrice compositrice ne va là où nous l’y attendons.
Au casque
Il faut vraiment écouter l’EP au casque pour pouvoir saisir toutes les nuances apportées aux tessitures sonores, pour pouvoir s’émouvoir de la précision des enchainements. Un autre très bon point, notamment pour ceux qui rechignent à écouter de la pop en français, soit-disant parce que notre langue ne s’y prête pas aussi bien que l’anglais, sachez que sa langue est ici incroyablement chantante. Le choix des mots est si bien étudié qu’à l’écoute, si l’on n’y prend garde, on ne constate qu’à peine qu’il s’agit de français.
Cet EP est une mine d’or d’idées très bien abouties, un véritable travail de recherche mélodique, de rythmiques (le jeu de batterie est plein d’inventivité, tout en restant très « rock »). Les cordes apportent quant à elles une intensité émotionnelle qui augmente l’impact des mots et des émotions que Lionne met dans sa voix.
Vous l’aurez compris, ce disque est un sans fautes incontestable, une très bonne surprise, et il n’est que temps de lui rendre hommage avec nos quelques mots.
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QUIET DAN, The fire next time (Disponible, 6 titres).
The fire next time est un EP qui mélange avec pas mal de réussite pop (pour cet art de la mélodie qui claque), rock, folk, esprit vintage et americana, le tout en proposant, comme sur le titre One by one, un potentiel commercial dévastateur, sans pour autant perdre en cohérence indé. Si ce mélange peut paraître légèrement bancal sur le papier, il suffit d’écouter ce mini album pour se convaincre que ce groupe-là possède l’étincelle à même de mettre le feu à la forêt.
Reprenons l’exemple de One by one : début de titre sur la pointe des pieds, simple rythmique, basse + grosse caisse assourdie, étouffée sur laquelle se pose une ligne de chant phénoménale. Arrivent, tout aussi doucement, la guitare et autres instruments. Premier refrain, la batterie gagne en force, les autres instruments s’alignent. Puis second couplet, retour à une forme apaisée, presque timide, mais toujours avec cette ligne de chant américanisée, mais paradoxalement très européenne dans le fond. Les instrumentations se développent, le potentiel hit déploie ses ailes et il devient très dur de résister à son chant envoûtant. Et pourtant, cette musique reste indépendante dans l’âme, avec ce qui en fait le sel, le poivre et tout autre condiment à votre convenance.
Neil Young et les Beatles
Le son, comme sur l’ensemble du disque, ne verse jamais dans le coulis dégoulinant, reste mordant, mais jamais repoussant pour autant. Il reste donc rock, brut (la voix est pour ainsi dire nue). La basse ne s’offre aucun artifice superflu, les claviers possèdent ce charme très britannique fin 60’s début 70’s et les quelques guitares savent être d’eau et de feu. Acoustiques ou électriques, elles sont simplement dans la juste nuance expressive du propos du combo.
Ce qui fait instantanément mouche chez Quiet Dan (Daniel Mizrahi, chant/guitare, Antoine Reininger, basse/guitare et Mathieu Penot, batterie/claviers), c’est cette capacité à proposer des mélodies fédératrices. Elles nous font adhérer à ce folk rock sans nous poser de question. Ce n’est que par la suite que l’on constate le très fin travail d’arrangements, de composition. Rien n’est laissé au hasard, bien que cela ne s’entende pas à la première écoute. Ainsi, le côté accrocheur trouve ses explications au terme de quelques écoutes attentives qui en révèlent toute la teneur. Et aussi un caractère un peu magique.
Ces 6 titres, que l’on pourrait, si l’envie nous prenait, décomposer en 2 parties, l’une comportant 4 titres rock (Milk & beer, One by one, The fire next time et Call me when you get there), et 2 titres folk (Spirit et Magicians), ne manque ni de force, ni de conviction. Malgré deux ambiances distinctes, le disque s’avère très cohérent et permet de faire cohabiter Nick Drake avec Bob Dylan, Les Beatles avec Neil Young, pour un résultat simplement de très grande classe.