EP vrac 2 : de Cucamaras, Ultramoderne, Dätcha Mandala.

3 EPs sinon rien !

On vous propose 3 Eps absolument essentiels pour passer un bon mois de juin, et même de belles vacances. En effet, nous vous parlons dans cet EP vrac 2 de Cucamaras, d’Ultramoderne et de Dätcha mandala, 3 groupes rock, au sens large de la chose, qui devraient vous exciter les méninges. C’est parti

EP vrac 2 CucamarasCUCAMARAS, Soft soap (exag records).

On vous avait diffusé le clip de Winners chapel qui nous avait mis une bonne torgnole, on continue avec l’EP Soft Soap des anglais de Cucamaras. Impossible de ne pas se sentir au beau milieu d’un brasier avec cet EP 5 titres brûlant (pour moins de 15 minutes de musique). En effet, le post punk du combo, tout en muscles et invectives scandés nous met K.O par sa pertinence « fin du monde » et par une urgence absolue se traduisant par une furie musicale de très haute tenue.

Les guitares sont abrasives, la basse viscérale, la voix habitée, plus que convaincante tant elle semble issue de nos propres cauchemars sur l’issue du monde tel que nous l’avons connu, la batterie cogne dur, comme si sa vie en dépendait, bref, tout concourt à nous mettre au tapis. Et le groupe y parvient haut la main.

Sur les 5 titres, tous sont vindicatifs, parlés d’une voix de prédicateur charismatique, avec des choeurs rares mais diablement percutants. Les refrains sont des machines de guerre, tandis que les couplets en sont les champs de bataille. On se croirait dans un no man’s land dévasté par es errances humaines de ces dernières décennies. Comme si le groupe subissait encore les années Tatcher de l’ultralibéralisme (ce qui n’est foutrement pas impossible si vous voulez notre avis, même s’il est plus probable qui soit simplement question de misère sociale).

Un seul titre chanté.

Un seul titre paraît « apaisé ». Nous dirions plutôt qu’il semble moins torturé en vérité. Il s’agit du morceau de clôture du disque, qui survient avec un vrai titre punk, absolument génial, une merveille du genre, le dévastateur Death of the social. Comme pour montrer que Cucamaras sait aussi se policer, sans perdre pour autant en mordant ou en arrogance. Same glue se démarque donc de ses petits camarades, montre que le groupe en a sous la semelle et qu’il pourrait fort bien devenir très rapidement plus populaire que les Fontaines D.C.

Same glue se rapproche en ce sens plus de la new wave, nous évoquant vite fait, musicalement, un groupe comme The Cure, même si mélodiquement, et vocalement on se rapproche plus de groupes comme The Coral ou The Strokes. Qu’importe, ce titre, magnifique aussi (mais lequel ne l’est pas sur ce bijou qu’est Soft Soap?), nous promet de bien belles choses à venir dans un futur plus ou moins proche. Un groupe déjà incontournable.

EP vrac 2 UltramoderneULTRAMODERNE, L’an 2000.

Ce groupe nous met une bonne petite claque derrière la tête lui aussi. Pourquoi ? Parce qu’avec son electro-punk-8bits qui fleure bon le DIY, les textes dégagent une pure poésie du bitume, qui pointe à la fois des évidences et des absurdités relatives à notre vie quotidienne, qui ne manque ni de dérision ni d’autodérision.

Ainsi, c’est avec une musique qui pourrait vaguement rappeler celle de Eurythmics (ou de Desireless) que le duo composé d’Aline (au chant) et Crush (aux machines) nous prend aux tripes. Les mélodies sont tellement évidentes qu’elles paraissent avoir déjà été écoutées un milliard de fois (l’intro d’Euromarché nous rappelant fortement le Boys and Girls de Blur avant de glisser vers un côté cheap absolument jouissif), procurant ainsi une addiction immédiate et irrémédiable.

Facile, mais pas facile.

Tout cela semble incroyablement facile à faire, pourtant, derrière cette apparence trompeuse se cachent des bidouilles malignes comme tout, des textes d’une pertinence géniale, et des compositions à la fois rétro futuristes et bien ancrées dans le passé. Par exemple, Trois petites chattes est la réinterprétation de cette comptine pour enfants Trois petits chats/chapeau de paille/paillasson etc. en version « au bout du rouleau ». A la fois, c’est drôle, et terriblement triste, ou du moins mélancolique à tendance dépressif. La musique, elle, la joue teknival à 2 balles, imparable au niveau de la danse et de la démarche artistique.

Les autres titres diffusent autour d’eux ce regard un peu désabusé avec des tonalités parfois mineures, dégageant un spleen un peu lunaire, avec ce contraste dansant qui appelle plutôt à fêter la vie (d’ailleurs les 5 titres ne dépareilleraient pas d’une soirée en boîte de nuit). L’an 2000 nous touche par son texte rétro futuriste, comme s’il avait été écrit dans les 80’s par exemple, en se projetant dans ce nouveau siècle dans lequel on peut devenir trader au world trade center, ou l’on pourrait mettre une photo de l’être aimé sur son minitel… Génial.

Euromarché rappelle la fameuse enseigne aujourd’hui disparue, comme Mammouth du reste, et tire à boulets rouges sur le conditionnement de ces employé.e.s transparent.e.s condamnés à se fondre dans le moule, à accepter d’être soumis à ce boulot et qui entendent « des bips dans leur sommeil, de plus en plus forts, même la nuit… », avec ce constat terrible « faut-il avoir peur de mourir de faim » (pas sous entendu du tout « pour accepter un tel boulot »). Terrible parce que vrai…

Les autres titres.

On ne revient pas sur Trois petites chattes, on saute directement vers La chorale digitale, morceau un peu plus léger, plein d’autodérision, même si le constat est le même que pour nombre d’entre nous, à savoir que les actions menées n’ont pas forcément abouti à grand-chose de reluisant. Pour le reste, ce titre ressemble à un hit joué en club. On pense, allez savoir pourquoi, à Catherine Ringer dans l’impulsion du chant d’Aline. Enfin, Passé simple change un peu sa formule musicale, pour lorgner une forme de funk electro légèrement hip-hop dans l’esprit. Il est un jeu de mots permanent sur les conjugaisons du passé simple qui donne un rendu pour le moins surprenant et acrobate. On n’en dit pas plus, il faut l’écouter pour comprendre.

Le duo brille sur ce nouvel EP. Il faut dire qu’il ne fait pas partie des perdreaux de l’année puisqu’il possède déjà un sacré bagage. Après un passage par les milieux underground et anarcho punk, dans lesquels ils évoluaient sous le nom Pogomarto, et fort de 300 concerts en dix années d’existence dans divers lieux « souterrains », Aline et Crush reviennent en 2018 sous le nom d’Ultramoderne. Sous ce nom, c’est un LP LAPERFORMANCEESTVULGAIRE (2019) et 5 Eps qui voient le jour, dont ce L’an 2000 absolument parfait dans son côté décalé/brut/conscient/poétique/lucide. Une très belle découverte à découvrir sans tarder !

EP vrac 2 Dätcha MandalaDÄTCHA MANDALA, The last drop (Mrs red sound)

Sorti sur le même label que Red Sun Atacama dont on vous a parlé très récemment, on retrouve le trio rock bordelais Dätcha Mandala avec son nouvel EP, The last Drop. Dès le premier titre Janis, on pénètre dans un univers qui respire la folie rock des seventies. Nous ne la quitterons pas tout au long de ce 5 titres (plus un petit documentaire nommé In studio with Dätcha Mandala qui revient sur le processus créatif du groupe).

La folie rock 70’s, plutôt orientée vers les States plutôt que vers le Royaume-Uni, c’est ce juste mélange entre l’inspiration blues, avec un soupçon de folk, et l’énergie électrique du rock. Ainsi, aussi bien dans Janis, L.A. Hippie, I & you, Carry On et Hit and roll, nous retrouvons l’essence de cette musique qu’on aime tant, sans pour autant singer la parole originale, ni en être trop une pâle copie. En effet, Dätcha Mandala possède cette élégance rare, celle de recycler en y mettant tellement de soi, en profond respect, que ça en magnifie leur art.

Eviter le piège de la copie.

Inutile de crier au manque d’originalité, à la posture, le groupe fait les choses avec une telle sincérité qu’on tombe immédiatement sous le charme de leurs compositions. Même I & You, que n’aurait pas renié un combo Elton John/ Queen trouve totalement grâce à nos oreilles pourtant régulièrement martyrisées. Pourquoi ? Parce que le mojo, on l’a ou on ne l’a pas. Pas la peine d’essayer de vous convaincre que Dätcha Mandala le possède, vous l’aviez déjà compris.

On tombe aussi raide dingue de Carry On, pure merveille pleine de sensibilité et de sensualité qui à elle seule évoque le rythm and blues des Rolling stones, un petit quelque chose de Pink Floyd dans le chant, le tout en étant folk jusqu’au bout du médiator. Le piano y est sublime, les voix inspirées, le rythme délicat, bref, ce titre est une tuerie. Hit and roll s’en va plus lorgner du côté de Led Zep, on ne se refait pas, mais sans en faire trop malgré tout. Cet ultime titre, le plus rock, flirtant avec le heavy rock et avec un je-ne-sais-quoi de Glam rock, aurait pu dépareiller des autres sans cette identité forte et unique, celle de ce très grand groupe de rock made in France (et déjà reconnu bien au-delà de nos frontières). Toujours jouissif en somme !

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