FABULOUS SHEEP, Social violence

social violence fabulous sheep2é album à haute fréquence vindicative (disponible chez Bitter Noise).

Social violence porte bien son nom. Tout comme le groupe porte bien le sien. Nous pouvons y voir, déjà, un brin d’ironie, de sarcasme car, en effet, se nommer « fabuleux moutons » renvoie forcément à ceux qui suivent le troupeau sans remettre en question les dogmes qu’on nous assène à longueur de temps, dans les médias, réseaux sociaux ou télé en tête (Fabulous sheep l’explique un différemment, voir la vidéo en bas d’article). Cela a pour conséquence, par exemple, d’avoir des résultats dans les urnes totalement effarants. Mais la question n’est pas là, revenons à nos moutons (ah ah).

Fabulous sheep est un quintet biterrois composé de Timothée Soulairol (guitare Chant), Piero Berini (guitare, Chant), Charles Pernet (basse), Jack Pernet (batterie) et Gabriel Ducellier (sax, claviers). Ensemble, ils oeuvrent dans un rock survitaminé, fortement rehaussé de saveurs punk. Même si l’album en possède de fortes touches à son entame, celles-ci laissent place ensuite à un post punk moins vénère, mais pas moins intéressant.

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Mordant !

Social violence commence par le très bien We fight. Premier constat : si nous ne savons pas que le groupe est français, nous nous croyons directement embarqués au centre de Londres. Accent irréprochable, tension électrique dévastatrice, chant et choeurs écorchés, la vague punk est en ligne de mire directe. Les claviers, possédant un je-ne sais-quoi d’accordéon sur le début d’album, renforcent la donne de cette façon si particulière dont les anglais stéréotypent la France et son patrimoine.

Sur le deuxième titre, Dogs, même constat, si ce n’est qu’on lorgne un peu plus vers les États-Unis avec une voix pas loin de rappeler celle de Julian Casablancas (The Strokes) sur certaines inflexions (et il faut dire que la distorsion apposée sur la voix n’y est pas pour rien). Le refrain est un sommet du genre, mordant, agressif, mais avec cette pointe non feinte de rébellion lasse, un peu fatiguée d’avoir trop combattu.

Le début de Social violence, jusqu’à la mi-album, est un modèle du genre, entre violence justement, colère, mais toujours agrémenté de mélodies simplement géniales. Esprit no future à son paroxysme, le groupe calme un peu la donne par la suite, pour se rapprocher du meilleur de la scène post punk, une nouvelle fois britannique dans l’âme.

En phase plus introspective.

Si l’entame est une expression directe, un cri qui vient ébranler nos certitudes, la suite se fait plus introspective, moins rentre dedans, sans pour autant perdre en pertinence, sans non plus rendre le disque moins homogène ou explosif. Les nuances commencent à se sentir dès I believe in god qui montre que le groupe possède un talent monstrueux pour la mise en scène de ses titres. Plus rock steady, avec de superbes apports de saxophone, c’est The Clash qu’on ressent dans les influences.

De la même manière, Future is unwriten possède encore une rage qui se traduit par des riffs bien cinglants et toujours ce jeu vocal monstrueusement efficace. D’une certaine manière, on se rapproche un peu d’un rock contestataire, un peu moins punk, mais pas moins pénétrant. The libertines semble ici être mis à l’honneur.

Satellite ose changer les codes de Social violence. La basse, prédominante, évoque le post punk de New order, avec néanmoins un côté dark moins prononcé et une production plus sèche. Exit les 80’s, on est bien en 2022, et le post punk a été digéré, broyé à la moulinette du début de nouveau siècle/millénaire et ressort de façon moins stéréotypée que pas mal de groupes suiveurs (dont assurément Fabulous Sheep ne fait pas partie).

Un album qui déroule les hits.

L’un des points forts du combo est de produire des hits en puissance, des hymnes à même d’être repris en choeur dans des stades. Et puis, il est aussi capable de phases plus calmes, à deux doigts d’être romantiques. Inspiré du blues et de la soul, Mediterranean Cemetery nous rétame par sa classe, sans pour autant perdre ce caractère révolté, mais sur un tempo plus alangui qui sert à merveille le propos (en jouant les antagonismes douceur musicale/véhémence vocale, le groupe parvient à mettre les deux sur orbite de façon plus que convaincante).

Sans temps mort, le disque s’avère aussi varié dans ses intentions et ses atmosphères. Chaque instrumentiste est mis à l’honneur d’une façon ou d’une autre, même si on sent un gros travail effectué sur les voix qui sont l’un des vrais points forts du disque. Souvent trafiquées d’effets, elles le sont toujours à bon escient, ce qui apporte du contraste et une intensité sans cesse renouvelée, mais déclenche aussi des émotions fortes et nuancées. Run est un modèle du genre, alternant passages presque parlés, chant étouffé, passages clairs, tout y passe avec une science élaborée du relief qui fait mouche.

Sans morceau faible, Social Violence s’avère être un disque palpitant du début à la fin. Le mix est, à l’instar des voix, d’une très belle qualité qui fait que malgré les différences entre chaque morceau l’ensemble s’avère terriblement homogène. Un modèle à suivre par un groupe qui n’en suit aucun, de modèle.

LE titre de Sociale Violence.

Les deux morceaux des extrémités sont deux pures merveilles. A ceux-ci s’ajoute Parasite qui met en exergue l’abrutissement de masse (les fameux moutons, on y revient) via la télé. Mais notre préférence va tout de même au morceau de clôture, relativement différent de l’ensemble du disque car portant une sorte de désespoir dans ses teintes mineures. Néanmoins, ce désespoir est atténué par un côté épique du solo, ce qui fait que Keep on dancing nous émeut presque aux larmes. Quelle meilleure façon de terminer un disque magistral du début à la fin ?

Le groupe en live + interview sur France 3 Occitanie dans C’est pas en playback

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