YOVAN, se lancer dans le grand bain.

Yovan1er EP solo déjà disponible.

Tout peut être question d’évidence. En tout cas, après avoir œuvré pour les autres, dans divers projets, Yovan a décidé de se lancer dans le grand bain de l’aventure en son nom. Et cette aventure possède des charmes vénéneux.

Nous sommes en effet en présence d’un univers fort, très personnel, en marge d’un système installé qui se complaît à rabâcher les mêmes thèmes de la même façon. Comme un bon gros doigt d’honneur à un hip-hop et une chanson française qui se parodient eux-mêmes (enfin au moins ceux qui lorgnent le bénéfice au détriment du message), Yovan y pose des textes intimes sur fond de structures mouvantes, portées en partie par une électro aux tessitures fouillées.

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Se livrer.

Dans ce premier EP, Yovan se livre. Il ne fait pas les choses à moitié. Sans doute que d’avoir servi les autres lui a fourni un matériau précieux pour exprimer ce qui l’habitait depuis longtemps. Alors ça ressort dans cet EP homonyme, comme une évidence. D’ailleurs, ce titre joue la sobriété, voix piano, traitement sonore grésillant, légèrement évocateur d’une nostalgie rétro, histoire d’un couple, d’un coup de foudre, de cette évidence qui lie les être. Évidence touche par sa sobriété.

Elle se traduit par peu de choses, un minimalisme qui en dit plus que de longs discours. Les mots sont choisis avec minutie comme pour déclencher une avalanche d’émotions en fonction de nos interprétations laissées finalement libres d’aller là où elles veulent. Cette recherche du mot qui tombe juste est présent sur chacun des 7 titres du mini-album. Ils sont des clichés photographiques d’instants donnés, de ressentis perçus comme violents aussi. Dopamine en est un excellent exemple avec son flow hip-hop pressé et conscient de cette recherche du plaisir instantané, de cette dope qui nous fait quitter Terre (au propre et au figuré) pour une virtualité carnivore.

Adolescent est un titre qui en dit déjà long par son titre. Souvenirs nostalgiques des câlins de sa maman, il est aussi le constat d’un adulte qui se cherche, comme si son statut d’adolescent ne l’avait pas vraiment quitté. Sur un tempo frénétique comme une bouffée hormonale, Yovan décrit sa quête de repères de façon trépidante. Pop corn ralentit la cadence, laisse place à la mélancolie, dégage une appartenance presque urbaine. Mais, en intégrant des violons, Pop corn apporte une touche dramatique, tout comme les bidouilles ressemblant, de loin, à des larsens. L’amour qui vole en éclat, l’amitié aussi. Rideau.

Expérimentations.

Ce mini-album joue les expérimentations. Les traitements sonores sont audacieux, qu’ils soient posés sur les instrumentations ou sur la voix. Il y a sans doute de l’auto-thune, mais pas cette espèce de son synthétique dégueulasse qu’on entend partout et qui masque la misère de pseudo chanteurs. Ici, le chant est pur, l’effet n’apportant qu’une touche d’émotion supplémentaire, un côté écorché/brisé, une licence artistique et poétique, un côté fleur fané aussi, une tension dramatique ou au contraire une beauté fragile.

Lointain Pays intègre un côté free jazz en introduction, avant de retourner vers une électro pop légèrement rugueuse, pleine d’un spleen lumineux, chargé d’un léger espoir, malgré tout. De free jazz il est de nouveau question avec Prerogativ (notre titre préféré sur cet EP). Ce morceau est simplement dingue, inventif, volcanique, certes peut-être un peu délicat à aborder pour qui n’est pas habitué aux expérimentations, mais il nous fait un gros effet en brassant jazz, hip-hop, sonorités analogiques et numériques. Le flow de branleur fait son effet, apportant une touche de presque provocation au morceau, qui, lors du pont, s’acoquine à une forme de psychédélisme 2.0.

Un coup de coeur.

Les morceaux ne dépassent pas les 3 minutes, ils sont nets et concis. L’appel ne déroge pas à la règle et se fait même conclusion au titre Dopamine. Avec son thème (sa haine des réseaux, ou du moins de la fatigue que ceux-ci génèrent) et de ses ego boursouflés reposant sur le vide d’âme, version cantique électronique, Yovan termine la vertigineuse boucle de son EP. Ce point final nous met un ultime coup de pied au cul, nous fait regarder la vérité en face. Et nous, où nous situons-nous ? Ce grand bain du premier EP est un pari réussi pour Yovan. Pour nous, c’est un gros coup de cœur, pour la richesse, pour l’ivresse, pour les mots, pour les sons. Superbe travail.

Pour écouter l’EP, lien vers les plateformes

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