Chronique musique EP-mini album
YOJIMBO, debut EP disponible.
Stoner intergalactic.
Il y a, dans la description de la musique proposée par Yojimbo, un paradoxe. Le côté rock stoner, souvent associé à une forme de lourdeur instrumentale (des fûts martyrisés, des basses qui clouent le corps au sol, des guitares elles aussi lourdes, souvent poisseuses), vient se heurter au côté intergalactique, revoyant, lui, à l’infini de l’espace et par voie de conséquence à quelque chose d’aérien, de flottant.
Ainsi, le stoner de Yojimbo s’avère lourd et léger, fortement ancré au sol, terrien, tout en étant incroyablement atmosphérique. Si le mélange peut faire peur, le résultat, lui, s’avère totalement rassurant : le groupe réussit le pari de mêler les deux, de dégager une forte personnalité, et surtout d’éviter tous les clichés.
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Où commencent les cieux ?
Forcément, le rock ici est fait de fuzz et de distorsion. La voix, féminine, si son but n’est pas d’apporter une touche de sensualité (elle en apporte tout de même, mais son implication première n’est pas là), convainc totalement et nous propose une couleur vaguement psychédélique, un peu à la manière d’une Grace Slick. Sa présence, même « discrète » car de larges plages instrumentales sont de rigueur sur l’EP, est concrète, marquée, parfaite dans ses impulsions et ses conclusions. Elle ne manque qui plus est jamais de corps, ce qui ne peut qu’apporter un indéniable plus à l’édifice.
Instrumentalement, comme nous le disions, l’électricité est de rigueur, même si l’acoustique survient ici ou là, plus ou moins aux avant-postes. Les introductions de Kingdom, The fear still grows, à la guitare folk, que l’on retrouve ensuite noyé parmi les autres instruments, en sont un exemple. Elles apportent une touche légèrement folk rock à ces compositions. En résulte une finesse discrète, qui contrebalance avec l’aspect urgent, parfois oppressant du stoner du combo.
YOJIMBO sur les plateformes nbsp;
Nébuleuse et trou noir.
Les mélodies, développées le long de compositions évolutives et serpentines, font mouche. Elles nous hypnotisent progressivement, nous pervertissent sans que nous ne nous y attendions. On se laisse alors charmer, sans résister, espérant parfois des déferlements de douceur là où le groove puissant du groupe nous maintient, contre notre gré, le nez collé dans la poussière. Mais, maso, nous y retournons, et plutôt deux fois qu’une !
Si nous aimons d’ordinaire les morceaux à rallonges, la relative concision de ceux présents sur l’EP apporte un dynamisme salvateur. En effet, la spirale descendante, semblant nous conduire tout droit vers les enfers, s’achève majoritairement avant les 5 minutes (sur les 5 titres de l’EP, un seul avoisine les 7 minutes, tandis que 3 des 4 autres font entre 3 et 4 minutes) ce qui nous permet de reprendre pied et esprit, avant de plonger à nouveau dans ce que l’âme possède de plus tourmentée.
Car on sent de la noirceur, un pessimisme latent, mais aussi, peut-être, un espoir qui proviendrait de quelque part au-delà du système solaire. Attention, la musique du combo n’est pas ésotérique ou futuriste, voir pseudo baba-cool. Elle ne projette en rien vers des petits hommes verts qui viendraient apporter joie et félicité au peuple terrien. Non, pas de conneries new age ici ! Néanmoins, l’ampleur dégagée par les compositions nous invite de deviner une forme d’émancipation simplement terrienne nous permettant d’approcher quelque univers plus vaste.
Une mise en bouche savoureuse.
Cet EP de Yojimbo marque donc de très belles intentions, concrétisées par une musique qui ne laisse pas de place à l’approximation et qui montre déjà une personnalité forte et cohérente. Ce coup d’essai sera, nous l’espérons, confirmé par un prochain essai plus long format, pour finir de nous embarquer vers ce voyage rock stoner intergalactique captivant et riche en promesses.
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