TOP LEFT CLUB (TLC), Shoulders at 90, furieusement bon !
Debut album (disponible le 28/05 chez Beast Records)
Qu’est-ce qu’on fait quand on s’emmerde, faute de concert où aller (en cas de pandémie par exemple) ? Eh bien on se regroupe dans son garage, et on joue de la musique. C’est en gros comme ça qu’est né Top Left Club, groupe formé de Jimi Dymond, Mac Daddy (Rotten Foxes), Johnny Hartless et Tim Cox (tous les deux de Skinny Milk), de l’ennui, du manque de propositions liées à un enfermement qui avait aussi lieu de l’autre côté de la Manche (les 4 musiciens étant de Brighton). Mais qu’est-ce qu’on joue quand on est vénère ? Bah, du punk ? What else ? Shoulders at 90 brille par ses aspects punks, synth et par une énergie atomique.
Bon, on ne va pas vous cacher que nous nous attendions à quelque chose d’autre, même si la très chouette (à notre goût) pochette créée par Kirsty Simpson est foutrement trompeuse. Mais quand on voit que TLC est signé chez Beast Records, on ne peut que se dire qu’on aura affaire à du rock bien comme il faut, à la fois mélodique et nerveux. Dont acte.
Morgue british.
On ne va pas vous mentir non plus en vous disant que l’on retrouve chez Top Left Club tout ce que nous aimons dans le rock anglais, à savoir ce mélange assez improbable d’arrogance et de fluidité (ou d’aisance) mélodique, le tout saupoudré de cette rage « flegmatique » totalement incontrôlable. En fait, TLC réussit, en un temps extrêmement bref (11 titres mais dont le plus long ne dure que 2’41), à tout dévaster, de nos certitudes à des chambres d’hôtel (à venir sur de prochaines tournées, du moins nous l’espérons). Pourquoi ? Parce que le groupe réussit le tour de passe-passe de ne pas faire un album bas du front, juste énergique. Non, il y met de jolies formes, séduisantes par leurs mélodies indéniablement accrocheuses et par un savoir-faire de la composition qui fait mouche, à chaque coup.
Et puis il y a ces voix, hargneuses, insolentes, bagarreuses, qui dynamitent le côté trépidant des guitares (reposant sur des motifs de synthés démoniaques eux aussi). L’ensemble donne l’impression de voir débouler une comète quelque part dans le ciel et de nous dire qu’il ne nous reste que quelques heures, tout au mieux, à vivre, et qu’il serait temps de vider tout ce qu’on a sur le cœur pour claquer en paix.
Alors ça déboule, et c’est imparable. Autant essayer de stopper un train lancé à toute balle avec notre bite et notre couteau : ça ne sert à rien. Alors on succombe aux pouvoirs magiques du groupe.
Électricité dynamique.
L’électricité des guitares, des synthés, des voix (passées dans des filtres inspirés, écho, réverb, disto) ruisselle des parois de chaque morceau. Le mix est revêche, lui aussi électrisé par cette énergie difficilement maitrisable. Nous nous prenons des baffes à chaque couplet, à chaque refrain, d’autant plus que cette énergie est mise au diapason d’une inventivité sans cesse renouvelée. Nous pourrions croire à du réchauffé post-punk, mais il n’en est rien. Le côté garage (l’album a été enregistré sur un studio portable 8 pistes dans la chambre de Johnny, ce qui aurait pu donner, horreur, de la musique de chambre quand on y pense vraiment) est magnifiquement défini, mais le mix montre aussi des capacités d’innovation du groupe (notamment sur les voix se chevauchant, se doublant etc.).
La Basse, à laquelle on ne prête pas forcément attention au début, s’avère aussi essentielle que la batterie. C’est deux-là se sont trouvés, on espère de tout cœur qu’ils ne se sépareront pas car ils font des étincelles. Minimale ou cérébrale, la paire rythmique s’avère absolument primordiale dans le groupe puisque les autres instrumentistes possèdent dès lors une liberté totale dans leur façon de poser leurs propres parties. Et puis, dernier point, ce groupe possède aussi un petit côté old school qu’on ne peut qu’admirer, un truc plus vrai que nature qui nous porte les sens à ébullition.
Trop court !
Mais Dieu que ce Shoulders at 90 est court ! En fait, il nous fait un peu l’effet d’un rail de coke trop vite absorbé, ou d’une trop grosse quantité de café ingurgitée dont les effets, de l’un ou de l’autre s’estomperaient bien trop vite. Parce qu’une fois lancé, le disque nous échauffe les sens, nous donne envie de nous cogner contre les murs (ben oui, les pogos ne sont pas encore recommandés), de festoyer avec des inconnus tout aussi électrisés que nous. Bref, on ressent vite une espèce de frustration, celle que procurent tous les bons disques, à savoir que ceux-ci ne peuvent pas dérouler leur musique durant toute notre vie.
Alors on savoure. Et on lance la fonction repeat. Et c’est repartit !
LE titre de Shoulders at 90.
Impossible à dire. Il n’y a rien à jeter. Ils sont tous dans le haut du panier. Et ce choix, forcément subjectif, ne saurait s’appuyer sur des arguments solides. Mais bon, on vous en donne un quand même… Talk talk (pour la fureur des voix)… Ou Rollin’ pour le motif dessiné par la basse. Ou Piss (pas besoin d’un dessin, pour ses paroles). Ou RIP (dont le thème musical du refrain nous fait penser à Waynes World). Enfin bref, rien à jeter. Tout dans le haut du panier !