THE LONGOODBYE, Tomorrow never came
Nouvel EP disponible le 23/07
Avec ce titre d’EP qui évoque un film de James Bond (Tomorrow never came = demain n’arrive jamais, en référence peut-être au Tomorrow never die de la franchise 007?), The Longoodbye nous met-il volontairement sur une fausse piste ? Oui et non. Oui parce que ici, aucun thème sonnant comme la franchise « espion de sa majesté ». Non car tout est inspiré par le septième art, malgré tout, sauf peut-être, en fin de compte, cette musique qui se suffit à elle-même pour définir tout un univers.
The Longoodbye, c’est le nom du projet de Tomer Lavie. Si ce nom de projet vous dit vaguement quelque chose, c’est que, comme Lavie, vous avez maté un nombre incalculable de films de détectives, en particulier celui de Robert Altman, The long Goodbye, mettant en scène Marlowe, « détective endormi avec un chat, un gars qui essaie d’échapper à la vérité,
mais la vérité finit toujours par le trouver. » La voilà la référence au 7é art. Pour le reste, découvrons plus avant les 5 titres de cet EP assurément pas comme les autres.
Douceur mélancolique.
Tout est histoire de son. Un son chaud, pas moite, un son qui met à l’aise, décrivant pourquoi pas des petites scènes de la vie quotidienne où une personne accomplirait diverses tâches domestiques ou professionnelles avec un détachement blasé, une nonchalance qu’accable le poids des jours qui se suivent et se ressemblent. Nous nous imaginons spectateurs de cet état d’être, que nous verrions en technicolor, époque début de la colorisation des écrans télé.
La personne ne sourirait pas. Elle serait seule. Peut-être homme, peut-être femme, sans doute un peu triste, mais souriant à un événement particulier, ce genre d’accident incontrôlé qui met un peu de gaieté quand on prend la peine de bien y regarder. Par exemple, lorsqu’un rossignol décide de venir chanter sur le bord de la fenêtre de la cuisine, parvenant ainsi à arracher un sourire involontaire à cette personne qui, bien que bercée dans sa monotonie, ne pourrait s’empêcher de sourire.
Évidemment, tout cela aurait lieu à l’époque du technicolor, c’est-à-dire avec cette touche rétro charmante, évoquant autant que démontrant une époque révolue, celle des années cinquante, mais sonnant pourtant totalement années 2020. Subtilement, The Longoodbye nous place dans un contexte dont nous n’avons pas envie de sortir.
Crooner pop.
La musique donc, nous procure toutes ces sensations. Tout transparaît de cette voix absolument parfaite. Pas totalement chuchotée, pas vraiment chantée d’une façon libérée (comprendre qu’elle n’est jamais grandiloquente), c’est comme si Tomer Lavie se confiait à nous, sur le sens de la vie, sur le sens de l’amour. Cette voix nous place à proximité directe du ressenti de son auteur, nous place dans un giron de confidentialité qui nous dit que nous ne voudrions jamais trahir cette confiance que le chanteur semble mettre en nous.
Les instruments concourent à rendre cette atmosphère poignante, à la douceur vaguement teintée d’amertume, ou de ce sentiment de désillusion sensible qui forcément, accapare notre cœur d’une sorte de langueur lumineuse. Le choix des sonorités n’est pas anodin pour traduire cet environnement pas mélancolique plombant, vaguement heureux tout de même. Nous sommes en fait sur le fil séparant deux états, celui d’une dépression qui pourrait être sordide et celui d’une euphorie difficilement contenue.
Un peu comme si nous étions heureux d’être triste. Ou triste d’être heureux. Mais sans que cela ne soit lourd à porter, car il y a de la légèreté malgré tout. Tomorrow never came possède des synthés aériens, parfois rétro futuristes, souvent oniriques, tout comme les guitares qui, malgré leur électrification, restent étonnamment proches d’une couleur acoustique (comme dans un souvenir brouillé par diverses strates d’années intercalées entre le moment où ce souvenir s’est forgé et le moment présent).
Un cocon rassurant.
Ce Tomorrow never came nous attrape par le cœur et ne nous lâche pas après cette capture. Il fait tout de suite parmi de nous, de notre histoire, comme si, au demeurant, il en avait toujours fait partie, sans jamais avoir réussi à s’extraire de la carapace de notre esprit. Là où The Longoodbye fait fort, c’est dans cette impression qu’il exprime avec ses mots à lui nos maux à nous. Sans rajouter une couche de mélodrame, mais en exprimant un peu de cette lassitude que nous pouvons ressentir parfois. Mais toujours avec une patte romantique, fleur bleue presque, mais jamais cucul la praline.
Cet EP hors des âges, hors des sentiers rabattus est une œuvre originale qui nous marque durablement. Nous avions déjà eu un énorme coup de cœur pour son Love was over, The Longoodbye confirme tout l’immense bien que nous pensions déjà de lui à l’époque. Ainsi, Tomorrow never came s’avère donc un incontournable, un intemporel que nous chérirons indéfiniment.