The Great Destroyer // Voyage au long cours
The Great Destroyer, déjà disponible chez Super Apes Label
Tout commence avec une photo. Celle de la pochette de l’album. Elle parle d’elle-même et nous plonge instantanément dans l’univers de The Great Destroyer et de leur album éponyme. La grisaille et la morosité d’une ville se noient dans un ciel bas et voilé de brume. Les constructions urbaines telles des tours de Babel forment un horizon uniforme. Derrière les quelques fenêtres à la blancheur clinique et orangée, nous imaginons la vie nocturne des habitants, usés par leur journée de travail. Ont-ils seulement vu le jour?
Deux Grues Font La Causette
Notre première impression nous fait penser à la ville portuaire du Havre. Mais non! Business Center en lettres sang arbore un parallélogramme de briques claires sur la gauche tandis que sur la droite, les flèches de deux grues font la causette en regardant dans la même direction. Ville de bord de mer? Industrialisée? Au centre de l’image, un feu artificiel brillant de mille néons illumine un carrefour peuplé d’automobiles. Après la contemplation de ce paysage urbain, le nom The Great Destroyer nous évoque vaguement quelque chose et nous oblige à faire appel à notre mémoire. En 2007, le groupe de rock industriel Nine Inch Nails avait sur leur album Year Zero, intitulé l’un de leurs morceaux ainsi. En 2005, le groupe mythique de slowcore, LOW, composé du couple Alan Sparhawk et Mimi Parker, sortait leur septième album studio intitulé… The Great Destroyer.
Architectes Sonores
Derrière les deux morceaux fleuves, Mood February (16’54’’) et How To Destroy Devils (18’05’’) se cachent Ronan le Goff (Guitare) et Romain Donet (Piano, batterie, beats et bruitages Noise; Glockenspiel), les architectes sonores de The Great Destroyer. Les deux titres ont été composés pour Marina Bucco, artiste plasticienne, peintre et écrivaine française dans le cadre de son exposition berlinoise Women and Spaces. La référence à LOW n’est point de trop car Ronan et Romain nous plongent dans un univers musical que nous apprécions énormément, dans un style shoegaze et noisy, à coup de distorsion, overdrive, réverbération, chorus et delay. La liste est longue mais nous pensons à la pedalboard sans fin de Kevin Shields de My Bloody Valentine, à Cocteau Twins, Slowdive, the Spacemen 3, Ride… Tous ces groupes qui ont fait planer toute une jeunesse durant les années 80-90. Et aujourd’hui encore.
Un poème
Mood February et How To Destroy Devils nous prennent aux tripes et s’écoutent comme si nous lisions un poème. A chaque nouvelle écoute, les morceaux nous font découvrir des lieux encore inexplorés, et nous leur donnent un sens différent. Le fameux “mur du son” nous emporte dans une noirceur enjouée, dans une froideur incandescente et évoque en nous une forme d’apocalypse bienveillante. The Great Destroyer distille parcimonie dans sa musique haletante et oppressante, quelques belles éclaircies. Comme toute musique bruitiste, celle de The Great Destroyer ne demande qu’à être apprivoisée et domptée. Une fois la chose faite, au fil que les secondes s’écoulent, nous vous garantissons que Le Grand Destroyer vous escortera tout le long de ce voyage phonique et vous fera passer par moultes émotions.
Bandcamp du groupe.
LGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).
Relire la chronique de DND
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