[ ALBUM ] ENIK, vertigineux The deepest space of now
The deepest space of now, d’Enik, disponible le 08/11 (Brave and Dizzy Records ).
Incroyable album que The Deepest space of now d’Enik. Parce qu’il ne ressemble à rien de connu, parce qu’il explose les carcans, parce qu’il est cohérent malgré son côté patchwork étourdissant. Attention, écouter cet album pourrait bien ne pas vous laisser indemnes.
Il suffit, pour s’en convaincre…
…d’écouter ce premier morceau, Strawberry Clover. Il sonne pop, d’apparence inoffensive, mais détrompez-vous. Il se marque vite au fer rouge dans vos neurones, notamment à cause, ou grâce, à cette vrille de ahahaaa… Tout repose sur peu de choses. Une présence, énigmatique, une musique, débarrassée du superflu, des sonorités, inspirées, et d’une bonne dose d’inventivité.
Une guitare, une nappe de violon, un piano. Des voix, doublées, triplées, trafiquées, une qui ne l’est pas, des superpositions, un relent de sensualité, une pureté, quelques beats pour rythmer l’ensemble. C’est épuré, mais c’est beau, l’épure, quand c’est bien fait. Nous aurions pu croire que le tour était joué, mais c’était mal connaître Enik. Le fantasque Allemand ne veut pas sonner comme tout le monde. Alors commence le vertige et la plongée dans les méandres de ce disque inclassable.
Très vite…
… nous sommes submergé par la vague The deepest space of now et dans ses titres qui nous bousculent dans nos retranchements. Nous gardons une forme d’ascèse, d’économie de moyens, de la science de la note déposée au bon endroit, pour que son impact soit le plus fort. Il est donc question de dosage, de densité, d’intensité.
Les tessitures sonores sur la voix sont un des premiers indicateurs fiable que nous retrouverons sur l’album. Elle est maltraitée, rendue parfois, souvent, robotique est, paradoxalement, c’est toute son humanité qui ressort. Enik n’hésite jamais à la multiplier, à diverses strates de compression, de réverbération, de distorsion. Mais toujours, sa vraie voix émerge du brouillard, et tape-là, vous savez, au cœur.
Parce qu’elle est pleine de fragilité, d’empathie, de ce truc indéchiffrable et difficilement cernable de ce qui fait l’être humain derrière l’artiste. Mais cette voix aussi, parfois, nous fait l’effet de revenir d’entre les morts. En effet, Enik, parfois, ressuscite le David Bowie de Black Star (le dernier album du Thin White Duke), notamment sur le titre The spirit is free. Un hasard ? On ne croit pas…
Pop, oui, electro, oui.
Musicalement, Enik nous offre un album pop aventureux. Pop car il y a cette accroche immédiate. Il nous ferre sans que nous puissions résister. Détrompez-vous, aucune facilité dans sa musique (il faudrait être fou pour le croire), mais la magie opère. Nous nous répétons, mais le premier titre parvient avec peu à capter notre attention. Ceux qui le suivent y parviennent tout autant. Mais ce côté pop possède aussi sa face comédie musicale (avec le titre Echoes 1996 et son adjonction d’une voix féminine, sur un thème lumineux, hyper dansant, et sur une espèce de dialogue improbable autour d’un pont légèrement déstructuré).
Et puis, il y a ce côté électro, ce côté hip-hop également. Mais il y a aussi le côté très expérimental qui fait parfois surface, qui vient nous chatouiller aux entournures par ses aspects plus rugueux, avant qu’un refrain démoniaque radoucisse la sauce (True MF qui combine les 3 côtés précédemment cités). L’art de surprendre, mêlé à la théâtralité de la musique, font de The deepest space of now un objet inclassable.
Nous ne vous cacherons pas qu’il demande un peu d’implication. Parce que, nous ne le cachons pas, s’il nous happe par son penchant pop, surprend par celui des sonorités, hyper travaillées, qui demande un léger temps d’adaptation. Mais très vite, la magie opère, et très vite The deepest space of now devient un disque de chevet, de ceux que nous prenons plaisir à décortiquer à chaque écoute, afin de choper ce petit effet que nous n’avions jusqu’alors pas entendu. Autrement dit, Enik frappe un gros coup avec ce disque à nul autre pareil, un tour de force de maîtrise, au souffle novateur, absolument hors des sentiers battus.
Un must have !!
LE titre de l’album.
Voilà une bien vaste question. Le morceau d’ouverture est génial, 99th dream, le premier single extrait de The deepest space of now est démoniaque (le revoir ICI). Et entre les deux, quelques monumentales claques… Et puis après 99th dream, il reste deux titres, dont le sublime Space Love, formidable cerise sur le gâteau que nous placerons comme titre de l’album.
Déjà, parce qu’il clôt cet exercice dingue qu’est The Deepest space of now. Ensuite, parce qu’il est beau, ce morceau, qu’il renvoie au premier de l’album (du moins qui semble être son reflet dans le miroir). Épuré, jouant sur des effets de guitare comme Strawberry clover jouait sur celui des voix, il ne tarde pas à nous émouvoir, par son intensité, par la mélancolie qu’il dégage, mais également par l’espoir qui semble en irradier.
Les instrumentations sont une nouvelle fois subtiles, les tonalités hyper travaillées, et les multiples voix lui confèrent une force narrative qui ne nous laisse pas intacts. Space love dégage un côté épique, une force tranquille qui nous laisse sur une dernière impression de l’album, à savoir qu’il s’agit d’un grand disque. Magnifique Enik…
Site officiel Enik
Suivre Enik sur FB