THE BESNARD LAKES Are The Last Of The Great Thunderstorm…

Are the last of the great thunderstorm warnings, nouvel album de The Besnard lakes.

Qu’étions-nous en droit d’attendre de The besnard lakes en 2021 ? À vrai dire, rien du tout tant le précédent album des Canadiens, datant d’il y a 5 ans, était insipide. Pourtant, à la faveur d’un single enivrant, Raindrops, nous nous prenions à espérer un bel album.

Il faut dire que de l’eau à coulé sous les ponts depuis A coliseum complex museum. Un split, un changement de label, puis une reformation sont à l’origine du renouveau de The besnard lakes. Et dire que celui-ci était salutaire n’est pas un vain mot. Avec Are The Last Of The Great Thunderstorm Warnings, The besnard lakes renoue avec ce qu’il sait faire de meilleur, à savoir des chansons à l’ampleur vertigineuse, aux durées s’allongeant au soleil couchant, c’est-à-dire s’étirant quasiment toutes au-dessus des 6 minutes (à 2 exceptions sur 9 près). Résultat : un album fleuve mais qui saura réveiller vos ardeurs rock psychédéliques.

Vertige.

La musique de The besnard lakes est un peu similaire à la sensation que nous pouvons ressentir sur un ponton avant d’effectuer un saut à l’élastique : un mélange de sublime et de terreur. Le sublime existe ici dans la majesté des territoires sonores que nous propose le groupe, la terreur dans la peur de se voir engloutir corps et âme dans des morceaux parfois tentaculaires, jouant des climats pour mieux nous dérouter. Cette dualité réside sur tout le disque, nous conduit de la frontière de la réalité à celle d’une forme de transe, d’une spirale sans cesse alimentée par des motifs psychédéliques et des envolées lyriques d’harmonies vocales.

Ainsi, le premier pas effectué dans The Last Of The Great Thunderstorm Warnings s’avère décisif. Le groupe ne se foire pas avec Blackstrap, titre de 6 minutes 35 (pas mal comme ouverture de disque), un peu angoissant, avec sa vis sans fin qui nous perce la psyché, comme pour mieux toucher au siège de nos émotions. Climat légèrement anxiogène, avec ce bip de téléphone qui revient comme l’annonce d’un désastre imminent, pour finalement déboucher sur Raindrops et ces voix « à la Bee gees ».

Envol.

Ce titre, l’un des plus courts de l’album avec ces 5 minutes 10, nous permet de quitter les relatives ténèbres de l’entame du disque pour nous faire passer au-dessus des nuages. Base rythmique alanguie, voix qui dégagent un sentiment épique, de grandiose (elles mélangent féminin et masculin avec une parfaite réussite), nous nous sentons saisis d’une poussée d’optimisme, porté par un grand morceau, de ceux qui ouvrent la porte de la perception. Majestueux.

Puis, sur Christmas can wait, troisième titre, retour à une atmosphère plus pesante. Ce jeu de cache-cache entre obscurité et lumière perdurera tout au long de l’album, avec des partis pris osés, mais payants. Dans le cas présent, une voix légèrement modifiée par l’autothune, sur fond de claviers liturgiques. Plus loin dans l’album, c’est la grand-messe contemplative qui se déroule devant nous (The dark side of paradise, ou encore le sommet de l’album, en terme de durée, Last of the great Thunderstorm Warnings, pièce de 17 minutes et sorte de musique méditative et karmique, ressemblant à un bourdon sans relief, mais qui a pour mérite de nous plonger en nous-même de façon absolument imparable).

Des thèmes choisis.

Il faut dire que cet album du renouveau traite des ténèbres de la mort et la lumière qu’il y a de l’autre côté. Et cette dualité est mise en musique de façon presque explicite. Nous ressentons, dans nos tripes et nos veines, ces aspects primordiaux et primaux de nos existences. Cette grande interrogation du sens de la vie habite l’album de bout en bout, et n’est sans doute pas anodine quand on sait que le groupe à véritablement faillit splitter (et ainsi marquer la fin de son existence).

Mais la classe de The besnard lakes s’envole au-dessus de ces simples considérations, car l’album demande une implication sans faille, une écoute attentive, dans le noir, le silence, la chaleur peut-être, seul. Ces conditions réunies nous permettent une totale liberté d’écoute, de celle qui permet d’appréhender en toute quiétude une foule d’information, tant sur les tessitures sonores, superbement travaillées, que sur des paroles qui nous échappent le plus souvent, mais dont l’apport, paradoxalement, n’est en rien dérisoire ou inutile. En ce sens, elles invitent à ce que notre imaginaire travaille à plein régime, comme si, finalement, la musicalité seule importait à transmettre un message.

Un véritable réveil.

Ainsi, le géant qui sommeillait chez The besnard lakes depuis un moment semble enfin sorti de sa torpeur. En prenant conscience de qui il est, du sens qu’il doit donner à ses aspiration profondes, oubliées au fur du temps, il parvient à sortir un disque énorme, hors-mode, hors diktat des formats courts et hors du star system. S’il y perdra peut-être en espèces sonnantes et trébuchantes, il a déjà gagné en supplément d’âme. Ce qui n’a pas de prix.

LE titre de Are The Last Of The Great Thunderstorm Warnings

Vaste question. Feuds with guns nous séduit fortement par ces lignes de chant, et par le chant tout court d’ailleurs. New révolution par ce qu’il impose, Raindrops par son énergie qui permet de tout transcender. Mais le morceau qui s’impose, à chaque écoute reste The dark side of paradise. N’y voyez pas une sorte de clin d’oeil au Dark side of the moon autre que dans le titre du morceau, mais voyez-y plutôt un clin d’oeil à celui qui se réveille d’une longue agonie.

Lent, très lent, le morceau propose une rythmique minimaliste, sur laquelle les instruments imposent une grâce aérienne, en direction des cieux, comme si son âme montait vers le fameux paradis, mais pour finalement réaliser qu’il fait meilleur sur Terre. Alors, comme les images captées par un drone, nous nous surprenons à nous imaginer volants au-dessus de paysages magnifiques, escarpés ou plats, verts d’une nature flamboyante (qu’il convient de protéger) ou bleus mer (qu’il convient aussi de protéger). Le voyage sensoriel et émotionnel s’accorde au volume puissant émanant du mix. Nous nous sentons emmener là où personne n’est jamais allé, avant de reposer pied à terre. Sensationnel.

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