THE AMBER DAY, les douleurs passées sont bien tenaces.
Nouvel EP disponible.
Plonger dans ses pensées, les faire nôtres, s’en nourrir comme pour ne pas mourir, ou pas totalement. Se raccrocher au moindre élément positif, en la vibration tenace d’un sentiment. Ne pas rompre, rester digne, fort, avancer, même si ça fait mal. Nous ne croyons pas, à l’écoute des premiers morceaux de l’EP de The Amber Day que la douleur est son thème récurrent. Et pourtant…
C’est vrai, tout commence, sur Aline, par une guitare acoustique et une ligne de chant engagée, pleine d’un dynamisme que nous pourrions penser enjouer. La batterie, la basse, les claviers se greffent sur le morceau dans la deuxième partie du premier couplet, renforçant l’aspect positif de la musique. Pourtant, les paroles se noient au fond d’un whisky sec, créent une solitude, de celle qui attend le moment où tout cela changera, où on sera enfin apaisé. Ce titre est une fuite, et la musique en ce sens concorde avec la rythmique enlevée, très proche de l’esthétique folk pop capable de générer des hymnes de stade.
Même constat sur Burned. Sauf qu’il ne s’agit cette fois pas de fuite, mais de cette impression de tout donner, par amour, à l’autre, sans recevoir en retour. La musique garde un rythme plutôt enlevé, un petit côté obsédant, de l’ordre du petit gimmick de clavier qui carillonne longtemps en tête. La voix de la chanteuse porte en elle une fragilité qui se marie parfaitement aux textes, lui insufflant une émotion brisée à l’images d’idéaux d’une vie amoureuse fracassée par les incompréhensions ou incompatibilités entre deux personnes au sein d’un couple.
Un moment de bascule.
Sur Missing man, la balance s’équilibre, la mélancolie transparaît dans la musique, dans le chant aussi. Les notes se font mineures, les rythmes plus posés. C’est un peu comme si la boule qui restait coincée dans notre gorge, alors que nous faisons semblant, alors que nous faisons croire que tout va bien, disparaissait progressivement à mesure que l’on nous perce à jour. Les barricades tombent, on comprend notre détresse, et, étrangement, cela se ressent un peu dans les paroles qui s’éclaircissent légèrement.
Ce titre transitoire, débutant sur une base épurée, laisse place à deux titres tout en introspection (elle est ici combinée musique+paroles). Round et Smoke clouds ferment l’EP sur des teintes mélancoliques et nostalgiques qui montrent que quand The Amber Day pose ses maux, il produit une musique plus intense en émotion, plus proche de ce que l’âme porte en elle de douleurs pas toujours digérées.
Dans l’émotion, sans pathos.
L’électricité de la guitare y est plus irriguée en distorsion, mais reste totalement dans le giron folk pop initial. Nous avons l’impression, à l’écoute de l’EP, d’une progression. À mesure que tombent les barricades, la perception que nous nous faisons de la narratrice de ces contes cruels de la vie ordinaire prend corps en nous. Soucieux de nous préserver dans un premier, le groupe nous fait devenir acteur petit à petit, à mesure que les titres défilent. L’ensemble montre donc une cohérence et une progression dramatique qui ne nous laissent pas de marbre, d’autant plus que l’ensemble est très bien produit, bien mixé, et surtout bien composé. Les codes sont respectés, l’ensemble reste donc assez traditionnel dans la structure, mais l’implication émotionnelle se décuple au fur et à mesure que la musique défile.
Cet EP est une très belle façon de faire connaissance avec The Amber Day qui, s’il ne révolutionne rien à proprement parler, possède assez de charisme et de personnalité pour nous porter dans ces histoires intimes et universelles.
Retrouver Litzic sur FB, instagram, twitter
On pense à Waterwalls