SYLVAIN FESSON, Sonique-moi, poésie électrique
Album autoproduit, déjà disponible.
Une entrée en matière qui vous prend à la gorge, comme un cri de vie, un cri de rage, comme une petite mort qui retrouverait la lumière du jour par la force des mots (maux ?), une suite qui déroule les climats, un Sonique-moi qui se tient au creux de l’âme, poésie électrique par Sylvain Fesson, voyage en sensibilité majeure sur accords souvent mineurs. Attachez vos ceintures, éteignez vos clopes, lacez vos chaussures, nous partons sur une corde sensible, fine comme l’amour et la fragilité de l’existence.
C’est vrai, Sonique-moi, le morceau qui donne son nom à l’album commence en nous tabassant. Comme si son auteur c’était lui-même fait mal pour exposer à la vue de tous une âme cabossée, presque défragmentée. Cri de l’être profond qui sommeille en Sylvain Fesson (comme il repose en tout un chacun), mis en exergue par une musique faite de percussions électroniques et de fulgurances larséniques électriques, le morceau bouscule d’emblée. Le cœur du monde qui le suit directement lui appose un baume réparateur, contemplatif du monde qui nous entoure, sans néanmoins masquer toute la noirceur qui règne ici-bas.
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Se chercher pour enfin se trouver ?
Le sens de tout ça, au final ? La noirceur réside dans ces questions sans réponses, mais paradoxalement dans cet élan de vie qui ne nous lâche jamais vraiment les baskets, qui fait que, vaille que vaille, de petits matins en lendemains tristes ou qui déchantent, même si parfois ils irradient d’une lumière inédite nous faisant espérer le meilleur, on reste debout, vacillant, mais debout. Il suffit de déambuler, parfois, pour rencontrer, le soir, le parfum d’un amour, et la peur de le perdre, de se perdre, de s’écrouler comme un château de sable sous le moindre vent. La chance de vivre ? Oui, pour ressentir, et puis parfois, se rendre compte que La vie m’allait bien.
Phrase à l’imparfait, comme si, d’ordinaire, elle ne nous va pas si bien. Drôle de pensée. Qui réchauffe et refroidit. Puissance de cet amour qui ravage tout, qui efface tout, qui esquisse un nouveau possible bientôt redevenu impossible. On pourrait crier Aux étoiles, se fracasser contre le ciel, perdre pied et la raison, se faire des rêves avec Violaine, rêver de l’enfance disparue, de l’enfant qui viendra, avec/sans nous tout se brouille, d’échecs en (minuscules) réussites. Vaut-il mieux avoir connu le frisson de l’amour que non ? C’est, paraît-il, l’amour le plus fort. Et quand on vit L’amour plus fort, l’est-on nous-mêmes, plus fort, ou juste plus vulnérable ? Est-ce lui qui fait tourner notre monde intérieur, le monde extérieur ? Il fait battre le cœur, oui, mais qui s’y risque encore ?
Ambiances crépusculaire.
Les musiques sont souvent crépusculaires, dans des tempos plutôt lents, pas loin d’être hypnotiques, seuls Sonique-moi et Sacher-Masoch propose des perturbations rythmiques, cris expiatoires, hurlements de l’intime que ne couvrent pas forcément les textes. D’ailleurs Sacher-Masoch n’aurait pas déplu à Gainsbourg avec ce jongle des mots, plutôt subtils, électriques éclectiques clac on est dans la matrice où est le réel ?
La forêt, derrière ses sonorités légèrement angoissantes et son groove sensuel, porte l’amour en haut des mats naturels, pins ou cèdres, si tu le veux si je le veux on sera bête à deux dos, sensualité exacerbée des corps de l’amour, l’amour physique et sans espoir (Gainsbarre encore) et son couleur Chocolat liégeois presque couleur café dans le fond ? Non ?
Il est déjà Six O’clock dring réveil matin. Le but de tout ça, j’sais pas, peut-être réaliser la plus belle des œuvres d’art, s’accepter dans le miroir (essayez, vous y perdrez des plumes, sans doute). Reste Les oiseaux, ils chantent, et c’est beau à ne pas en mourir.
Poignant.
Les textes se suivent et déploient leur spleen plein de pudeur. Les licences poétiques pleuvent comme des larmes roulent sur la peau, les maux s’évaporent à la chaleur de l’amour (fantasme, réalité) avant que l’orage gronde à nouveau à la séparation. Sylvain Fesson nous parle de l’homme, de la femme, des attentes de la vie, des doutes sur celle-ci, sur son utilité, au fond, parce que tout reste bloqué sur l’envie et le besoin d’être à deux sans réussir déjà à être avec soi-même.
La plume est habile, les musiques souvent poignantes, parfois dérangeante, comme ces rengaines qu’on n’arrive jamais à foutre à la porte, hors de notre crâne prison. Plutôt que de nous laisser à la porte de son être, Sylvain Fesson nous invite à entrer, à se regarder à travers son regard à lui, sur lui, sur la vie, sur l’humanité. Et ça touche au but, viscéralement, et électriquement poétiquement.
Le titre de Sonique-moi.
La vie m’allait bien, pour son texte qui joue les sous-entendus pourtant limpides. Quand l’esprit gamberge trop, qu’il nous joue des tours, qu’on s’imagine que. Et que ce que n’est pas, n’est plus, et que nous, on erre, encore et toujours.
Vous pouvez commander, pour 15 euros, le disque auprès de l’artiste à ce mail : sylvainsf@posteo.net. Soutenons tous la culture indépendante (elle est si riche).
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On pense à Natyotcassan
Sylvain Fesson : Amours soniques et mélancoliques - LITZIC
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