SOPHIA DJEBEL ROSE, Métempsycose

sophia djebel rose métempsycoseUn jeu de funambule.

Ôter son chapeau, ôter ses souliers, se signer, se recueillir, se laisser guider par la foi d’une voix miroir de l’âme et d’une musique ancestrale. Les premières notes de Métempsycose, premier album de Sophia Djebel Rose (disponible le 21 mars chez Red wig recors et Oracle records) possède ce parfum de magie n’appartenant qu’aux œuvres d’exceptions.

Tout commence par une base épurée de guitare et par l’apparition d’une voix ardente. Et par la déclamation légère et enivrante d’une poésie terrienne, de sable, de vent. Il n’y a, peu ou prou, que cela, que cette vibration intime qui se disperse dans les courants d’air pour venir se ficher là, dans notre âme, comme en résonance de ces choses qui ne s’expliquent jamais réellement.

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Folk électrifié.

L’arpège de guitare est simple, un bourdon autour duquel se brodent deux trois notes, une répétition laconique qui fore nos défenses nos réticences pour imprimer son motif, pour nous hypnotiser ou, plus exactement, nous faire atteindre un autre état de conscience. Peut-être même pour jeter bas nos défenses, nous indiquer que la danse à commencé, qu’il ne tient plus qu’à nous d’y rentrer, de faire ressortir notre esprit animal dans une transe sans âge.

La voix impose sa personnalité, son phrasé. Il est lent, ample, terriblement d’ici et terriblement d’ailleurs, n’appartient pas véritablement à notre espace temps, sans lieu ni loi. Vaguement arabisant sur certaines inflexions, ce chant est celui d’une prêtresse d’un autre temps, celle qui invoque les éléments, les sentiments. Tout est inextricablement lié, l’amour, l’appartenance, le voyage, intérieur ou en dehors, le temps qui passe, celui qui nous est propre.

L’ensemble voix/guitare évoque pour nous le blues primal/primaire, un blues sans nationalité, et par voie de conséquence de toutes les nationalités, un blues qui guérit et qui apaise, un blues qui chante les maux/mots de l’âme et de l’être, mais qui guide aussi. Entre sable et vent, entre roche et éléments liquide, il est de partout, de nous et des autres. Il est rock minimaliste et psychédélique, il est couleur de terre, il est folk électrifié et psychédélique, il est musique de l’âme.

Chamane psychédélique

Quelques apparats surgissent parfois, des choeurs divins accompagnent le sacré de la voix, un effet baroque de clavecin bâtit un château ou bien un palais. Les arrangements surgissent subitement, puis disparaissent dans un mirage, nous laissant dans un état de rêverie flottant. Un orgue ou une flûte fait son office, sacré terrassant le profane, profane terrassant le sacré. Il n’y a pas de religion, juste du spirituel, une ardeur à être simplement là, à faire sien le monde, à s’y fondre et non à le piller.

Métempsycose est d’une force rare, d’une beauté farouche, un cri dans l’infiniment grand, une pierre dans le désert, mais de cette pierre repère qui nous empêche de nous égarer. Il est un disque qui nous invite à quitter le temps, la frénésie, pour entrer dans un autre cycle, plus méditatif, contemplatif, présent aux éléments et à ce qui nous entoure. Nous ne sommes qu’une partie d’un plus vaste projet, d’un plus vaste univers. Métempsycose est une parenthèse aussi, qui nous fait prendre conscience de qui nous sommes, de ce quoi nous faisons partie, et abolit les questions vaines.

Enfin, ce disque est incomparable. Et en ce sens, il est précieux comme l’est le plus précieux des présents.

Le titre de Métempsycose.

La louve jouit d’une présence incroyable, d’une évolution qui nous met à nu. Sa ritournelle obsédante, cette voix chaude, nous berce avant de nous extirper d’une douce léthargie par son éclair d’orgue. Le texte impose des images, des films brefs et stroboscopiques, des flashs kaléidoscopiques, des fragments épiques d’images sépia. L’intensité qui s’en dégage est un mouvement circulaire, qui tourne et nous propulse dans une autre dimension, où les sensations affleurent sur la peau et irrigue l’imaginaire.

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