SELECTION EP’S Oceanic Memory/ Greg Kozo/ Falaises
Oceanic memory « A space echo in a drunken mind »
Voici un 6 titres pour le moins inattendu, du moins dans le sens que nous n’espérions rien de ce genre à cette période de l’année. Oceanic Memory nous propose A space echo in a drunken mind, un EP propice à toute réconciliation avec le terme galvaudé de Pop rock.
Car ici, il est effectivement question de pop, par cette approche mélodique plutôt aisée, faite d’arpège de guitares, limpides, d’une base rythmique entre suspensions et expressions, de claviers eux aussi limpides, apportant néanmoins de sauvages teintes mélancoliques.
Et il est aussi question de rock, forcément, par ses éclats d’électricités maîtrisés même si paraissant non apprivoisés. Ils instaurent des moments de pression, d’urgence, magnifié par un chant habité, envoûté, puissant dans son évocation d’une douleur d’être, de rage, mais aussi d’une aura magnétique absolument imparable. Celle-ci est magnifiée par des structures au bord de l’apoplexie, abruptes, dangereusement séduisantes pour qui n’a pas peur du vide.
L’ensemble nous rappelle un peu Radiohead (période My Iron Lung/the bends, quoiqu’avec un sentiment d’urgence plus marqué) ou Muse (sans le côté parfois grandiloquent guignolesque de ces derniers), bref de jolies références en la matière. Pourtant Oceanic Memory s’en démarque par une approche mélodique et un sens de la composition très personnel. Il en va de même pour les arrangements et la production, regorgeant d’éléments inédits à chaque nouvelle écoute ce qui évite toute sensation de tourner en rond.
Voici un groupe que nous ne saurions que trop vous conseiller, pour son énergie, pour cette voix particulière, pour cette musicalité assez originale sans pour autant nous paraître totalement étrangère.
Une très belle découverte !
Greg Kozo « 9 minutes »
Greg Kozo brouille les pistes. L’imagerie de son clip Silk, ainsi que celle ornant la couverture de son EP 9 minutes (Roy music) pourrait nous laisser penser qu’il est ici question de hip-hop. Et nous aurions tout faux car Greg Kozo donne dans l’électronique, proche de la techno par moments. Pourtant, sa musique, si elle s’avère extrêmement adaptée aux dancefloors, laisse filtrer des saveurs plus intimes qui nous électrisent les sens.
En effet, si tout son EP était dans la veine de 9 minutes, nous pourrions croire à une forme d’électro intimiste, propice à l’introspection avec ces voix captées ici ou là (que l’on retrouve également sur le deuxième titre), et des nuances légèrement mélancoliques. Mais dès le deuxième titre, Baangg, nous voilà propulsé en club, avec ces phrases répétitives nous amenant à dériver lentement mais surement vers la transe. Il convient cependant de noter que les tessitures sonores sont finement travaillées, ce qui évite l’écueil de la dance bon marché.
Puis, avec Silk, on retrouve quelque chose de plus… viscéral, organique, noir aussi. Comme les deux derniers titres de 9 minutes l’insinuent, l’atmosphère de cet EP est aride mais dégage également une certaine chaleur. Jouant la proximité entre l’animal et le mécanique, Greg Kozo nous montre un peu de l’étendue de son savoir-faire et des possibles qui s’ouvrent à lui. Intéressant et dansant, son électro joue sur un habile mélange de sensations.
Bien joué.
Falaise « They are here »
Il s’agit presque ici d’un mini-album car il affiche 7 titres (8 si l’on compte les deux versions de Boy, celle dédiée aux passages radio ou la version longue). They Are Here (Antipodes music) de Falaises nous propose une électro-pop-rock dans l’air du temps possédant des atours plutôt séduisants.
Le premier d’entre eux est cette basse très expressive (même si jouée aux médiator qui permet de gagner en impulsion mais perd parfois en fluidité). Souvent cet instrument est mis en retrait, ici il est assumé et c’est tant mieux car il apporte un groove certains aux différents titres (en particulier sur Boy et They are here).
Les guitares sont elles aussi présentent, sans complexe, (sonnant parfois année 90 comme sur Twillight splendor ou Hush), tout comme les claviers. Les atmosphères délivrées sont hypers vitaminées en début d’EP, portée par la voix d’Alice Maury, doucement énergique, ou énergiquement douce, à vous de voir.
Les mélodies sont facilement assimilables, restent en tête et ne vous quittent pas réellement de la journée. Relativement classique dans la forme (couplet-refrain, pont), leur qualité permet de ne pas se sentir enfermé dans un stéréotype. La production est parfaitement réalisée, notamment dans le sens où, tout en sonnant dans l’air du temps, Falaises possède sa propre touche et des sonorités qui lui sont propres.
Mais ce qui nous plaît ici, c’est le côté épique des morceaux, avec ce quelque chose de grandiose qui, mêlé à une assise très dansante, presque disco dans l’esprit, notamment grâce à une batterie impeccable, nous emporte sans que nous puissions résister. Même les morceaux plus posés possèdent cette propension à nous faire nous lever et à ressentir la musique des pieds à la tête.
Cet essai s’avère payant et laisse augurer de très bonnes choses pour la suite. Néanmoins, la frontière est mince pour ne pas sombrer dans un univers plus classique, voire banal, et le groupe devra faire attention à maintenir le cap sur un format plus long. Nous sommes sûrs qu’il en a la capacité, surtout qu’il le prouve avec aisance sur ces 7 titres prometteurs. À suivre donc.
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