[EP] RENARDE, Courts métrages // ciné POP !
Premier EP de Renarde (disponible le 12/03 chez Nuance Records / Kuroneko) .
Pochette orange, typée années 70 (rappelez-vous la tapisserie à mémé, celle orange à grosses fleurs marron, à moins que ça ne soit l’inverse) sur laquelle un homme vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon à pinces beige tient une caméra super 8. Elle donne, à la perfection, la tonalité de ce Courts métrages, premier EP de Renarde (projet de Bruno Dibra), à savoir une esthétique empruntant au cinéma des années 60, diablement élégant.
Tout ici est fait pour nous séduire, à commencer par la production de cet objet qui nous évoque, entre autres, The last shadow puppets (donc Burt Bacharach) ou Pierre Daven-Keller. Pop à souhait, Courts métrages ne vole pas son nom puisque nous sommes véritablement dans un univers cinématographique. La base pop est rehaussée de cordes, somptueuses, évoquant, par exemple, une célèbre franchise d’un espion secret de Sa Majesté. Sean Connery aurait apprécié.
Nostalgiques existences.
Il y a, dans Courts métrages, une mélancolie douce, qui s’entend rien qu’à la lecture des 5 titres (Perdu d’avance, À l’envers, Une fin au silence, Comme un mensonge et L’enfer). Ceux-ci évoquent, le regard des autres, le mensonge, l’abandon et l’exil qui laissent un goût amer dans la bouche. Pour y poser des textes délicatement ciselés, Renarde opte pour la pop « symphonique ». Outre l’assise inhérente au genre (guitares, magnifiques, basse ronde bien présente, batterie légère, expressive, clavier vintage), Renarde à opté pour de magnifiques tapis de cordes, apportant une touche de grandiose à son univers (mais aussi de dramaturgie), ainsi que d’un trio de cuivre. Cet aspect symphonique atténue le pessimisme des paroles en lui donnant un allant qui tend à rendre l’ensemble plus léger, paradoxalement euphorisant.
Les lignes de chant nous font énormément d’effet. La voix de Renarde est au diapason, claire, douce, à la diction parfaite, il pourrait être un genre de crooner à la Dutronc (il possède en effet une certaine classe naturelle qui émane d’un timbre auquel nous accrochons immédiatement). Ces lignes de chant et cette voix débitent des textes qui vont à l’essence de son propos en l’habillant d’un soupçon de poésie concrète qui en renforce l’impact. Il n’y a rien de surréaliste, mais nous ne sommes pas non plus dans la chanson réaliste française, ni dans la variété, même chic.
Nous restons toujours, avec Courts métrages, dans un univers homogène qui sait nous accueillir simplement en son sein avec des formes généreuses et chaleureuses. Que demander de plus ?