RATTRAPAGE DE VACANCES, albums oubliés.

Nous vous proposons de découvrir des albums que nous n’avons pu chroniquer en 2021.

Petite séance de rattrapage de vacances. L’année a été très chargée en nouveautés en tout genre, et certains disques sont passés un peu à la trappe, faute de temps, ou parce qu’ils n’obtenaient pas toute notre approbation, ou parce que nous ne possédons pas tous les codes.

rattrapage de vacancesC’est le cas (le manque de codes), par exemple, du disque d’Érol Josué, Pelerinaj. Fortement teinté de world music, pas forcément ce que nous maitrisons le plus, cet album possède quelques perles incontestées. Si nous pouvons reprocher un caractère un peu inégal à l’ensemble, qui passe d’une interprétation/musique traditionnelle à un morceau plein de beat électro par exemple, les amoureux de rythme (tribaux) et de chants ancestraux (et un peu vaudous aussi) seront ravis, d’autant que le soin apporté au son fait que ce disque est des plus agréables à écouter. Il aurait été dommage de ne pas en parler, d’autant plus qu’Érol Josué est un très bon chanteur, capable de nuancer son chant pour lui conférer un maximum d’émotions.

Jazz et folk trad.

Klein a sorti Sonder (Cristal Records) en décembre, et cet album est d’une très grande richesse. Mais plus que cela, il permet de faire la jonction entre pop rock et jazz. En effet, si certains titres sont plus ouvertement inspiré jazz instrumental, certains autres s’acoquinent avec une pop d’inspiration new ou cold wave. L’électro n’est jamais loin non plus. Très riche, contrasté, émotionnellement impactant, le disque révèle des parfums relativement indescriptibles, parfois proche de l’expérimentation tout en gardant un aspect « ludique » et accessible.

La richesse de ce disque se situe donc au confluent des genres, avec un équilibre inébranlable qui permettra à tous de s’y reconnaître. Comme pour l’album d’Erol Josué, le travail sur le son et la production est irréprochable, ce qui s’avère un précieux point fort du disque. Enfin, cet album est le premier de Jérôme Klein en son nom (il est reconnu dans le monde du jazz car il tourne avec pas mal de monde, dont Stephane Galland dont nous avons déjà évoqué le travail sur litzic), donc il méritait d’être évoqué.

Octantrion, avec II (Quart de lune/UVM Distribution/IDOL), nous ravit avec sa folk trad pleine de modernité. Oui, cela peut paraître antagoniste, pourtant tel est véritablement le cas. Nous trouvons dans l’interprétation de traditionnels suédois ou islandais, mais aussi dans des originaux de Gaëdic Chambrier, Éléonore Billy (majoritairement), Anne Hyta, Olivier Derivière ou Anders Fredrick Andersson (minoritairement), une force qui vient des éléments (terre/air/eau). Le tout est renforcé par des instruments tels que la harpe celtique, la mandoline et autres instruments médiévaux.

Pour autant, les musiques, réarrangées ou créées pour ce disque ne manquent pas d’énergie, bénéficient d’une production qui leur donne de l’ampleur, du corps. Nous sommes même, dans certains cas, proches d’un rock acoustique qui donne littéralement envie de pogoter (Hugin, par exemple, ne manque pas de peps). Ajouter à cela une forme de spiritualité qui irradie de certains titres et vous obtenez un disque surprenant, riche, cohérent et qui transcende les époques.

Funk etc.

The Bamboos a sorti son album Hard Up (Pacific Theatre) il y a un moment déjà. Et on peut vous assurer que ce disque, on l’a écouté en long large et travers. Il revient fréquemment sur la platine, pour toute la bonne énergie qui en jaillit. Parce que le disque est bon, très bon. Alors pourquoi ne l’avons-nous pas chroniqué nous direz-vous ? Nous n’avons pas d’explications logiques à vous donner (si ce n’est qu’à un moment le disque a été égaré… ce qui n’aide pas, et qui a sans cesse repoussé la fameuse chronique). Alors nous lui rendons ce qui lui revient, c’est-à-dire qu’il faut absolument écouter ce disque qui donne envie de danser, de célébrer la vie dans ce qu’elle a de plus beau, de plus vibrant.

On adore par exemple l’aspect légèrement vintage de l’enregistrement, le très bon travail sur les sonorités de guitare, sur ce petit grain des voix, sur la richesse des arrangements et des orchestrations. Les cuivres brillent de mille feux, les prouesses vocales sont au rendez-vous également, un caractère sexy émane aussi d’une bonne partie des compos, quand ce ne sont pas des inspirations rock n’roll qui pointent le bout de leur nez. Ce disque, il faut l’écouter en ce début d’année alors que tout semble terne, gris, et un peu foireux, parce que, instantanément, il vous remet de bonne humeur et dans de bonnes dispositions pour affronter le monde !

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On change d’atmosphère, pour quelque chose de plus dark, de plus âpre, de moins lumineux (quoi que…). SaaR a sorti Gods (Source atones records) mi-novembre, et il met pas mal de nos certitudes au tapis. Certes, le disque est plutôt orienté vers le sombre, vers aussi, parfois, le bruitisme. Post metal, post rock, et étrangement presque pop par instants, le disque est une vraie claque. La batterie y est lourde, implacable, mais les compositions contrastent par une légèreté presque céleste.

Les attaques sont mordantes, la déflagration prend aux tripes, mais, paradoxalement, les passages d’accalmies remettent une dose d’espoir dans ce déferlement de pessimisme. Ce disque nous apparaît être totalement en phase avec notre époque, une époque de désespérance, de violence (ouais nous aussi on l’emmerde), mais aussi paradoxalement d’une forme de prise de conscience qui s’avèrera, espérons-le, salutaire. Gros travail de mélodie également sur ce disque qui ne manque jamais de porter une véritable émotion, loin de clichés metal. Cet album, d’ailleurs, ne manque pas de sensibilité, ce qui n’a rien pour nous déplaire.

Et puis aussi…

On vous reparle très rapidement d’Arion Rufus qui a sorti son album Dehors, c’était la nuit début décembre (M&O musique). Parce que nous l’avions déjà évoqué en mai 2021 lors du mois consacré à Erwan Bargain (auteur et parolier) qui en assure les textes et la voix. Ce disque est révolutionnaire, il est rock, et il est poétique aussi. Accompagné de ses collègues musiciens Florent Jacques (basse), Jérôme Le Pape (batterie) et Jean-Marie Le Pape (guitare), le groupe balance 11 titres tour à tour pêchus, sensibles, vindicatifs, amoureux, d’où perle toujours un sens mélodique appuyé. On se saurait que trop vous conseiller d’y glisser une oreille attentive, c’est un peu le disque rock que l’on n’attend jamais vraiment mais qui finit invariablement par nous mettre à genoux. Immanquable donc.

Nous avions déjà chroniqué un de leurs albums (Ripcord) en d’autres lieux, et nous avons fait l’impasse sur celui-ci. Est-il moins bon ce Spaceship one (Day after music) de The volunteered slaves ? Absolument pas, il nous apparaît même meilleur que son prédécesseur. Grosse énergie, un jazz aisément accessible car très métissé funk, pop également, il a tout pour plaire. Les compositions sont spatiales, forcément, dégagent une idée ultra présente de légèreté, tout en poussant à la fois ses idées et ses compositions à leur terme. L’album est très riche, demande de tendre l’oreille (comprendre que si vous commencez à l’écouter en faisant autre chose, cette autre chose finira par s’arrêter) pour en capter toutes les nuances. Seul défaut, dans ce monde dans lequel tout doit aller vite, le disque dure plus d’une heure pour 11 titres, ce qui nécessite effectivement d’avoir un peu de temps devant soi (et c’est pourquoi les vacances nous ont permis de le réécouter sereinement).

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