[ ALBUM ] RALPH OF LONDON, The potato Kingdom
The potato kingdom, album de Ralph of london (déjà disponible).
Est-ce que cela vient de nous uniquement ? Nous disons cela parce que nous trouvons à ce The Potato Kingdom de Ralph of london un petit goût psychédélique complètement hors du temps. Le groupe pourtant semble jouer dans une cour pop des plus banales, mais, à écoute attentive des 14 titres, nous prouve que l’univers totalement à part du groupe révèle bien des surprises.
Il repose sur une production pas du tout dans l’air du temps, c’est-à-dire pas clinquante, pas bling-bling, pas forcément chaude non plus. Attention, cela ne signifie pas pour autant qu’elle est froide et dénuée d’oripeaux pou nous charmer. C’est même l ‘effet contraire qu’elle produit sur nous. En s’écartant ostensiblement de la foire au manque d’inspiration, le groupe propose sa propre vision de la pop, et ça fonctionne.
La prod’.
Elle ne joue pas sur les fioritures, paraît même assez rêche lors de la première écoute. Au-dessus, il y a la voix. Elle est mixée assez haut, est parfaitement distincte. C’est le capitaine du navire, le guide, le phare. Ralph dépose ici, avec une morgue et une insolence toute britannique des morceaux pas toujours faciles à dompter. Pourtant, avec flegme, elle y parvient, à son aise. Elle nous évoque, de loin, celle de Lou Reed, ou celle de Damon Albarn. Du bon quoi.
Donc, Ralph guide le groupe sur les contours escarpés d’une pop ambitieuse mais pas prétentieuse. Ambitieuse par le fait qu’elle impose sa personnalité, sans concessions. Pas prétentieuse car nous sentons un groupe bien dans ses pompes, faisant de son mieux pour proposer sa musique au plus grand nombre tout en évitant la redite et les poncifs du genre. Autant le dire tout de suite, quelle musique il produit!
La musique.
Sans en dévoiler trop, nous dirions que Ralph of london nous offre une pop relativement minimaliste. Enfin, sa base l’est. Comment dire ? C’est un peu comme si le groupe n’avait pas peur du peu, du vide. Tel un funambule, il est sur la corde raide, les abysses sous ses pas assurés, dans un éternel mouvement de balancier. Pas de remplissage, pas de bruit pour faire de la musique, mais au contraire des blancs, des espaces dans lesquels elle prend toutes ses marques, déploie ses ailes, petit à petit.
Une base de guitare, une paire rythmique, des arrangements vocaux et instrumentaux, le tout est bien connus, de tous les musiciens, pourtant, dans The Potato Kingdom, Ralph of london surprend. La production, au plus près des instruments, dégage un charme désuet, proche du psychédélisme anglais des débuts. On pense forcément à The piper of the gate of dawn des Floyd, ou a The kinks are the village green preservation society (des Kinks, c’est marqué dans le titre de l’album), avec un aspect comptine des compositions. Avec cet art de conter des histoires, comme ça, l’air de rien, tout paraît inoffensif de prime abord, mais très vite les morceaux finissent pour complètement nous happer dans leur sillage.
Retourner la tête.
Mais nous y trouvons aussi une approche plus rock, lo-fi, qui étrangement évoque Nirvana. Le paradoxe dégage lui aussi un effet fort, sans pour autant faire perdre en cohérence un album qui se tient bien malgré une durée relativement longue (presque 45 minutes au compteur).
Nous avons beau chercher, nous ne comprenons pas où réside la magie de ce The potato Kingdom. Une inventivité, sans aucun doute, nous y est proposée, juste assez classique pour nous rassurer, juste assez barrée pour ne pas nous ennuyer, pour stimuler notre intellect aussi.
Un savoir-faire mélodique impose sa force, sans être écrasant, et porte un souffle léger sur les 14 titres de l’album. Tout n’est pas parfait, nous le notons (un chant parfois limite), mais c’est justement cela qui fait le charme. Parce que l’oeuvre infaillible n’a aucun intérêt. Cette fragilité renforce l’effet addictif de l’album et nous procure un plaisir intact à chaque écoute (qui révèle de nouveaux éléments). Bref, The potato Kingdom est un album à découvrir et qui vous offrira de longues heures de bonheur.