PASTA GROWS ON TREES, Tout ce temps passé là
Nouvel album déjà disponible chez Another records
Tout ce temps passé là, nouvel album de Pasta grows on trees porte bien son nom. Il suffit de placer son oreille sur les deux premiers titres pour s’en convaincre. En effet, cet album, quatrième disque du dijonnais (après 2 Eps, Waves, Daisies and Troubled Dreams sorti en 2017, Slow avec toi sorti en mai 2020, et un album, Bohemian songs sorti en 2019), possède le charme de ces moments de vie que l’on prend plaisir à raconter à ses petits-enfants, au coin du feu, lors d’une longue soirée d’hiver.
Enfin, pas totalement quand même, puisque dans cet opus, Pasta Grows on trees revient avec une forme de lucidité poétique sur les tourments de la vie, de ces choses qui nous marquent profondément, qui nous indiquent qui nous sommes au fond de nous. Entre chanson française, pop psychédélique, le disque nous fait chavirer par son roulis hypnotique.
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Lourdeur du temps qui passe.
Cet album est un polaroid du temps qui passe et qui laisse sa victime (le narrateur du disque, nous qui l’écoutons) avec une drôle de Sensation. Un peu de celle propre à une bonne vieille gueule de bois. Bouche pâteuse, envie de fraicheur, rythme au ralenti, aspect blasé de celui qui revient de tout, pas plus motivé que ça pour redonner un coup d’accélérateur. Nous naviguons avec lui dans cet entre-deux, à la fois à moitié envapé par les relents éthyliques et moitié clairvoyant, philosophe et poète de celui qui reprend conscience.
Musicalement, c’est plutôt léger, lumineux, développant un groove parfois sensuel, parfois lysergique/psychédélique. Ça chaloupe aussi, tranquillement, au gré d’un courant un peu nostalgique, jamais véritablement mélancolique parce que, à travers les textes et les lignes de chant, nous sentons poindre une folle lueur de vie, d’espoir. Mais, las, le narrateur ne semble pas vouloir véritablement la saisir, comme si ses forces l’avaient quitté. Ou comme s’il se réveillait juste de cette fameuse soirée trop arrosée. Le cercle est bouclé.
En français dans le texte.
Malgré son patronyme en anglais, Tout ce temps passé là est 100 % français dans ses textes. Et c’est plutôt très bien écrit ! On y sent un spleen coloré, un choix bien dosé des mots, ceux qui collent le mieux à des lignes de chant très personnelles, alanguies, appuyées, parfois presque maniérées. Passé la surprise initiale, on tombe sous le charme de celles-ci, irrémédiablement scotché à ce rythme combiné musique/chant qui nous hypnotise à l’infini.
Ce disque prend le temps, à la fois de se découvrir et d’infuser ces douces endorphines, mais aussi d’aller où bon lui semble. L’impression que nous avons est celle d’une déambulation, grisante, dans l’univers de Pasta Grows on trees. Elle l’est, grisante, par ce côté très aérien qui pourtant va au fond de l’introspection du musicien. Sa grande force réside en effet dans ce caractère authentique, qui ne triche pas sur ses sentiments, mais qui possède assez de recul pour les exprimer pleinement en jouant les clairs-obscurs. Pour faire plus explicite, il dit tout sans en dire trop, laissant ses parts d’ombre nous éclairer.
Pop…
…comme le bruit d’un bouchon de champagne que l’on faut sauter. L’ivresse de Tout ce temps passé là est immédiate et durable, ne file jamais le cafard. Elle n’est jamais amère, ne pue pas de la gueule non plus. Au contraire, elle permet juste de faire ressurgir un regard lucide sur des petits défauts, de soi-même, de la vie, de l’ennui, du désœuvrement, mais aussi de ces choses que l’on fait mal, maladroitement, mais que l’on mène pourtant à terme.
L’album est une vraie bonne surprise, envoûtante, charmante, maligne aussi puisque, derrière un côté blasé, tout est exactement calibré pour nous fournir un maximum de plaisir. Tout ce temps passé là vaut amplement que l’on en passe beaucoup, du temps, à l’écouter.
Le titre de Tout ce temps passé là.
Nous aimons beaucoup le titre post me too Slow avec toi, cour à l’ancienne, pleine de maladresse mais aussi de respect pour la dame convoitée, mais comme nous sommes d’indécrottables crétins, on a une affection toute particulière pour le morceau plaisir coupable Coronade. Avec ses paroles se limitant à corona, gros connard, corona, fils de ute gros connard, on ne peut pas résister, d’autant que la musique, entraînante, nous conduit vers une forme de transe jouissive. On adore quoi !