[ ALBUM ] OZMA, Hyperlapse (jazz sans frontières)
7éme album d’Ozma, Hyperlapse, déjà disponible (Cristal records/Sony).
Dès l’artwork, nous savons que nous pénétrons dans un univers à part. Dès que les premières notes sortent des enceintes, nous en avons la confirmation. Si cette chronique arrive tardivement (l’album est sorti le 7 février), c’est parce qu’il émane d’Hyperlapse une richesse qu’il est dur d’appréhender comme ça, à la légère. Ozma nous réveille les sens, nous fait danser, nous délivre une énergie en fusionnant musique et voyages, et c’est simplement enthousiasmant !
Univers.
Le monde d’Ozma est celui du jazz. Ou plus exactement de l’esprit du jazz. Cette musique jouant sur l’impulsion et l’énergie d’une idée se trouve ici confrontée à l’expérience de vie du quintet. En effet, avant même de parler musique, il faut savoir que le groupe à tourner un peu partout dans le monde, sur 3 des 5 continents, lors d’une tournée en 2018. Dans leur fly case, les musiciens ont rapporté leurs instruments mais également des souvenirs, des fragments de vie et d’histoires en tous genres, et cela transpire sur ce disque à la fois chaleureux, expansif et généreux.
Hyperlapse contient dix titres. Chacun d’entre eux est identifié à une ville : Pékin, Hambourg, X’ian (se prononce chi anne), Marrakech, Ahmedabad (Inde), Bombay, Jakarta, Lübeck (Allemagne), Bulawayo (au Zimbabwe) et Purwokerto (Indonésie). Autant de lieux pour autant de couleurs présentes dans ce disque ouvert sur le monde et sur les ambiances musicales. Parce que s’en tenir au seul jazz, très peu pour Ozma. Il faut élargir les horizons, attiser les passions, dont acte avec Hyperlapse.
Fusion.
Alors le groupe y va avec le cœur et avec son savoir-faire technique. Oui, l’assise jazz est bel est bien présente, avec ses trucs, ses codes, mais ce côté brut du style, brut d’énergie, brut d’improvisation, se frotte avec réussite à des atours forcément world, mais pas que. Nous ressentons une envie d’expérimenter tous azimuts, de convoquer l’ancien avec le moderne, le traditionnel avec le technologique.
Si certaines sonorités évoquent l’orient, les pays arabes, d’autres jouent la carte de l’hyper connectivité technologique. Le jazz s’habille de sons électroniques, mais également d’une énergie propre au rock. Bref, l’impact est massif, nous ébranle et nous porte vers une forme de transe originelle.
Immersion.
Alors, sans que nous y soyons préparés, nous pénétrons l’antre d’Hyperlapse. Tout commence par une boucle au clavier, suivi de cuivres, qui impose, comme un fond sonore, le climat, l’atmosphère. Et très vite, l’aura du morceau d’ouverture change, nous entraîne dans un club, en Chine, ou ailleurs, peu importe. De toute façon, les repères sont flous, seul demeure le rythme, la pulsion de vie qui émane de la musique d’Ozma.
Il y a là du plaisir. Celui de jouer ensemble, d’avoir partagé, en cours d’une tournée folle, une expérience de vie unique, de celle qui renforce les amitiés mais également soude l’identité musicale d’un groupe. Nous sentons parfaitement cette osmose, dans chacun des titres du disque.
Sensations.
Quand l’expérimentation survient, nous sentons qu’elle est le fruit d’une idée commune de retranscrire, par la musique, un environnement visité par le groupe. Quand le groupe s’apaise, les émotions affleurent, le sourire se dessine sur notre visage, et devant nos yeux naissent des images insolites de lieux inconnus, aux charmes bigarrés et envoûtants. Dans les deux cas, ces environnements ne pouvaient rêver plus belle carte postale. Loin des langues et des clivages (sociétaux, religieux ou autres), la musique est ce langage universel, compris, ou du moins ressenti, par tous de façon totalement unique.
Avec Hyperlapse, Ozma nous offre certes une musique tour à tour festive, songeuse, viscérale, apaisée, voyageuse ou sédentaire, mais surtout elle nous propose une vision d’un monde sans haine, où l’amour règne en maître. Ce disque est un voyage des sens, avec un cœur grand comme ça !
LE titre d’Hyperlapse.
Deux titres nous attirent irrémédiablement. Il s’agit de Spleen party (Ahmedabad) et Entre chien et loup (Purwokerto). Nous ne savons pas trop lequel des deux choisir à vrai dire car leur impact sur nous est très fort. Peut-être parce que ces deux titres sont aériens, ils déclenchent chez nous une furieuse envie de prendre l’avion à destination des deux villes. Mais comme nos poches sont trouées, nous ne pouvons choisir qu’une des deux destinations. Dilemme.
Après mûres réflexions, nous choisissons Ahmedabad. Pourquoi ? Dur à expliquer, il s’agit là de quelque chose de profondément ancré en nous, comme le parfum d’un fantasme d’orient, de curry, de danse, d’étoffes chamarrées et d’accueil chaleureux. Et d’une culture également, forte, millénaire, que retranscrit ici à merveille Ozma, en y insufflant une modernité certaine (par le biais d’une électricité presque crépusculaire).
La longue introduction méditative nous place dans l’expectative, mais quand les cuivres retentissent, elle laisse place à une joie simple. Le rythme se lance, nous bouscule, nous hypnotise comme un cobra devant son charmeur, ondule ses percussions qui s’insinuent dans notre colonne vertébrale comme pour mieux prendre possession de nos mouvements, sans que nous nous en sentions pour autant manipulés. Le juste dosage, en somme, entre lâcher prise et confiance aveugle en l’autre. Un morceau tout en subtilité world jazz.
Site officiel Ozma
On pense à Ibrahim Maalouf