NICK WHEELDON, Communication Problems
disponible chez Le Pop Club Records/ Mauvaise Foi Records
Nous avons failli l’oublier cet album. Et peut-être que nous en serions morts. Parce que des disques comme Communication problems ne tombent pas tous les jours dans notre musette. Ce nouvel album de Nick Wheeldon, environ le 20e en 5 ans, ne manque ni ce charme, ni de charisme, ni de cet élément qui transpire tout au long des 11 titres qui le compose, à savoir l’amour.
L’amour de quoi ? L’amour de qui ? Simplement l’amour de la musique, l’amour des gens, l’amour inconditionnel envers tout ce qui nous relie les uns aux autres, en faisant fi des langues, des couleurs de peau, des religions et de tous ces murs censés nous diviser. Ainsi, le disque porte paradoxalement bien son nom.
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Unis.
Le monsieur, originaire de Sheffield, Grande-Bretagne, n’en est donc pas à son coup d’essai, pourtant, aux premières lueurs des premiers morceaux, nous sentons souffler sur sa musique un incroyable souffle de fraicheur rock, fortement teinté d’américana, de blues, de rythm and blues. Comme s’il était encore minot, c’est cet esprit juvénile qui comble chaque espace laissé vacant entre deux titres, cet esprit qui dit que la musique peut encore changer le monde, les gens, et ramener un peu de paix à l’intérieur.
Son rock, son folk, sa pop, tous bénéficient d’une aura un peu magique. Sans doute parce que leur auteur ne fait pas les choses comme tout le monde. Par exemple, pour cet opus, il a enregistré ses titres chez des connaissances, des personnes de sa galaxie. Ce premier album solo (eh oui), est donc un album enregistré dans les chambres des potes, et mixé a posteriori par Paul Trigoulet (membre éminent des Bootchy Temples) qui en assure l’homogénéité du son.
Nick Wheeldon, décrivant le processus, dit qu’il s’agit d’une « peinture à plusieurs, créée dans le moment, où chaque morceau était enregistré au moment où il était écrit ». Vu la qualité de l’objet, on en reste muet d’admiration.
Simple et beau.
Le son est donc assez épuré, tout comme les instrumentations. Une belle proportion de l’objet est dédié à un folk acoustique guitare voix. Ces voix sont souvent multiples, celle de Nick Wheeldon étant complétée par des voix masculines ou féminines ou les deux en même temps, donnant un effet collégial qui met de la chaleur dans les cœurs. Quand les moyens le permettaient, les compositions s’avèrent plus riches, instrumentalement parlant, avec rythmiques et électricité plus présente.
Mais nous sentons, dans un cas comme dans l’autre, une vraie intimité, celle que l’on peut tous ressentir lorsque, dans une fête, un gus s’amène avec sa gratte et se met à pousser la chansonnette. Assis en cercle, autour du fameux chanteur d’un soir, tout le monde reprend en choeur l’air et les paroles écrites sur le vif, donnant ainsi un charme tout particulier à cette soirée, et nourrissant notre âme de souvenirs impérissable. C’est peu ou prou ce que nous ressentons à l’écoute de Communication Problems (qui du coup communique très bien puisqu’il s’adresse à ce qui fait communier les Hommes).
Superbe
Parfois, l’enregistrement montre quelques limites, mais loin d’amoindrir la portée magique de l’instant, cela le magnifie. Il n’y a pas là d’esbrouffe, de faux-semblant, juste une sincérité palpable, un sentiment d’appartenir, un peu, même à distance, à ce groupe d’amis musiciens qui, visiblement, se font bien plaisir. Communicatif, il se transmet à l’auditeur, ce plaisir, et transcende une musique qui reste fondamentalement attachée à une simplicité d’être et de ressentir les choses.
Au final, Communication problems évoque, contrairement à ce que son nom indique, que la communication passe avec fluidité dès lors qu’un peu de musique l’accompagne. Nous retrouvons dans ce disque un peu de ce qui fait la force des vieux disques de blues, cette expression d’un état, à un moment donné. Proche de l’essence du live, et pour cause, Communication problems est ce genre d’album qui devient instantanément un classique indémodable que l’on chérit précieusement. En un mot : superbe !
Revoir Every street that we knew
LE titre de Communication problems.
Ticket for your love. Sans doute, un peu, parce que l’introduction du morceau nous évoque le I can’t get know (satisfaction de qui vous savez). Chant collégial féminin masculin, esprit presque hippie, sonorité de guitare évoquant également un peu l’Amérique latine. La ligne de chant est impeccable (une constante), les aspects DIY renforçant la sensation de proximité. Mais bon, tout l’album est excellent, dont ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.