MARCELLUS REX, II (déjà disponible)

marcellus rex IIAbrasion cutanée.

Qui n’a jamais subi une brûlure indienne ? Vous savez, ce jeu débile qui consiste à prendre le bras de quelqu’un et d’y exercer, des deux mains, une rotation contraire. En résulte une brûlure, résultant elle-même d’une abrasion épidermique. Cela vous parle-t-il ? Eh bien, à l’écoute de II, de Marcellus Rex, c’est un peu la même sensation qui s’empare de nos tympans. Avec en prime, des larmes pas très loin de poindre à l’extrémité de nos cils.

Parce que le son, ici, est rock, rugueux, parfois couillu, tendance presque hard rock. Mais, derrière cette musique très « dusty jurassic guitars » (terme chopé sur la page FB du groupe, très éloquente), c’est bel et bien une évidence mélancolique qui surgit des mélodies (le fameux « vocal melancholy » sur la même page fb. Le contraste est donc réjouissant, car, derrière l’aspect très âpre de certaines guitares, et de la rythmique pachydermique, la mélodie et les orchestrations peuvent être incroyablement douces, intimes. Un peu en filigrane, nous y retrouvons une âme d’enfant, toujours propice à se jeter dans les excès (qu’ils soient bourrins ou câlins).

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Son à l’américaine.

Nous retrouvons donc un son qui nous évoque certains mastodontes américains, tel Metalica, tel Soundgarden pour les aspects grunge, et pour l’époque à laquelle ce II peut se rapprocher à certains égards. Et, à côté de cela, on retrouve des aspects à la Muse (un côté grandiloquent pas déplaisant), à la Radiohead, sans pour autant jamais virer pop. On retrouve aussi d’autres références éparses, comme un peu de Morphine sur Witchcraft 101 et son saxo, un peu d’esprit vaguement indus, un peu de post punk, quelques atours blues également. Bref, un joyeux foutoir qui s’harmonise envers et contre tout, pour un résultat toujours surprenant, jamais décevant.

Les compositions sont fouillées, audacieuses. Les ruptures rythmiques surprennent tout en apportant une âme particulière et des couleurs variées aux différents titres. Les lignes de chant sont d’une rare efficacité et montrent une belle envergure entre les moments de rage et les moments plus romantiques (attention, romantique noir, pas cucul la praline). Le son est diablement étudié, reste chaud sans amoindrir l’impact féroce des guitares. Fuzz et disto sont évidemment de la partie, mais quand les guitares se font plus dépouillées, leurs sonorités restent attrayantes et cohérentes. Bien joué.

La voix porte en elle des émotions très lisibles ce qui fait que, si nous ne comprenons pas l’anglais, nous comprenons aisément où veut en venir le groupe. Toujours dans la même optique selon laquelle on ne comprendrait pas la langue, l’effet que produit notre imaginaire sur le contraste douceur/rugosité nous permet de créer notre propre fil conducteur.

Grosse mécanique.

Le tout est parfaitement huilé. Rien ne semble forcé, comme si tout était cousu de fil blanc, comme si c’était normal de produire un disque de cet acabit, parvenant à satisfaire les fans de gros son et les fans de rock plus planplan. Bon point donc. D’autant plus que rien n’est facile dans ce disque, tout semble mûrement réfléchi, passé à la moulinette d’une infinité de possibilités dont seules les meilleures auraient été retenues par le trio (qui semble au moins un quintet vu la densité de l’objet.

Les mélodies ne sont jamais délaissées, même dans les moments les plus sévèrement burnés. Le plaisir d’écoute reste constant et, même si quelques titres paraissent un peu plus faibles (cela reste très relatif comme observation), aucune lassitude ne survient. Car, finalement, les moments un peu en dedans ne font que faire ressortir ceux qui sont au delà. La mécanique est donc bien huilée, mise en valeur par une tracklist maligne.

Les ambiances sont cinématographiques, dégagent une dramaturgie certaine, un sentiment épique également, mais toujours de façon mesurée. Nous ne sommes jamais en présence d’un disque démonstratif à l’excès, mais dans un univers qui reste, malgré ces références multiples, bien balisé dans un univers rock costaud.

Une bonne surprise.

II s’avère être une très bonne surprise. D’une part parce que le groupe est français, et non américain, ce qui prouve qu’on peut sonner comme un groupe de là-bas tout en étant d’ici, mais surtout parce qu’il est très bien écrit. De la composition aux textes, rien n’a été laissé au hasard.

Ne vous fiez donc pas à la pochette à l’imagerie démoniaque de l’album, le disque ne l’est pas tant que ça. Ou alors, il est perfide car il nous paraît presque angélique. Ou quand les deux faces d’une même pièce se retrouvent soudées l’une à l’autre, nous perdant entre le bien et le mal. En tout cas, II est à découvrir sans tarder.

LE titre de II.

On aime beaucoup Angst Blues. Pour sa rythmique chaloupée sur la première partie du titre, qui évolue en un morceau plein de groove, très blues, forcément, même s’il est en colère ce blues. Le pont, intervenant à la moitié de la durée du morceau, plein de sensualité nous fait dériver sur un océan plein de douceur, alors que la phase finale regagne en intensité, que la guitare nous transporte vers un solo à l’ancienne, comme on les aime (et qui nous rappelle un peu ceux de Slash au niveau de certaines sonorités). Il représente, à notre avis, assez bien l’univers du groupe.

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