[ LP ] BIG MOUNTAIN COUNTY, Somewhere Else.
Nouvel album du groupe Italien Big Mountain County, Somewhere else (déjà disponible).
Le single Somewhere else, dont nous parlions ICI, annonçait la sortie imminente du nouvel album de Big Mountain County. Il ne mentait pas sur la cam rock psychédélique du combo, mais était loin d’annoncer toutes les nuances de l’album. Nuances que nous allons tenter d’analyser pour vous.
Du rock psyché, et du groove !
Alors bien sûr, il y a le bon rock psychédélique qui fait un bien fou, qui réveille nos instincts les plus tribaux, les plus fous aussi. Kaléidoscope d’images multicolores, la musique de Big Mountain County investit notre espace intra-crânien, comme une bonne vieille remontée d’acide. Enfin, dit celui qui fantasme la remontée d’acide puisqu’il n’en a jamais pris. Mais cela n’a pas la moindre importance car vous saisissez facilement la notion et tout le folklore qui gravite autour.
En effet, la musique de BMC évoque cette époque révolue d’expérimentations sensorielles tous azimuts et de créativité débridée. Le son y est plus vrai que nature, renforcé par un enregistrement que nous imaginons aisément analogique par la chaleur qui se dégage des 11 titres de Somewhere Else (pour seulement 36 minutes au compteur !). Les instruments semblent être eux aussi d’origine, pour les mêmes raisons. Mais réduire BMC à ce seul rock psyché serait terriblement réducteur car le groupe est bien plus nuancé que cela.
Images d’ailleurs.
Certes, il est surtout question ici de guitares, de basse, de claviers, de batterie, ce qui reste une très bonne base rock, mais le groupe en fait un tel usage qu’il réussit à nous emmener sur d’autres pistes, un peu plus cabossées, sans jamais perdre le fil rouge qui est celui d’une énergie dévastatrice mais toujours bon enfant. Le groupe s’amuse, ça se ressent, et notre plaisir s’en trouve décuplé.
Outre le côté flower power sous LSD, le groupe insinue ici ou là des touches world music, parfois japonisantes (Contéz), parfois sud américanisantes, voire reggaeisante (ça devient compliqué les adjectifs). Par exemple, le morceau qui clôt Somewhere Else, à savoir Lost Summer, nous évoque quelque part un reggae à la limite du dub, avec ses réverbérations exagérées (mais une exagération absolument grandiose et épique), reggae qui se serait égaré à la fin d’un film de super héros par exemple.
Yellow Morning lui nous ramène quelque part en plein milieu du middle west avec une country biberonnée à la coke frelatée. Quand l’abus de tequila s’ajoute au délire, nos pieds quittent le sol, nos têtes s’enfoncent dans un trou, quelque part dans le désert de nos solitudes. Mais avec toujours des couleurs délirantes qui nous donnent le smile. Simple et génial.
Puissance de feu
Le morceau qui lui succède serait quant à lui un trip disco ethno rock. Avec la même réussite, Dancing Beam nous entraîne dans un ailleurs fait de refrains entêtants, d’ondulations du bassin, d’étoiles dans la tête. Diablement efficace. D’ailleurs Big Mountain County est un groupe diabolique, qui ne relâche jamais la pression, qui ne souffre d’aucune chute de régime et qui propose à chaque titre son univers, avec une régularité dans l’exécution de ceux-ci qui laisse pantois d’admiration.
BMC est un groupe de live. Et nous ne les y avons jamais vus ! On compte bien se rattraper vu qu’il y aura probablement une tournée pour confirmer cette sortie d’album (pourquoi pas au Binic Folks Blues Festival qui les avait déjà accueilli ?). En tout cas, Somewhere Else vaut son pesant de cacahuètes (ou de toute autre substance, à votre convenance).
LE titre de Somewhere Else.
Pour nous le titre de Somewhere Else est Far Away, lui aussi sorti en single. Il dégage son petit pesant de tension avant de démarrer toutes balles, dans un déluge sonore psychotropique. La voix est baignée dans une réverbération acide, les rythmiques sont insoutenables, nous rapprochant d’une forme de transe que viennent corrompre quelques éclairs de guitares électriques.
Les lignes sont clairement définies, mettre le feu avant l’extinction des lumières. Redonner fougue et espoir à des êtres à bout de souffle, épris d’une danse chelou à laquelle plus personne ne comprend rien, mais qui irrémédiablement s’immisce en nous, nous gagne, nous fait sortir de notre torpeur et de nos carcans de timidité, de manque de confiance en nous etc… Ce titre rend fort, il nous dit : mais vas-y mon gars, tu as le pouvoir ! Et franchement, comme exutoire, il n’y a pas mieux !