LOWLAND BROTHERS, l’americana à la française
Premier album déjà disponible chez wita records.
Et si, pour écouter de la bonne americana, c’est-à-dire une americana sans complexe mais sur laquelle souffle aussi un vent de liberté, il fallait s’échapper des États-Unis. Et se rapprocher de l’Europe. Et d’encore un peu plus prés se rapprocher de la France ? C’est ce qui apparaît dans ce très bon album, fait en France, avec des musiciens français. Lowland Brothers, avec une personnalité affirmée, remet les pendules à l’heure. L’exception culturelle face à l’ogre américain voit la première triompher.
Il faut bien l’avouer, chaque style musical possède ses codes, ses carcans. L’americana en est peut-être l’un des plus brillants exemples tant sa musique répond à des injonctions que nous trouvons, parfois, bien pesantes, surtout parce qu’elles écrasent une certaine idée d’évolution, une certaine créativité. Ainsi, un groupe américain en bouscule un autre, avec une régularité confondante, sans que jamais nous n’en retenions un plus que l’autre. Mêmes productions, mêmes sons, mêmes ballades sirupeuses, rien n’est fait pour se démarquer du voisin.
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Évidemment…
…, nous forçons légèrement le trait. Il faut tout de même avouer que ce genre musical produit des groupes à la chaîne, plus ou moins inspirés, tout comme la chanson française pond (ou pondait) ses clones variét’ durant les années 80-90. A notre grand désarroi. Ainsi, quand Lowland Brothers tombe dans la platine, un peu par désœuvrement, car, avouons-le, nous n’en espérions rien (et c’est pourquoi on a mis tant de temps à se pencher sur l’album, malgré une pochette qu’on trouve absolument géniale, du genre tatoo old school). Et là, boum ! L’étincelle se produit.
Nous sommes donc dans une americana pur jus, avec ses chansons countrysantes, avec une belle petite touche de blues, avec des balades de lovers, avec de grands espaces qui se dessinent entre les notes de musique. Le premier élément qui nous tombe littéralement dans l’oreille, c’est cette production, un poil plus rêche que les standards américains. Comprendre par là qu’elle n’est pas ronde à l’extrême, qu’elle n’est pas chaude bouillante, mais au contraire, elle permet à une certaine brillance d’émerger.
Nous sentons instantanément que nous ne sommes pas aux states, mais ailleurs. Pourtant, la musique, elle, nous y ramène à tous les coups, mélangeant donc un peu de country, de blues, de folk, de soul aussi (superbe Share your load n’ayant à rougir la comparaison avec aucun groupe estampillé soul). Le disque marque son territoire dès ses premiers accords, et c’est tant mieux.
Made in france.
Des fois, qui dit made in France peut créer quelques sueurs froides. Ce que cette appellation fait craindre, c’est une mauvaise copie de l’originale, à commencer par le chant avec un accent potentiellement calamiteux. Rien de tout cela ici, ni chant hasardeux, ni pâle contrefaçon, on est dans le (très) haut du panier. Il faut dire que l’instigateur de ce projet à pas mal roulé sa bosse et que son savoir-faire, combiné à celui de ces quatre « frères » d’âme, réalise des merveilles.
Tous les stéréotypes sont évités avec finesse. Bien que les chemins empruntés soient les mêmes, l’âme qui règne ici est peut-être moins présomptueuse, plus spontanée, que celle de certains homologues américains sûrs de leur fait. Humilité = qualité, c’est ce que semble dire ces musiques qui parlent d’elles-mêmes.
Un véritable amour se dégage des 8 titres de l’album. Un amour pour un pays, pour un rêve, pour une musique qui fait naître, toujours, des fantasmes colorés. Et puis il y a l’amour du bel ouvrage, celui qui propose une vision claire, sans œillères, des tics et des us et coutumes à ne surtout pas répéter (sinon gare au dérapage de très mauvais goût). Ainsi, le chant n’en fait pas des caisses, tout comme la production, tandis que l’enregistrement, possédant un bon petit grain rétro apporte une chaleur bienvenue à l’ensemble.
Droit dans ses bottes…
et sous son Stetson, le quintet nous propulse à toute vitesse dans son univers, à la fois feutré/cosy et ouvert sur un extérieur vaste comme les champs du middle west. On y retrouve une intelligence dans la composition qui fait mouche, dans des arrangements millimétrés, dans une rigueur qui, loin d’être une entrave à la créativité, lui propose un cadre dans lequel prendre ses aises, en toute sécurité.
Alors, pour répondre à la question posée en introduction, nous répondrons simplement que, oui, il faut parfois quitter les states pour écouter de la vraie bonne musique américaine. Lowland brothers le prouve avec habileté, et surtout une rare humilité (elle transpire littéralement de l’album).
LE titre de Lowland Brothers.
Nous avons évoqué le magnifique Share your load, qui fait partie de nos deux titres préférés de l’album. On y rajoute le tout aussi fantastique High and lonesome, qui possède lui aussi une âme soul, malgré son entame à la guitare folk et ses atours rock. Ce mid tempo, comme Share your load, permet de profiter pleinement de la (très) belle voix de Nico Duportal. Et comme il évolue avec ses frères d’âme, on les nomme aussi : Max Genouel, Fabrice Bessouat, Hugo Deviers, Damien Cornelis. Superbe manière de conclure un album sans fausse note, qui nous transporte loin, très loin.