LODGER, Dry water, premier album déjà disponible

lodger dry waterLes fruits du confinement.

Si nous devons tirer un point positif des confinements passés, c’est bien celui qui a permis à des artistes que rien n’aurait pu prédestiner à travailler ensemble, de se réunir autour d’un projet commun, qui fait sens. C’est le cas de ce premier album de Lodger, Dry water qui, en douze titres, dresse un pont entre le trio instrumental et des featurings provenant de tous les horizons.

Ainsi, six langues différentes cohabitent sur ce disque, à savoir l’anglais, le japonais, le malgache, l’espagnol, le français et l’italien pour un disque qui veut refléter, à sa manière, le rapport de l’être humain à la nature , à son environnement. Ainsi des titres comme La course, Animaux contre nature, Ma dernière demeure et Tous les animaux, les 4 titres en français, Ainsi que Losing the link portent des noms explicites relatif au sujet.

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Qui ?

Lodger, c’est avant tout un trio composé de Denis Richard (basse), Japy Lo Pinto (batterie, percussions) et Pat Matteis (guitares, claviers). Autour d’eux, ils ont réuni une brochette d’invités dont on vous livre les noms tant leurs prestations méritent de ne pas rester anonyme : (par ordre d’apparition, Julie Buttolo (La Course), Léonie Sam (Azafady), Oldan (Chanson Contre Nature), Guilhöm (Losing The Link), Maya Kawatake-Pinon (chant Mushi, traditionnel), Japy Lo Pinto (Questo E), Riko and Makoto Inoue (Riko Song), Roberto Lozano (Pachamama), Clark (Palomino), Phil Pace (Prometheus), Claire Farah (Ma Dernière Demeure) et Jil Caplan (Tous Les Animaux).

Chacune des voix a été enregistrée à distance, tout comme les instruments. Pourtant, loin de créer une hétérogénéité, le projet est cohérent, fortement lié par son thème qui permet à la musique de véhiculer une émotion palpable, constante, sur laquelle chanteuses et chanteurs ont pu poser leur voix de manière délicate, mais aussi vibrante d’intensité compte tenu du message qu’elles tenaient à partager.

Métissage.

Forcément, une forme de métissage, provenant des différentes langues, habite les lieux. Et c’est étrange de voir comment une musique, en fonction de la langue, se modifie, revêt des habits nouveaux. Là où le rock prédomine sur l’anglais, ce même rock devient ethnique avec l’espagnol. Pourtant, la base reste globalement la même. D’une certaine manière, Dry Water s’approche du travail d’un Peter Gabriel par exemple qui, sans abandonner le rock développe des atours world music. Il en est de même de cet album qui abolit les frontières (alors que, paradoxalement, nous avions interdiction formelle de mettre un pied hors de chez nous).

Le contraste, quand on repense à cette période trouble, montre bien à quel point nous sommes, nous les habitants de la Terre, un animal social. La liberté qui jaillit ici est une belle claque dans la tronche à tous ceux qui, enfermés dans leur tour d’ivoire médiatique, oublient que les différences, face à un événement planétaire (ou en tout cas un événement touchant principalement les pays industrialisés, riches, occidentaux), sont finalement peau de chagrin face à la solidarité et la fraternité.

Rock, poésie, conscience.

Nous retrouvons donc pas mal d’éléments rock dans les différents morceaux, notamment par la présence d’une guitare électrique, de rythmiques « classiques » au genre. Mais, très vite, nous flirtons avec des musiques plus planantes, qui laissent surgir quelques nappes plus typées, indienne, sud-américaines, africaines, sans pour autant virer au cliché ou encore à l’appropriation culturelle. Non, tout cela reste éminemment personnel, intime, quand bien même un grand nombre de personnalités différentes s’approprient l’univers musical.

Nous sentons une poésie viscérale habiter les textes/thèmes du disque. Si, évidemment, les textes en français sont les plus compréhensibles, nous percevons dans les autres cette même volonté de décrire un monde en constante et incessante mutation, en y mettant des formes proches de leur ressenti, proche de cette observation de ce qui nous entoure, au plus près de sentiments fortement perturbés par l’urgence qui se profile à l’horizon.

La conscience transparaît à la fois des voix, pleine de gravité, mais aussi des musiques qui sont souvent emplies d’une dramaturgie éloquente. Néanmoins, c’est bel et bien l’espoir qui se propage sur les douze titres de Dry Water. Car oui, le propos est grave, mais la prise de conscience est salutaire. Le propos est grave mais ce qui nous lie tous, les uns aux autres, que nous soyons européens, asiatiques, africains, américains, océaniens, c’est bel et bien cette superbe planète sur laquelle nous vivons.

Protection.

Si celle-ci se protège avec ses armes, comme cette épidémie, comme ces sautes d’humeur météorologique, c’est simplement pour nous dire qu’il est temps d’appuyer sur le frein et de retrouver une humilité que beaucoup semblent avoir perdue de vue.

Nous sommes tous infiniment petits face à la nature. Encore plus petit à l’échelle de l’univers. Et pourtant, nous nous croyons maîtres de tout ce qui nous entoure, pillons sans vergogne, défigurons à tout va notre Mère à tous. Mais, oui, il reste encore de l’espoir puisque nous sommes capables, si nous le voulons, de changer les choses. C’est ce message d’alerte, mais bourré d’une forme d’optimisme en (grande) partie camouflée, qui nous apparaît ici. Parce que tant que l’on vit, il y a de l’espoir. Et que celui-ci finira bien par guider ceux qui tirent les ficelles, ces premiers de cordée qui eux aussi s’éteindront s’ils n’influent pas la course folle des humains.

Enfin, croisons les doigts pour que ce soit le cas…

(ps : pas de titre à mettre en avant, tous sont d’une même utilité, d’une même force)

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