LAURA LOVERO, jouer avec le paradoxe des sens.
Mirage, debut EP.
Le premier EP de Laura Lovero est un mystère pour nous, car si nous nous étions arrêtés à la première écoute, à plus forte raison aux dix premières secondes de Wanna let go, qui ouvre le disque, nous serions passés à côté de cette musique qui pourtant déclenche des sentiments contrastés chez nous. Ceux-ci sont en partie dus au fait que la musique repose ici sur des bases que nous avons désormais l’habitude d’entendre sur les ondes. Mais à la différence de celles-ci, le talent d’écriture de Laura Lovero permet de la placer un cran au-dessus de la masse avec Mirage.
Cette écriture se situe autant au niveau de la musique que des paroles. D’ailleurs les deux sont intimement liées, par le spleen qu’elles transportent, mais également par ce frémissement d’espoir(s) qui se place en arrière-plan. Musicalement, cela se traduit par des ambiances portées par des gammes mineures rehaussées par le côté aérien de la production. On quitte rapidement les contours balisés de l’électropop, tendance urban, pour une musique plus proche, dans l’idée, d’une certaine soul.
Être/Paraître.
Il est ici question d’être, de paraître, les deux statuts se confondant, plaçant la narratrice dans l’interrogation de sa psyché. Bien sûr, comme c’est le cas dans la musique pop en général, il est question de ce que le couple peut générer d’interrogations sur soi-même, sur les sentiments qui s’emparent de nous au moment de faire des choix qui s’avèrent souvent cruciaux dans notre existence.
Ceux-ci sont mis en exergue par une musique qui ose des arrangements osés, des glissades contrôlées surprenantes. On pense notamment à l’étrange passage de Soleil, sur son refrain, où nous avons l’impression que Laura Lovero est fausse sur sa ligne de chant, ce qui est bien évidemment voulu, et qui donne une sensation de décalage entre une réalité et un fantasme de celle-ci. Pour le reste, tout est calé à la perfection, proposant un univers riche et contrasté qui nous permet une réelle évasion dans ce décor inédit, celui de la musicienne.
Les tessitures possèdent sur l’ensemble des quatre titres un côté rassurant, enveloppant, et se heurtent parfois au côté un peu clinique du constat que porte la narratrice sur sa vie. Ce côté clinique n’est pas froid, ou désabusé, il est juste réaliste, dépouillé, en quelque sorte, d’affect. Ce qui fait que le disque est toujours sur le fil, que ça nous remue gentiment les neurones. Toujours magnifiquement mis en musique, Mirage propose donc une pop bien plus aventureuse que les fameuses dix premières secondes le laissaient à présager. Comme quoi, l’habit ne fait toujours pas le moine.
On pense à Flèche Love
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