[ ALBUM ] JEWLY, Toxic, rock sous (mauvaise?) influence.

Toxic, 3e album de Jewly.

Voilà encore un album qui porte bien son nom. Toxic, comme les sonorités qui ouvrent le bal pour ne le refermer qu’au terme d’une course rock teintée d’électro. Jewly nous y conte la vie, ses interrogations, les doutes, les peines, les combats, les incompréhensions, la toxicité aussi, forcément. En dix titres, le tour est joué et nous laisse dans un état second.

Une entame qui intrigue.

My dear ouvre donc Toxic. Ce titre intrigue. Pourquoi ? Parce que Jewly impose un morceau pas forcément évident à saisir comme il se doit. Derrière des paroles, si nous les prenons au premier degré, pleine d’une fierté de femme d’être avec son homme, la musique souffle le parfait contrepoint en distillant une ambiance malsaine, métallique, avec des superpositions de voix, comme un dialogue interne d’une femme avec son moi intérieur.

Alors, du coup, nous relisons les paroles, les prenons au deuxième degré. Et ne seraient-elles pas complètement ironiques ? Cela semble si évident ! Et du coup, cette musique prend la résonance qu’elle doit, un parfum de cuivre, ou d’on-ne-sait-quoi qui laisse un drôle de goût dans la bouche. Ce titre, presque expérimental par certains aspects, pourraient rebuter certains, mais pour les autres, il signifie entrer dans une bulle qui ne tarde pas à déployer ses charmes. Toxiques, forcément.

Rock vintage / moderne.

C’est drôle d’ailleurs, quand nous y pensons, parce que ce disque nous donne l’impression de survenir de quelque part depuis les années 80. Nous ne ferons pas le raccourcie facile (et tellement téléphoné) de comparer Jewly aux Pretenders de Chrissie Hynde (parce que, honnêtement, à part qu’il s’agisse de deux femmes jouant et chantant du rock, on ne voit pas trop le rapport). Nous disons qu’il y a une certaine notion dans Toxic qui nous rappelle le rock des années 80, car il y règne une étrange atmosphère, de celle d’un souvenir remis à flot, ressuscité, comme un rêve dont nous ne nous souviendrons que d’éléments noyés dans le brouillard. Il y a cette couleur vaguement rétro, relativement puriste de la tradition couplet refrain pont, qui survole l’ensemble, comme un brouillard léger.

Malgré tout, Jewly y incorpore des éléments modernes, des touches plus ou moins prononcées d’électro. Elles tissent souvent des motifs obsédants, en arrière-plan, comme un climat plus ou moins tendu. Ces tonalités, étrangement chaudes, entrent en confrontation avec les guitares revêches, très rock, mordantes. La voix y est au diapason, féline, câline, crachante, enivrante. Expressive, elle colle à la peau de la musique, apporte du relief, des angles, des arrondis parfois. Sans être dans la démonstration, elle nous rétame par moments par ses envolées, par l’émotion qu’elle véhicule.

Finesse.

Qu’il s’agisse de la musique ou de la production, tout est finement travaillé. C’est-à-dire qu’il y a une cohésion tant dans l’énergie du disque, une énergie à mi-chemin entre résignation et force de caractère, dans ces aspects les plus mordants et dans ceux qui semblent plus apaisés, que dans sa production. Celle-ci évite le clinquant, le « m’as-tu vu », respecte des codes urbains, plutôt dans des atmosphères crépusculaires ou nocturnes, pour coller au mieux au personnage/narrateur de Toxic. Mais justement, n’est-ce pas la nuit que les révélations surgissent ?

Mais cette finesse se ressent surtout dans les paroles et leur interprétation. En effet, l’art de Jewly est de dire les choses sans les nommer, juste en instillant ce qu’il faut de mystère, de non-dits, toujours avec une balance sur le point de se déséquilibrer, de pencher du côté obscur, mais qui se rattrape toujours in extremis. Cette pudeur, ce jeu de cache-cache où les sentiments s’exposent sans s’exhiber donne de l’ampleur aux compos de la chanteuse (c’est elle qui signe tous les textes). Nous y voyons là de l’intime mais avec suffisamment de recul pour que ces thèmes abordés sonnent universels.

LE titre de l’album.

Nous avons une petite préférence, d’un cheveu, pour And realise (I am strong enough venant juste derrière, à la fois dans l’album et dans nos préférences). Pourquoi ? Parce que c’est le morceau qui fait décoller véritablement l’album, les trois le précédent sonnant comme une sorte d’introduction allant crescendo pour aboutir au véritable coup d’accélérateur du disque.

Alors pourquoi And realise ? Sans doute pour ses choeurs incisifs, pour son rythme , pour ses guitares (l’un des points forts du disque, avec la voix évidemment). Pour la simplicité de son refrain (très bien senti), pour son côté très direct, pour son thème. Bref, un morceau sans faute qui fait du bien par où il passe !

jewly toxic

Revoir la vidéo The stupid game of dans notre playlist du 22/06 (rubrique brèves)

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter et Tipeee

Ajoutez un commentaire