[ ALBUM ] JACOB WILD, Wild wild wild (sauvage et fier!)
Wild wild wild du one man band Jacob Wild.
Le blues. Encore, et toujours, et pour toujours. Source de mille et un fantasmes, de mille et une inspiration, cette musique est celle de l’âme noire, synonyme de transmission du mal-être des peuples opprimés. Pour d’autres, elle peut être pénible, redondante, ou tout simplement poussiéreuse. Avec Wild wild wild, Jacob Wild met tout le monde d’accord, rallie les seconds à sa cause tout en satisfaisant les puristes.
Libre, sauvage.
Jacob Wild est un one man band. Il joue de tout, tout seul, c’est-à-dire guitare, basse et batterie (une batterie complète, de cinq éléments, qu’il joue au pied. Et il chante par là-dessus. Cela paraît déjà incroyable sur le papier, ça l’est d’autant plus à l’écoute de Wild wild wild tant son blues tient méchamment la route, sans sorties de route involontaires.
Nous disons blues, mais celui-ci est mariné dans une préparation stoner et garage qui amène ce musicien à renommer sa musique du sobriquet de wild blues. Wild est un terme qui ne possède pas véritablement de correspondance dans notre langue, mais qui peut se traduire approximativement par libre, sauvage, indépendant. Et assurément, Wild wild wild est tout cela !
Nous retrouvons, disséminées ici ou là, des références à Led Zeppelin, aux vieux bluesman originels, au rock garage (par la relative rugosité des guitares) et effectivement au stoner, ainsi qu’au boogie sauce ZZ Top (oui, ils ont des titres bien comme il faut les barbus). Bref, rien de vraiment poussiéreux là-dedans, vous en conviendrez aisément.
Dans le détail de Wild wild wild.
Cet album commence bille en tête, avec deux morceaux à haute teneur en énergie électrique. Le son Jacob wild fait immédiatement des étincelles. Certes, les apports garages se font ressentir comme nous l’évoquions ci-dessus par la distorsion des guitares qui possède un grain semblable à celui d’un parpaing, rugueux, abrasif, massif. Mais, malgré cette évocation du son garage, le son reste parfaitement défini. Autrement dit, n’avons pas là de bouillie indigeste à ingurgiter par les oreilles (ou par ailleurs).
Chaque instrument est clairement identifiable, bien à sa place. La basse et la batterie (relativement minimaliste car jouée au pied, ne l’oublions pas) donnent le tempo, dans un déferlement de boogie qui nous met instantanément dans le bain. Impossible de résister, le beat nous prend aux tripes, électrise notre système nerveux et nous donne envie de slammer dans une fosse en délire (ce qui n’est pas rien quand on sait qu’il s’agit de blues, même wild).
La voix est elle aussi clairement définie. Et elle colle à merveille à la musique. Peut-être l’attendions-nous plus rauque, gargarisée au bourbon, mais elle s’avère relativement claire. Heureusement, l’intention est véritablement blues-rock, avec ce mordant qui véhicule une émotion vibrante, tout à la fois indépendante, respectueuse de la tradition, mais également portée vers l’avenir et la transmission. Colère, insoumission, liberté, voilà comme nous la qualifierions, cette voix.
Impact garanti.
Si l’écoute de Wild wild wild nous met bien les poils, il faut avouer que sur scène, le show doit être une véritable transe chamanique biberonnée aux décibels. Rien pour nous déplaire, bien au contraire. Parce que cette musique respire une authenticité dingue, quelque chose de plus pur que ne le laisse présumer la nationalité de Jacob Wild, un petit frenchie bien de chez nous. Preuve que le blues n’est ni une question de couleur de peau, ni de nationalité.
Qui plus est, quand on sait que Jacob Wild vit dans une forêt dans le sud de la France, en totale autonomie énergétique, on se dit que nous avons affaire à une véritable âme de révolté, que rien n’est joué ici, que tout n’est qu’un flux d’électricité bien dirigé, vers un blues sans âge, ni à la mode, ni indémodable, mais qui perpétue une tradition universelle, de celle qui nous rend si… wild.
LE titre de Wild wild wild.
Dur, dur, dur de choisir un titre en particulier dans ce bouquet de 12 morceaux à la cohésion coulée dans le béton. Nous aimons beaucoup Lost in love, avec son rythme nonchalant, mais incendiaire qui nous plonge directement au cœur du brasier d’émotions contrasté. Mais surtout, ce sont ces choeurs (en fait des superpositions de la voix de Jacob Wild), intervenant vers la quatrième minute, évoquant quelques tribus Sioux ou Apaches avec cet aspect pow-wow, qui nous file directement la chair de poule. La guitare, ici, fait des merveilles de slide, la voix se fait prêtresse incantatoire à divers Dieux connus d’elle seul, la batterie ajoutant au côté tribal de la chose par sa sobriété. Donc ouais, titre de l’album !
Site officiel Jacob Wild
On pense à Westwego (pour la même authenticité)