IRIS, Microcosm, tout un monde en dedans.

Iris microcosmPremier EP autoproduit.

Iris, c’est le genre de groupe pour qui nous avons instantanément un énorme coup de foudre. Difficile en effet de résister aux effets dévastateurs de Microcosm, leur premier EP. Rock inspiré des belles heures de la fin des 80’s début 90’s, avec un son tout à fait d’actualité, l’EP nous offre 5 titres ou l’intime se mêle à l’expression débridée de leur moi.

Le microcosme de cet ep est traduit par le groupe de la façon suivante : « un cocon doux et amer à la fois, un besoin qui peut se muer en blessure. On en sort comme on y rentre, par la grande porte, celle de la passion, aussi créatrice que destructrice. » Iris, visiblement, a oublié d’être con. Et c’est tant mieux. Mais reprenons les choses plus en détail.

Le groupe vient de l’Essonne et sévit sous la forme d’un quatuor traditionnel dans sa forme (soit guitare/batterie/basse/chant). Il pratique un rock énergique, duquel émerge une pointe garage, légèrement post punk, et un jeu à deux chants plutôt très bien maîtrisé qui fait des merveilles.

Entrez sans frapper.

Smile ouvre les réjouissances. Arpège de guitare électrique, appuie sous tension de la basse et de la batterie. Une belle introduction d’une cinquantaine de secondes avant qu’arrive le chant, avec cette capacité à être légèrement trainante en fin de phrase, dégageant presque un petit côté blasé pas désagréable du tout. Sur le refrain, les choeurs sont simplement parfaits et appuient un gimmick hyper efficace. La dernière partie du morceau, que l’on pense être un pont (le groupe cache bien son jeu), dont les premiers abords sont presque rock old school avant d’entrer dans une phase plus punk, fortement teinté d’impatience, apporte une touche inédite à ce morceau finalement proche du post punk.

Cette entrée en matière est déconcertante d’habileté. Le son est nickel, le mix également, la composition est maîtrisée de bout en bout. Elle convoque nos nerfs au rendez-vous d’un rock inspiré et inspirant. Le reste de Microcosm ne dénotera pas.

Gonna rain, pensons-nous, aura bien du mal à lui emboiter le pas et ne fera pas le poids face à cette entrée en matière proche de la perfection. Nous nous plantons royalement puisque, loin de rejouer sur les mêmes terres que Smile, le titre nous embarque dans un rock lorgnant une pop à l’anglaise efficace. La mélodie est impeccable, reposant en partie sur une ligne de chant limpide que nous nous surprenons à reprendre en choeur. Morceau le plus doux de l’EP (même si sa fin monte en puissance, que la voix éraillée ne manque pas de faire son effet sur les guitares plus tranchantes), il dégage un côté épique romantique qui fait du bien.

Installez-vous, faites comme chez vous.

Le plus étonnant chez Iris, c’est qu’il nous donne l’impression de retrouver notre chez nous. Il dégage cette sensation de familiarité que l’on peut parfois ressentir en pénétrant dans une maison pour la première fois. Ça ne s’explique pas véritablement, ça se vit, ça se ressent en profondeur, un peu comme une sensation de déjà vu, ici toujours ponctuée par la surprise de l’inédit dans les compositions. Lose ne déroge pas à la règle. Si la fin de Gonna rain nous évoquait étrangement un petit côté Guns n’roses, Lose repart sur cette même base. Cependant, la deuxième moitié du couplet lorgne plutôt du côté d’un groupe comme Supergrass. Le refrain, lui, renoue avec un mélange de tout ça, parfaitement balancé. Le deuxième couplet mélange lui aspects britpop et hair metal/rock indé US, évoquant aussi bien les Pixies que Blur, avec une hargne dans les choeurs qui détone.

Nous retrouvons également quelques courts plans rock 60’s qui donnent des couleurs dingues au titre. Circles s’acoquine avec les références states, mais toujours de façon nuancée. Un côté Artick Monkeys (oui on sait, ils sont anglais) bien présent, dans la voix, mais des guitares plus aiguisées. Le morceau, lancinant au début, reste nerveux, dégage une urgence qui ne perd jamais en coolitude. Porté par une belle ligne de basse, par chant hyper inspiré (c’est une constante) Circles ne tourne jamais en rond malgré son nom. Il atteint son point de mire rock sans forcer, mais en nous faisant nous dire que c’est rare qu’un groupe français sonne autant anglais/américain dans cette efficacité de composition et d’interprétation.

Déjà la fin ?

Bien qu’un seul morceau se situe sous la barre des 4 minutes, l’EP nous paraît ne durer que dix minutes (26 minutes en réalité), tant tout ce qu’il nous propose nous réjouit fortement. Est-ce pour cela qu’Iris nous balance un Passing away de 7’38 en guise de conclusion ? Peut-être, comme pour nous retenir de passer notre chemin. Et de quelle façon il s’y prend ! Intro gratte acoustique, puis assise pop rock indé absolument parfaite. Chant presque chuchoté au creux de l’oreille, une nouvelle fois irréprochable, nous sommes suspendus aux motifs du groupe. Une nouvelle fois, c’est du côté rock US que nous nous rapprochons (un peu côté Something in the air de Nirvana dans le chant).

Une première partie du titre relativement bavarde (ce n’est pas un défaut, le chant étant impliqué, les choeurs, irréprochables depuis le début du disque, font encore une fois un effet du tonnerre). Portant en lui un presque optimisme, comme on en retrouve un peu partout dans Microcosm (nous naviguons sur cet effet optimiste, sur un romantisme discret, mais également, pour contrebalancer, sur une forme proche de la colère, de nervosité, voir d’un spleen lumineux), le titre dégage un sentiment d’exaltation, renforcé par un solo old school débutant à 5 minutes pour conclure à la fois le morceau et l’EP.

Le groupe à suivre !

Microcosm nous régale par sa maîtrise, par le fait même de sonner familier tout en étant unique dans sa personnalité. Les leçons ont été bien apprises par Iris, mais, loin d’être con, comme nous le disions en intro, il les recrache à sa sauce avec une intelligence dingue. Frissons de plaisir, vrais morceaux de bravoure rock, on aimerait que tous les groupes français sonnent comme ça !

Le plein d’émotion se fait à chaque écoute, le plein d’énergie aussi. L’EP, quand nous l’écoutons au petit matin, nous donne le peps nécessaire pour affronter toutes les épreuves nous attendant dans la journée. Le soir, il permet d’évacuer la tension et de retrouver, et c’est aussi étrange que bienvenu, une vraie forme de sérénité. Si vous ne deviez faire qu’une rencontre avec un groupe rock hexagonal en cette rentrée, vous n’avez pas vraiment le choix, il faut que ce soit avec Iris.

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