HOWLIN’JAWS, Strange effect, debut album (déjà disponible)
Ressusciter la magie du rock.
Le groupe a sorti un clip le 25 janvier dernier, She lies (voir ci-dessous), extrait de leur premier album, sorti lui en novembre dernier. En effet, avec un léger retard, nous nous arrêtons sur Strange Effect ( Bellevue Music Recordings / Modulor ), un peu comme si nous effectuions un retour vers le futur cher à Marty McFly. Car, c’est une évidence, on retourne en 1955, ou presque, puisque Howlin’jaws pratique un rock teinté rockabilly, blues, rock garage, avec un son monstrueux.
Les compositions ne sont pas en reste. Elles nous délivrent instantanément un message clair et net : le rock n’est pas mort (il s’était juste assoupi). Les trois garçons (Djivan, Lucas et Baptiste) tournent depuis une dizaine d’années, temps nécessaire pour écrire, donner des concerts, faire la fête, faire des rencontres, fédérer un public, faire plus de concerts, plus de fêtes, peaufiner des compos, refaire des concerts, refaire la fête, enregistrer un album pour re-refaire des concerts. Et la fête.
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L’album de la maturité.
Il est étrange de dire d’un premier album qu’il est celui de la maturité, pourtant, Strange effect est exactement cela. Plusieurs raisons à cela. La première étant que le groupe, qui a beaucoup tourné, et pas qu’en France, ni qu’en Europe puisqu’ils ont aussi joué au Japon, a pris le temps de dissiper la fougue (brouillonne il va sans dire) des débuts au profit de compositions abouties.
Celles-ci sont hyper efficaces, se situe quelque part entre le blues américain, le rockabilly dont on entend encore quelques petites touches absolument adorables, la pop anglaise tendance Beatles (The seed), Rolling Stones (le son de guitare sur Love makes the world go round n’aurait pas déplu au Keith Richards de Sticky Fingers), Kinks et Small Faces (liste non-exhaustive), et aussi le rock garage. Plus récemment, on pense à The age of the understatement de The last shadow puppets, orchestration philharmonique en moins, mais avec la même putain de classe !
Équilibre.
La formule est parfaitement équilibrée puisque, si l’essence se situe fin des années 50 début 60, tout reste moderne, dépoussiéré des références écrasantes. Tout ici est « calibré », c’est-à-dire épuré, concis, tout superflu étant envoyé à la poubelle pour ne garder que l’efficacité directe faisant de chaque titre un hit old school en puissance.
Le son, pour commencer, est monstrueux, avec ce grain typique des vieux enregistrements, vous savez, ceux qui ont un son de poussière, qui ont un grain auquel il fait bon se blottir quand il fait froid dehors. Il fait une grande partie du charme de Strange Effect. L’autre point fort, les voix (et la façon dont elles aussi sont enregistrées). Elles sont chaudes, dégagent une énergie folle, s’harmonisent à merveille, font des prouesses, pleines de délicatesse, sur les choeurs (et les cœurs aussi sans nul doute).
Enfin, les sonorités de guitare et de batterie sont simplement superbes, sans oublier cette basse qui roule et qui porte, sans en avoir l’air, un groove délicieux de bout en bout de l’album.
Plaisir.
Dès le premier titre, c’est le plaisir qui se saisit de nous. Le groupe, très respectueux des aînés, n’en oublie pas moins de montrer qui est aujourd’hui le patron. Sans fausse modestie, Howlin’jaws impose sa classe et son style. Certes, tout n’est pas parfait. On pense notamment à la tracklist qui n’évite pas un ralentissement à mi-album, Dust (superbe titre, peut-être celui que nous préférons sur l’album) marquant une décélération qui plombera un peu la fin du disque, malgré les excellents My jealousy et Goodbye qui renferment l’opus.
Est-ce grave docteur ? Pas du tout, les compositions de la deuxième moitié restent plutôt très bonnes (une réserve sur Sugar Mummy qui nous donne une sensation de déjà vu, nous rappelant, c’est assez surprenant le titre Bad obsession des Guns n’roses, assurément pas l’un de leurs meilleurs non plus), c’est juste le tempo qui ralentit un peu, sans doute loin de l’énergie que l’on devine à Howlin’jaws sur scène (d’ailleurs, le groupe sera en concert le 25 février à la Maroquinerie, on vous conseille de ne pas manquer le show !).
Esthétique raffinée.
Pour le reste, l’esthétique est d’une homogénéité confondante. Nous évoquions Marty McFly en introduction, ce n’est pas par hasard car l’esprit musical régnant à la fin des fifties est ici bien présent, mélange d’une musique légèrement désuète, mais pas du genre has-been, plutôt du genre génialement inspiré, déclenchant une nostalgie touchante, mais surtout ressuscitant l’esprit premier du rock n’roll.
Cela, sans doute, parce que l’âme du combo se situe autour de son amour pour le King. Même si la référence n’est pas forcément ultra présente, nous ressentons son fantôme planer au-dessus du disque. Attention, pas le fantôme du même Presley fantôme de lui-même à Las Vegas, mais celui des débuts, celui qui a pondu des titres magiques, pour l’éternité. Et d’ailleurs, nous ne sommes pas loin de penser que Strange effect possède également cette aura d’éternité. Ce ne serait pas voler tant cette production s’avère de très belle qualité et qu’il représente pour nous un véritable coup de cœur.
LE titre de Strange effect.
On l’a déjà évoqué, il s’agit de Dust. Poussière. Parce qu’il nous promène dans un sud des États-Unis fantasmé, à la Jack Kerouac, sur la route, à perte de vue, entouré d’un désert qui propulse sa poussière à chaque rafale de vent. Ne cherche pas à me suivre car tout retourne à la poussière… La balade est solitaire, perdue d’avance, elle balance une forme de spleen typiquement far west mais avec une monture d’acier et de chromes. On adore !
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