EP saisonniers, par Frank Rabeyrolles
Winter, EP 3 titres (déjà disponible), Spring EP 2 titres (sortie le 17/05)
Les quatre saisons.
Tout le monde connait les fameuses quatre saisons de Vivaldi, mais il ne faut pas se leurrer : Frank Rabeyrolles, qui nous propose des EP saisonniers justement baptisés en fonction desdites saisons, nous invite dans son univers pop dans lequel se côtoient les fulgurances psychédéliques d’un Syd Barrett et la douceur sucrée d’une pop indé délicate.
Donc, point de musique classique pour remplacer le maitre Vivaldi. Pas non plus question pour Frank Rabeyrolles (dont vous connaissez peut-être le travail au sein de Franklin ou Double U) d’illustrer le temps qu’il fait et son effet sur la nature. Il s’agit plutôt d’un témoignage sur le temps (celui qui passe) tel qu’il nous définit en tant qu’être et tel qu’il agit sur nous. Qui, par exemple, n’a jamais dit « ce soleil me redonne de l’énergie » ? Voilà, nous y sommes.
Pop indé.
Ainsi, Frank Rabeyrolles nous propose sa vision de la chose, des éléments qui agissent sur nos psychés, sur nos émotions, qui nous rendent à la fois fébriles et forts. Si Winter et ses trois titres winter#1, winter#2, winter#3 (avec la présence pas du tout anecdotique de Sarah Lucide) nous propose une pop légèrement teintée d’électronique, reposant sur une base plutôt électrique (clavier, basse, guitare), Spring avec ses deux titres spring#1 et spring#2 sonne plus acoustique (sans évincer l’électricité ni les quelques petites bidouilles électronique).
L’un se veut plus mélancolique (Winter), l’autre se veut plus direct (Spring). Les deux EP reposent sur des compositions qui forment leurs identités distinctives, c’est-à-dire qu’ils sont tous deux différents tant leurs cohérences particulières y sont fortes. En effet, les trois titres de Winter sont fait du même bois, tandis que les deux de Spring distillent des couleurs qui leur sont propres. Seule la voix du chanteur les lie.
Ambiances.
Spring s’approche presque d’une folk psychédélique très terrienne. A contrario, Winter nous offre une pop plus aérienne, nimbée d’une mélancolie douce, sans amertume. Qu’il s’agisse d’un EP ou de l’autre, l’approche y est telle que Frank Rabeyrolles le définit, comme un focus sur ce temps qui passe et qui agit sur notre être.
Étrangement, c’est peut-être l’hiver qui nous paraît être le plus chaud. Nous nous imaginons, à l’écoute des titres, devant une cheminée, un chocolat chaud fumant dans notre mug, entouré de nos proches. La pop qui en émane possède un élan nous conduisant vers un ailleurs réconfortant. Le printemps, lui, sonne une sorte de renouveau, comme un bourgeonnement, une envie de sortir de la torpeur hivernale. La sève semble monter de ces deux compositions, comme elle nous indique que nous devons nous remettre en mouvement, que le futur nous appartient.
4 Saisons
Au final, ce projet, dont deux saisons nous manquent encore, s’avère une belle photo des émotions que peuvent ressentir leur auteur à un moment donné de sa vie. Tout en exposant celle-ci, la pudeur les habille, rendent ses morceaux touchants car, bien que chantés en anglais, dégage un sentiment universel (les saisons le sont, elles, universelles, même si nous disons souvent, comme les petits vieux que nous finirons par devenir, « qu’il n’y a plus de saison »).
Avec sobriété, avec tact, Frank Rabeyrolles réussit son pari qui ne demande désormais plus qu’à voir le jour dans sa globalité.
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