[EP] LINDÇAY LOVE, Chasing light // Sensualité blues.
Chasing Light, premier EP (déjà disponible).
Après être passée par la case blues année 50 avec son précédent groupe, Jerry Khan Bangers, c’est en solo que se lance Lindçay Love. Chasing Light est donc son premier EP en solo, sous son nom, et il s’avère extrêmement prometteur. La musicienne incorpore dans sa musique blues, folk ainsi qu’un soupçon de pop. En quatre titres, la dame, très bien entourée, nous propose un voyage au Nouveau-Mexique, en Arizona, en ces terres que nous fantasmons tant, où les cow-boys solitaires se déclinent sur fond de soleil couchant.
La chaleur qui fond sur nous est écrasante. Elle émane d’une voix ronde, profonde, voix de velours qui déclenche instantanément une salve de frisson sur nos peaux désormais habituées à l’hiver. Elle porte en elle un fardeau, celui des âmes en errance, qui porte le blues jusqu’au creux des os. Parfaitement mise en avant par une production qui lui donne une dimension presque christique, en tout cas prophétique (mais jamais de mauvais augure), Lindçay Love dame le pion à tous ces vieux de la vieille à qui on ne la fait pas.
À la fois respectueuse et novatrice, elle s’accorde à des compositions taillées dans le même bois. Enfin, ce n’est pas totalement anodin, Lindçay Love permet au blues de ne pas être un style genré puisqu’elle transcende ici le simple concept de masculin/féminin pour nous dire, simplement, que le blues, c’est du blues, point barre.
Quatre titres aux pouvoirs évocateurs.
Musicalement, nous nous retrouvons vite aux frontières du Rio Grande. Reposant sur la base blues classique, guitare et claviers (Arnaud Beyney) , basse (Pierre-Jean Méric ), batterie (Léo Faubert), la musique de Chasing Light nous transporte, nous fait ressentir cette petite pointe bleue qui nous titille souvent le cœur, surtout en ces temps troubles.
Cette musique retrouve une sensualité dangereuse (Fear), des lumières désertico-romantico-dramatiques sur Imaginary romance (on pense par certains égards à quelques titres de Black light de Calexico). Bien que la musique nous évoque une certaine aridité de paysages désertiques, la production est à son exact opposé. Gros point fort de l’EP, elle est chaude, mets parfaitement chaque aspect des morceaux en valeur : une basse présente, qui donne le pouls, une batterie appuyée sachant se faire discrète quand il le faut, guitares divines, plus ou moins légèrement électrifiées, possédant un beau trémolo expressif quand et comme il se doit, comme pour nous rappeler l’afflux nerveux qui déclenche la salve tant attendue d’émotions. Et puis la voix, mixée légèrement en avant, nous transporte véritablement. Les choeurs n’ont rien à y redire, puisqu’ils apportent leur nuance salvatrice.
Venus retrograde nous propose un slow impeccable pour danser sur une piste de danse d’un rade perdu au fin fond d’un western moderne. Plein d’une langueur mélancolique, ce titre porte néanmoins un message plein d’un espoir en un avenir moins sombre (le solo de guitare hisse la fin du morceau sur un petit nuage). Enfin, Mexico referme cet EP nous faisant forte impression. Dans une tonalité relativement similaire à Venus retrograde, il quitte le slow pour une balade (et ballade) du côté du Mexique, avec quelques petits arpèges que nous retrouvons parfois chez Phoenix (et c’est un compliment).
Sans fausse note, Chasing light fait du bien par où il passe, nous extirpe sans forcer du froid de l’hiver pour nous installer directement au cœur de l’été, là où les histoires se font, se défont, oui, mais toujours avec passion. Une passion que nous retrouvons dans ce magnifique EP.
Nous retrouver sur FB, instagram, twitter
On pense à Tamar Aphek