EMILY PELLO, Time space love (déjà disponible)
4é album autoproduit.
Time space love est un album qu’on pourrait qualifier de feel good. Emily Pello y dissémine, au fur et à mesure de ces onze titres, un peu de son âme vagabonde. Il est vrai que cette artiste voyageuse y met beaucoup d’elle-même, beaucoup de son regard sur le monde, tout comme sur son rapport à la vie. En mêlant éléments folk, jazz, pop, la chanteuse nous embarque dans un univers riche, coloré, jouant toujours sur le fil d’une émotion sincère.
Comme le collage ornant la pochette de l’album, ce qui constitue ce disque est une succession de titre piochant çà et là dans les inspirations de la chanteuse/autrice/compositrice et productrice. Si une grande part est a rapprocher du jazz (sa manière de chanter, certaines instrumentations), elle ouvre bien grand son registre vers des musiques plus accessibles, réussissant un habile équilibre entre musique de divertissement et musique plus cérébrale.
Ainsi, amoureux de belles mélodies et d’arrangements soignés y trouveront un album d’une très belle qualité, tant dans la composition que dans l’interprétation.
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Passé, présent, futur.
Cet album n’est pas exempt d’une certaine nostalgie, renvoyant vers un passé lumineux, et plutôt heureux, serein. Une nouvelle fois, la pochette de l’album en est un bon indicateur puisque nous y voyons l’artiste à plusieurs moments de sa vie. De la même manière, sa musique s’oriente volontiers dans une direction vintage, même si la production est tout à fait actuelle. Cette direction vintage serait plutôt celle qui correspondrait à un classic rock de très belle facture.
Pas forcément de grosses surprises à ce niveau. Les compositions sont efficaces, souvent agrémentées d’une pointe de rythme and blues, d’arrangements jazzy évidemment, de folk, country (Jean et Jo), de blues rock (L’herbe folle), pop (Still feel love). Elles sont auréolées d’une production absolument impeccable, chaude, boisée, nous évoquant un grand studio d’enregistrement, plutôt cosy. Il réside, rien que dans le son, une certaine notion d’élégance.
Celle-ci est renforcée par la qualité du chant, des instrumentations. Rien de racoleur sur l’album, tout est tourné vers un raffinement jamais ostentatoire, toujours de bon goût. Et mine de rien, cela fait la différence.
Offrir du plaisir.
Ce qui déborde de Time space love, c’est ce sentiment positif qui en irradie littéralement. Emily Pello se fait plaisir, mais ce plaisir, elle le partage avec nous. Alternant chant en français et en anglais, osant une poésie légèrement surréaliste, elle nous enivre par une foule d’émotions contrastées. Quelques fois, une très légère mélancolie habite ses morceaux, mais ce sont plutôt des sentiments positifs qui en ressortent de façon significative.
Le partage en est un. Nous sentons un désir de transmission très vif émerger de cet album. Comme une conteuse, Emily Pello raconte ces existences anonymes qui dégagent toutes une universalité sans frontières. Il se dégage de Time space love une notion très forte de ce qui lie les Hommes entre eux, de bonheur communicatif qui serait transmis par la simple succession de quelques notes de musique.
Il n’y a aucune prétention dans ce disque. Il est en quelque sorte un cliché pris par sa génitrice, un cliché de ce qu’était sa vie et son état d’esprit au moment précis où elle a écrit les chansons. On sent un apaisement, quelques interrogations, mais le propos reste toujours orienté vers l’avant, vers la vie. C’est d’ailleurs ce filet de vie qui s’étire sur les onze titres du disque, et cela nous gonfle d’une forme de sérénité grisante.
Technique, mais pas démonstratif.
Nous sentons sur tous les titres, relativement différents les uns des autres, sans que cela rende disque hétérogène pour autant, une grande maîtrise technique. Qu’il s’agisse du chant, de la voix (très élastique) ou des instrumentations, tout montre une aisance dingue. Cependant, qu’il s’agisse d’Emily Pello ou des musiciens qui l’accompagnent, nous sentons une grande humilité émaner de Time Space love.
Celle-ci n’a d’autre effet sur nous que de nous rendre un peu plus amoureux du contenu qu’il renferme. Comme dans un voyage, on se laisse bercer par les couleurs, les textures, les senteurs que font naître chaque morceau. Et comme dans un tourbillon, on se laisse embarquer, sans crainte de savoir où tout cela débouchera, car tout est fait pour nous rassurer, comme si tous les intervenants sur ce disque nous tenaient par la main en nous disant que tout ira bien.
Time space love est donc un album d’une rare élégance, peut-être pas le plus original sur la forme des compositions (n’attendez pas d’expérimentations ou de structures alambiquées), mais toujours d’une grande qualité sur le fond. Tout cet album rayonne d’une joie, celle de célébrer le moment présent, sans trop se soucier de ce qui est négatif. On ressort du disque heureux, et c’est loin d’être anodin, car cela n’arrive pas si souvent. On prend ainsi plaisir à le replacer sur la platine lorsqu’un moment de moins bien s’empare de nous. Et ainsi, on regagne en énergie, nous sommes prêts à affronter le jour qui s’annonce. Grisant.
LE titre de Space time love.
C’est un peu compliqué de choisir un titre en particulier, notamment parce que certains nous séduisent par une ligne de chant absolument addictive (comme Is there anything), d’autres par des sonorités qui nous parlent particulièrement (You will find me par exemple). Du coup, il faut trouver celui qui marie les deux. Et puis, comme il n’y a pas de morceau faible pour mettre en relief un morceau voisin, Emily Pello ne nous facilite pas la tâche.
Mais, il y a des morceaux plus forts malgré tout. Et celui qui nous semble le plus représenter l’album , malgré ses sonorités tranchant littéralement avec les autres présentes sur le disque, est Another Millenium. Alors comment ce titre, peut-être celui possédant la mélodie la plus mélancolique du disque, peut-il représenter le mieux l’esprit de Time space love ? Sans doute parce que nous sentons une chanteuse qui se met véritablement à nu, exprimant par sa voix ce qu’elle possède au plus profond d’elle. L’orgue nous séduit par la délicatesse de son motif, tandis que la rythmique (en battement de cœur), appuie délicatement le tempo.
Quand les autres instruments se greffent sur cette introduction minimaliste, mais déjà forte en émotions, ce n’est que pour rehausser l’intensité du thème. Toujours avec une pudeur bienvenue, Another millenium montre une délicatesse qui ne fera jamais défaut à l’album. Placé en 3é position sur la tracklist, il donne une impulsion qui ne se démentira pas par la suite. Et surtout, il éveille fortement l’attention de l’auditeur après deux premiers titres plus classiques.