[album] EL PERRO DEL MAR, Free land // intime…
Free land, nouveau mini-album (7 titres) d’El Perro Del Mar (déjà disponible chez Memphis Industries)
Nous revenons sur ce mini-album paru fin novembre. Nous avions pu parler du single Life is full of rewards qui nous avait mis les sens en ébullition. En effet, il y avait quelque chose dans ce titre qui faisait tilt chez nous, une sorte d’intimité dévoilée, pleine de pudeur, à travers les sonorités étouffées du titre. Celles-ci sont, et c’est une très bonne nouvelle, ultra-présentes sur Free land, et nous ravissent au plus haut point.
En effet, nous avons l’impression d’être en plein brouillard à l’écoute de l’album. L’introduction ne nous laisse pas le choix que d’entrer dans un univers totalement à part, où la lumière solaire des mélodies côtoie une brume épaisse, humide et froide émanant des instrumentations et de la voix à peine discernable ‘une au-dessus/dessous de l’autre. Cette dualité nous place dans une posture pleine d’attente. Nous tendons l’oreille, sommes vigilants à chaque son qui nous parvient, autant le chant que les parties purement instrumentales.
Un équilibre fragile.
Chacune des deux parties s’exprime avec prudence, comme si elles cheminaient sur un fil d’acier, suspendu dans le vide. La chute peut être mortelle, il convient donc de maintenir cet équilibre coûte que coûte. D’un côté, les lignes de chant, de l’autre, une musique pop cernée d’effets électroniques, le tout reposant sur un effet psychédélique, ou plutôt un effet d’ébriété. En effet, à l’écoute, c’est comme si nous avions bu plusieurs verres d’alcool, et que notre ouïe perdait de ses réflexes. Tout aurait tendance à s’emmêler, mais fort heureusement, El Perro Del Mar parvient à maintenir chaque spécificité de sa musique de chaque côté du balancier.
Résultat, elle ne se casse jamais la figure. Bien au contraire, elle tire une force énigmatique de sa musique, une puissance venant du sol et, dans un entonnoir inversé, la redistribue en corolle dans un ciel qui peut paraître tourmenté. Pourtant, cet album, mélancolique d’apparence, dégage aussi autre chose de plus positif, une sorte de foi, en soi, en l’autre, comme un mariage céleste réussit entre le soleil et la lune.
Sans démonstration excessive.
Si cet album fonctionne aussi bien, c’est avant tout parce que El Perro Del Mar maintient son intégrité en son sein. C’est-à-dire que nous sentons chez elle une pudeur non-feinte, qui évite toute impression de racolage. Il n’y a rien de facile dans cet album, mais un sentiment pieux, d’une foudroyante honnêteté, nous saisit de bout en bout de Free land. En restant dans des frontières qu’elle a elle-même esquissées, elle en remplit chaque recoin, sans en déborder , et surtout sans verser dans un excès qui en détruirait toute la magie.
En seulement 22 minutes, Free land nous embarque dans un univers d’une cohérence sans failles, sans nous heurter, mais en laissant simplement le pouvoir de la musique s’imprégner en nous et nous transporter loin, très loin en dedans de nous et du monde. L’impression de liberté est aussi vaste (en ressentis) qu’elle peut paraître restreinte dans l’épure des compositions de l’artiste. L’univers d’El Perro Del Mar nous renverse et un titre comme Dreamers change the world vaut à lui seul bien des discours.
Simplement magique.
Revoir la vidéo de Life is full of rewards