DUVEL, en route vers un postrock lumineux

duvelDeuxième album disponible chez Fysisk Format.

Duvel nous propose son deuxième album, un concentré de post rock d’inspiration 80’s qui, contrairement à pas mal de ses contemporains, nous délivre une musique dégageant principalement un sentiment euphorisant. En 9 titres et 30 minutes, le groupe norvégien nous ramène 40 ans en arrière, à une époque où les Cures cartonnaient.

Si nous faisons référence au groupe de Robert Smith, c’est parce que nous trouvons dans la voix de Jack Holldorff, qui officie également à la guitare, un petit air de ressemblance pas du tout désagréable. L’autre point commun avec The Cure se situe dans ces sonorités empruntées à la cold wave/new wave. Mais les ressemblances s’arrêtent là.

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Un quatuor.

Duvel était à la base un trio composé de Jack Holldorff donc, de Zacharias Flaathe (basse) et Brage Lindebrekke (batterie). Après leur premier album, Kaspar Nikolaisen Hegre les a rejoints aux claviers. Cet ajout n’est pas des moindres car il apporte ici des touches lumineuses indéniables, rendant la musique du groupe moins sombre, plus légère. L’impression qui réside à la première écoute de Duvel, c’est que si les contours post punk sont effectivement bien esquissés, le groupe nous conduit plutôt en terre rock.

Nous parlions d’un sentiment euphorisant à l’écoute de cet album ? Pourquoi ? Simplement parce que les rythmiques sont sur la majorité des titres très enlevés. Trépidantes, elles nous empêchent de rester statique, nous donnant des fourmis dans les jambes et une furieuse envie de bondir un peu partout dans le salon. Cette débauche d’énergie n’est pas seulement une invitation à la danse, car la musique des norvégiens est bien plus nuancée que cela.

En effet, la voix est ici relativement mordante. Nous utilisons le terme « relativement » parce qu’elle reste inspirée du punk, avec des relances appuyées, avec ce petit côté éraillé qui va bien, mais qu’elle sait aussi proposer des parties chantées plus « douces ». Ainsi, l’ambivalence hargne/douceur fonctionne à plein régime et donne un effet de volume assez grisant.

Des guitares un peu en arrière.

Nous le disions, l’apport du clavier n’est pas anodin sur ce disque. Au point que ceux-ci passent aux avant-postes, relayant les guitares au rôle de rythmique. Est-ce un mal ? Sans doute pas, puisque cela permet à la fois au chanteur de pouvoir se concentrer pleinement sur le chant (dont les lignes sont d’une redoutable efficacité mélodique) et au clavier de nous placer dans un univers propice à une forme de rêverie.

Car oui, un petit sentiment onirique nous habite sur Duvel. Il nous donne parfois l’impression d’être en présence d’un groupe comme Coldplay, à une époque où ça n’était pas encore devenu du grand guignol. Les mélodies nous portent donc vers l’avant, nous allègent d’un poids et se débarrassent de toute noirceur post punk pour s’acoquiner avec un son pop rock plus facile d’accès, sans basculer du côté obscur du mainstream.

Cela dit, plus facile d’accès ne signifie pas pour autant que le groupe cède à la facilité. Si l’on excepte le très surprenant Rooftops qui apparaît presque anachronique ici, avec son rock old school, tout reste dans un giron plutôt très bien défini. Les garçons ont un esprit rebelle, cela ne fait pas de doute, et si leur post punk semble s’être assagi, on en devine néanmoins des réminiscences jamais très lointaines.

En phase avec l’époque.

Bien qu’en ligne directe avec les sonorités des années 80, nous sentons que la production de Duvel s’avère en totale adéquation avec les sons (postpunk ou autre rock indé) du moment. La batterie reste sobre, les claviers ne jouant pas le côté kitsch à l’excès (quasiment pas du tout à vrai dire), et les guitare basse batterie proposent une assise actuelle quant à leurs sonorités.

Autrement dit, pas de sensation de peaux détendues pour un rendu ample sur les futs de la batterie (qui reste « claquante »), pas de réverb sur les voix et guitare (enfin juste ce qu’il faut pour donner de l’ampleur, sans jamais tomber dans le dégoulinant). Bref, la référence est là, mais elle est digérée et dirigée vers une autre fonction. Car, comme nous le savons tous, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.

Cette devise, le groupe semble l’avoir faite sienne. Ce nouvel opus s’avère enthousiasmant, d’un optimisme rare par les temps qui courent, et qui va un peu à contre-courant du mouvement post punk traditionnel. Cela nous montre un groupe dont la parole pourrait compter dans les mois à venir !

LE titre de Duvel

Hong Kong sex toy store nous fait une formidable impression. Deuxième titre de l’album, après le très très bon titre d’ouverture Church bells, il déboule avec une énergie digne d’une éruption volcanique. Tout y est au diapason. Une rythmique folle, un chant engagé, une ligne mélodique, tant au niveau du chant qu’instrumental, donne un titre ensorcelant, addictif, qui a l’extrême bon goût de ne pas sonner « chinois », comme c’est hélas souvent le cas lorsque le nom d’une ville de ce pays s’invite dans le titre d’une chanson.

La référence à Hong Kong, ou à son imaginaire existe pourtant, mais de façon tellement discrète, et tellement noyée dans une musique d’inspiration britannique, que ça passe crème. Bref, on aime beaucoup ce titre qui arrive à surnager du trio de tête de très belle facture. Preuve que ce morceau possède un petit truc en plus, non ?

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