[CHRONIQUE] DAVODKA, À juste titre, rap mature
DAVODKA, À juste titre (déjà disponible chez LeVers2Trop Production)
Le rap est toujours délicat à aborder nous concernant. Seuls quelques rares élus trouvent grâce à nos oreilles. C’est le cas de Davodka qui, avec son LP À juste titre, arrive autant à nous émouvoir qu’à nous ravir par la pertinence de sa plume, pas du tout trempée dans le miel. Ici, le propos est clair, ça plaît ou ça ne plaît pas, et nous, ça nous fait grave plaisir.
Oldschool.
Mais avant toute chose, dévoilons pourquoi l’écoute de cet album s’est faite sans heurts. Il est vrai que pour nous, le rap actuel ne sait surfer que sur une seule vague, c’est-à-dire des musiques souvent tristement banales sur lesquelles bon nombre de rappeurs usent et abusent de l’auto-thune, une hérésie à notre goût. Avec Davodka, point d’auto-thune il y a, et musicalement ça tient joliment la route. Les arrangements sont soignés (le piano sonne, parfois une guitare espagnole se fait entendre) et servent à merveille des textes pleins de maturité et de conscience (Enfant du monde par exemple), loin des clichés du genre rap = cité = taspé = fumette.
Ce sont ces textes qui font mouche. Quand Davodka critique ouvertement le milieu qui fait de la merde mais on s’en fout parce que c’est à la mode ou quand il parle avec ses tripes de la paternité, le résultat est toujours captivant, souvent piquant, parfois très émouvant, toujours juste et bien pensé.
Textes ciselés.
Les textes sont donc le point fort de Davodka (même si nous le répétons, sa musique est elle aussi haut de gamme et surfant sur des sons typés oldschool). Il nous semble que deux lignes majeures se disputent l’album, la première concerne la musique, la seconde la famille (même si d’autres thèmes sont abordés, comme la boisson, les gardes à vue). Dans le premier cas, Davodka épingle ses pairs, les accusant souvent de viser l’argent plutôt que la qualité de leurs compositions. Il remarque également ce manque d’originalité pour coller au mieux aux goûts du moment.
Il punaise aussi à son mur de la honte la qualité d’écriture sans cesse déclinante, les rimes faciles. Ce manque d’ambition desservant la cause rap et surtout entrainant les jeunes dans cette médiocrité, Davodka a du mal à la supporter, lui qui se donne du mal pour atteindre un niveau qu’il juge bon. L’éthique a un prix, celui de la conscience propre, ce que le rappeur revendique.
La paternité.
Mais là où ce disque nous touche, nous émeut, c’est quand il parle de paternité. Son titre Petit Miroir (feat Dooz Kawa) est simplement une superbe déclaration d’amour. Point de rupture, Dernière tournée, en font tous deux allusions également, de toute aussi belle manière, mais ce monologue de Petit Miroir d’un père à son fils nous parle profondément.
Le côté très tendre découlant de ses textes nous offre une facette loin du bling-bling habituel de certains rappeurs. Cette facette de Davodka ne tend qu’à nous faire aimer l’autre, plus rentre dedans, toujours sans langue de bois. À juste titre dégage un parfum de sincérité qu’il nous est très dur de remettre en question. Si toutefois Davodka n’était pas sincère, sa plume est virtuose pour nous amener à le penser.
Enfin, pour terminer, nous dirions que cet album, et ce rapport à la paternité, sont en exacte opposition avec l’album La fin de l’espèce du Klub des loosers. Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, nous validons cet esprit rap respectueux de ceux qui écoutent, par des choix artistiques forts qui, s’ils ne payent pas comme beaucoup de bouses « à la mode », ont le mérite d’exister et de nous prouver qu’il reste un espoir, que la médiocrité sera toujours repoussée par des œuvres de cette force.
Site officiel Davodka
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