[ALBUM] CHIENS DE FAÏENCE, Fail and fold, lofi
Fail and fold, deuxième album de Chiens de faïence, déjà disponible (Howlin Banana records/ Hellzapoppin’records/Safe in The Rain records)
Dès l’entame de Fail and Fold, nous savons que nous sommes en territoire conquis. Enfin, disons que nous sommes conquis d’emblée par ces quelques premières notes, et que nous restons scotchés à cet album de pop lo-fi qui fleure bon le « fait à la maison ». Avec Fail and fold, Chiens de faïence nous transporte dans un univers coloré, sans prise de tête, à l’innocence rafraîchissante.
Attention, rien de péjoratif !
Quand nous disons innocence rafraîchissante, n’y lisez rien de péjoratif, de paternaliste, ou autres choses du même tonneau. Les musiciens du groupes possèdent une grâce incroyable, celle de n’avoir été perverti, artistiquement parlant, par absolument rien du tout. Un peu comme si le trio (une femme, deux hommes), avait découvert la musique hier, s’étaient saisis d’une guitare, d’une batterie, d’une basse, de percussions et s’était mis spontanément à jouer, et à chanter (et à nous enchanter).
Cette spontanéité, cette fraîcheur, semble dès lors couler de source. Comme si elle s’écoulait dans les veines mêmes du combo. Nous pourrions donc craindre un côté brouillon, dans la production ou la composition, mais il n’en est rien. Certes, nous sommes dans une production relativement basique, comme si enregistrée sur un quatre pistes analogiques, genre au début des seventies, mais elle donne une dimension absolument géniale à l’album. Pas de gros effets, pas d’arrangements dégoulinant de guimauve, simplement une sobriété euphorisante qui colle à la perfection à l’identité du groupe.
Musique au coeur.
60 années de pop musique, et Chiens de faïence se pose là avec un album brut, sans fioritures intempestives. Il représente la quintessence punk, mais version pop (mais est-ce si incompatible au final?), c’est-à-dire en revenant aux fondamentaux. Ceux-ci consistent en des instruments enregistrés live (ou qui donnent cette impression très forte de spontanéité), en des voix pures (ou peu trafiquées, avec seulement une réverb’, et peut-être un soupçon de disto, à moins que celle-ci ne soit le fruit du micro), et surtout en un art de la mélodie qui fait mouche, instantanément, tout au long de l’album.
Ne vous attendez pas à des sonorités léchées, à des effets de malades, ici, tout est dans la sobriété. Et cela fonctionne à merveille ! Nous l’expliquons plutôt aisément (mais Chiens de faïence nous mâche le travail) : tout repose dans l’évidence des morceaux (et dans des choeurs absolument parfaits). Cette évidence est mélodique, cela ne fait aucun doute, elle porte vraiment l’album de bout en bout. Mais elle existe aussi à travers des compositions malines, nous évoquant à la fois Jonathan Richman et Syd Barrett. Un américain, un anglais. Imparable.
On peut tous faire de la musique.
Mais l’âme qui émane de Fail and fold est bien plus vaste que cela. Elle nous pousse à nous dire que tous, nous pouvons faire de la musique. Le groupe nous démontre que sans moyens (ou avec une forte économie de ceux-ci), il est possible de faire une musique attirante, sexy, inventive, quand bien même nous nous disons, des fois (souvent), que tout à déjà été dit ou fait. En gros, ce LP est un doigt à ceux qui se cherchent des excuses bidons pour ne pas s’y mettre.
Mais il y a quand même un élément qu’il ne faut pas négliger. Chiens de faïence écrit super bien. Que se soit en anglais (majoritairement) ou en français, le groupe ne se fout pas de nous. Alors oui, nous pouvons tous faire de la musique, mais nous ne sommes pas tous capable d’atteindre cette forme de perfection qui combine précision et spontanéité, mots qui tombent justes et énergie « juvénile ». Écrire une chanson n’est jamais chose aisée, le combo nous démontre à quel point son écriture est ciselée, et ce n’est donc pas par hasard que ce disque, lumineux de part en part, nous fait de tels yeux doux.
LE titre de Fail and Fold.
Pour nous, mais ça fera débat, c’est Pimple nation. Bon on rigole, ça ne fera pas débat, mais on adore ce morceau. Parce qu’il est définitif, un peu comme les pépites de Barrett, avant qu’il ne parte vers d’autres cieux. Peu importe l’accent un peu limite, peu importe la rythmique peu démonstrative (et calquée sur celle de la guitare, sur le couplet en tout cas), ce morceau est de ceux que la pop a fait de mieux. Parce que ça fonctionne à tous les coups, parce que c’est frais, parce que c’est surprenant aussi.
Pour nous, il évoque un peu Bike sur Pipper at the gate of dawn des Floyd, dans l’esprit du moins. L’apport de clavier donne cette touche pop psychédélique absolument imparable, les choeurs également, et ce solo un peu dans les cordes (c’est-à-dire acculé au fond du temps) aussi . Nous on adore ! Et toc !
Revoir Echo Head.
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