[ALBUM] CARIBOU BÂTARD, Imaginary friends
Imaginary friends, debut album de Caribou Bâtard (Blue end records, dispo le 31/08)
Rouen, c’est un secret de Polichinelle (dans le tiroir), est une ville rock. Sans doute que les émanations lubrizolesques y sont pour quelque chose puisqu’elles semblent réconcilier punk, hardcore, pop et monde de bisounours. La preuve en est avec Imaginary Friends, de Caribou Bâtard, qui mélange mélodies pop imparables sur fond de gros son bien crado et bien do it yourself. Résultat : un album arc-en-ciel qui fait du bien par où il passe (si tant est que tout soit bien lubrifié).
Évidence.
Ce 8 titres sonne comme une forme d’évidence. Elle nous gueule comme ça, à 2 mm des tympans, que les frontières entre les genres doivent être abolies, qu’il faut faire la musique dont on a envie, d’être de furieuses braves gens, des insoumis la fleur au fusil, capable de cris gutturaux comme de choeurs surf rock lumineux.
Alors c’est sûr, la production est rugueuse, le son un peu tassé sur lui-même, un peu à l’exact opposé, sur le cercle harmonique, sur l’ouverture d’esprit du duo. Parce que ces types sont ouverts et souples, en témoigne le grand écart entre fureur no future et douceur pop bucolique. Pourquoi faire ce que tout le monde attend si cela ne nous correspond pas totalement ( parce que le moyennement, ça va bien deux minutes, mais le moyen, même s’il justifie la fin, laisse souvent entrer le flou du loup dans la bergerie) ? Caribou Bâtard envoie valdinguer tout schéma préétablit, toutes convenances (ou toute absence de convenances) pour proposer un album à son image.
(Attention, ce morceau ne figure pas sur Imaginary Friends)
Rafraîchissant comme un parpaing en pleine tronche.
Alors c’est vrai, ça ébouriffe violemment gentiment les cheveux. Ça respire la candeur et l’innocence (de celle qui dit qu’il faut sortir des sentiers battus) sur fond de rage adolescente. Même si nous sentons un côté fleur bleue jamais très loin, le groupe aiguise ses guitares et ses rythmiques pour envoyer son message en plein dans tes dents. Il dit, ce message, simplement : LIBERTÉ !
Liberté émancipatoire de faire ce qui nous plaît, avant qu’il soit trop tard. De mélanger hardcore et beauté pop lo-fi, de proposer des guitares bipolaires, scintillantes ou ultra distordues, accalmie ou tempête, en faisant fi des « qu’en dira-t-on ? ». Imaginary friends est rock, il est pur, il est roll aussi, comme une épure.
Technique ? Émotion !
Plus que la technique, nous ressentons, à l’écoute de ces vingt et quelques minutes, une émotion particulière. Une fougue bienveillante, en quelque sorte. Comme une envie de déconne cachée derrière un son âpre aux arrangements, certes un peu noyés dans le bouillonnement des décibels, mais toujours présents, en arrière-plan. Ils apportent à l’ensemble une tenue de route indéfectible, une assise mélodique certaine, même lorsque tout les curseurs basculent dans le rouge hardcore.
Au final, cet album, ou mini-album à la vue de sa brièveté, nous replonge avec joie dans cette effervescence propre au début de l’âge adulte, c’est-à-dire encore assez jeune pour ne pas avoir perdu (toutes) nos illusions, mais plus totalement enfant pour pouvoir s’indigner de la connerie du monde et s’en nourrir pour se construire une âme. Il ne reste désormais plus qu’à attendre la suite des événements, avec notamment des concerts ou l’énergie de Caribou Bâtard devrait se montrer contagieux comme un virus duquel il ne faut absolument pas se protéger.
(Attention, ce morceau figure sur Imaginary Friends)
LE titre d’Imaginary friends.
Bendo pesto, non ? Si ! Et plutôt deux fois qu’une ! Alternance de mélodies pop, de chant à la frontière de guttural, choeurs hooooooooo en contrepoint, de mur de son, il résume à lui seul, ce titre, l’esprit qui règne sur Imaginary friends (à savoir que Rage against the machine se serait reproduit avec Pulp). Et plutôt que de longs discours, une écoute s’impose. Allez hop !
On pense forcément à We hate you please die (parce que Joseph, le guitariste, et choeurs, et l’un des deux larrons de Caribou Bâtard, eh ouais!)