Avec Boat, PIP BLOM joue le renouveau d’un rock à guitare jubilatoire

pip blom boat chroniquePip Blom, premier album Boat déjà disponible (heavenly recordings/ [PIAS])

Des disques comme ça, on n’en fait plus. Ou on n’en refait pas encore. Enfin bref, Boat de Pip Blom possède comme un parfum d’innocence que ne viennent pas renier des compositions au cordeau, simples, efficaces, mais laissant souffler une fraîcheur salvatrice.

Innocence.

À croire que pour composer de bonnes chansons rock il faut reprendre les choses à zéro. C’est ce que semble faire ici Pip Blom, avec comme une forme d’arrogance, celle de la jeunesse (rien de méchant quoi). Ici, ritournelles obsédantes se disputent la part du lion avec des musiques qui vont droit au but. Gimmicks et riffs, formules sacrées du rock n’ roll, trouvent ici un souffle nouveau, portée par une personnalité que nous soupçonnons d’être fortement sympathique, à l’image de sa musique en tout cas.

Tout d’abord, il faut savoir que Pip Blom est une self made woman. Extrêmement timide depuis l’enfance, elle se met en danger en participant à un concours d’écriture pour lequel elle prépare un set de 20 minutes (ayant pour cela appris les « codes » de la guitare sur un modèle Loog à deux cordes facilitant l’apprentissage dudit instrument). Elle termine en demi-finale, mais elle a trouvé sa voie. Aujourd’hui, elle s’épanouit en groupe, ce qui se ressent et nous transporte.

Fait maison.

Nous retrouvons pour cet esprit DIY (qui a fait qu’elle soit repérée) tout au long de Boat. Avant sa signature chez Heavenly Recordings, la jeune femme s’est faite remarquée par son style, ses programmations de batterie faites à la maison, par le fait, aussi, qu’elle joue à la fois de la basse et de la guitare. Bref, qu’elle maîtrise la chaîne de construction d’un morceau du début à la fin, seule, et de manière intuitive, cohérente.

Boat sonne juvénile, dénué de tout plan de carrière. Comme si Pip Blom s’en foutait de réussir, du moment qu’il fasse son taf sérieusement, à la manière qui lui convient. Dès le premier titre Daddy Issues, le ton est donné : l’ensemble sonne comme une petite ritournelle obsédante, adolescente, un peu comme une comptine dopée aux guitares électriques. Les mélodies sont d’une efficacité redoutable, renforcées par une voix qui joue crânement sa ligne de chant, comme pour nous défier de faire mieux.

Avec cette formule, Pip Blom renoue avec un rock à guitare de très bonne facture. Si l’ensemble est simple, il transpire l’esprit rock n’roll à 200 %. Deux accords et le tour est joué, sans pour autant sombrer dans un jeu répétitif peu inspiré. Bien au contraire ! Il y a ici comme un vent de révolte que transporteraient avec fierté distorsion et fuzz.

Abrasif antiseptique

Le son de Pip Blom est assez rugueux. La production de la voix la rend blanche à souhait, l’enregistrement Lo-Fi tendant à maintenir l’ensemble dans un esprit garage diablement séduisant. Le grain qui habite l’ensemble de Boat nous transpose gentiment à une époque révolue, coincée dans une faille spatio-temporelle entre les 70’s et les 90’s (et snobant complètement les 80’s).

De gros riffs bien bluesy à l’esprit indé bien marqué, rock avec ce petit côté instantanément jubilatoire, Pip Blom, jusqu’au bout du médiator, montre les crocs, alterne morceaux joyeux et textes plus mélancoliques avec la même réussite. Le disque repose bien évidemment sur des guitares affûtées, mais également sur une basse lourde et des rythmiques basiques mais efficaces.

Pourtant, ce qui fait la différence, c’est la voix de Pip Blom qui, tel un vent vivifiant, vient effleurer nos tympans. Souvent, elle crée un groove pop, par on ne sait quel prodige, par un léger décalage ou par l’inventivité de ses lignes de chant, qui emprunte autant au rock qu’au grunge.

Antidépresseur.

Boat est un parfait remède à la mélancolie. Son approche et son côté teenagers contribuent largement à ce petit vent de fraicheur qui nous manquait. L’esprit libéré de sa créatrice n’y est pas pour rien car nous sentons une liberté totale de ton découler des 10 titres de l’album.

Nous y sentons aussi une ferveur, une générosité dans cette musique, quelque chose qui nous dirait que la vie n’est pas moche, qu’il y a de la beauté partout, qu’il fait beau et que les oiseaux chantent. Un disque comme on n’en fait plus (et comme on n’en refait pas encore suffisamment). Espérons que Pip Blom ouvre la voie à d’autres productions de cet acabit !


Site officiel Pip Blom

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