BERYCE, Alive, une certaine idée de la folk
Nouvel EP
La folk est un genre qui peut paraître engoncé dans des codes, qui souffrent peut-être d’un manque de modernité. Si cela est vrai pour une grande partie de cette scène, notamment musicalement parlant (la folk repose tout de même sur une base acoustique dont il nous paraît très difficile de se défaire), elle n’est pas non plus une vérité absolue. Beryce nous le démontre en nous proposant Alone, album folk, respirant le bon air des forêts nord-américaines, qui mélange instruments acoustiques et électriques, avec quelques touches de modernité disséminées ici et là et qui rehaussent le tout d’une aura totalement en phase avec l’époque.
Si musicalement la folk reste assez traditionnelle, elle est en revanche bien plus moderne dans ses thématiques (pour une très grande majorité des groupes aujourd’hui). Certes, les thèmes récurrents de la musique populaire sont évidemment de la partie, mais les impacts de nos activités sur la nature sont ici en grande partie pointés du bout du stylo. Forcément, folk = nature, en tout cas dans l’imaginaire quant à ce style musical, ce qui fait que les acteurs de ce courant sont en première ligne pour nous parler de ces dérèglements qui vont du pire au encore pire. Beryce ne fait pas exception à la règle.
En détail.
Beryce est un musicien Nantais qui nous propose donc une folk en prise avec l’actualité, tant musicale que sociétale. Outre les traditionnelles guitares folk, batterie, basse, on retrouve en plus quelques touches de piano, des cordes, ainsi que certains traitements électroniques, comme sur la voix (Falling).
Respectant la forme elle aussi traditionnelle du couplet refrain couplet refrain pont couplet refrain…, ces compositions n’en demeurent pas moins efficaces. Pourquoi ? Parce que Beryce parvient à y glisser ses convictions, sa sincérité, le tout porté par une voix sans défaut. Elle est expressive, chaude, ne souffre d’aucun problème d’accent. Son séjour au Canada deux années durant n’y est peut-être pas pour rien, d’autant plus que nous sentons un proximité directe, musicalement parlant, avec l’Amérique du nord sur ce 5 titres à l’émotion allant crescendo.
Joie, sentiments plus profonds.
Tout commence dans une certaine allégresse. La joie, ce sentiment synonyme de légèreté nous attrape par la main et nous entraine dans sa suite avec des morceaux aux rythmiques enlevés, des cordes parfaites pour danser sur la piste d’un saloon, en rentrant d’une journée comme les autres, dans cette rivière où l’orpailleur cherche à faire fortune. Image d’Épinal, oui, totalement, mais il n’empêche, les sensations nous rappellent à ce petit quelque chose que l’on nomme l’inconscient collectif.
Donc tout commence de façon plutôt légère. Alive, en vie, parle pour lui-même. Début folk pur, puis l’ampleur d’une production à la fois respectueuse des standards et aventureuse (les basses sont plutôt profondes, on ressent pleinement la montée d’intensité conjointe entre la voix et cette pulsation qui nous transportent). Nous retrouvons, mais avec des sonorités un peu plus grave, le même type de schéma sur Shine the light alone, morceau pivot dont l’importance n’est pas à minimiser. Il fait le lien entre les deux parties de l’EP (celle plus joyeuse, celle plus consciente), mais il permet aussi de montrer un peu plus la diversité de la palette émotionnelle du chant de Beryce.
Une notion spéciale à Up High, morceau légèrement relativement classique dans sa forme, mais il possède à la fois la capacité de plaire à ceux qui sont fortement attirés par un folklore d’influences celtiques (les cordes dégagent cette identité), et ceux qui aiment danser. Pour le reste, impossible de résister à ce hit en puissance.
Mais la mélancolie, ou la tristesse…
…semblent de mise, ou du moins comme une prise de conscience, plus grave, sans aller jusqu’à être totalement sombre. Shine the light alone s’inscrit dans une constatation, de cette course effrénée à la consommation et, forcément, de ses impacts sur le monde qui nous entoure. La fin de l’Ep se trouve plus fortement teintée de ces ambiances légèrement cafardeuses, sans pour autant l’être totalement ; on échappe ainsi à la sinistrose et nous ne nous désolidarisons pas du disque.
Celui-ci, par sa tracklist, permet de garder sa cohésion mais également d’amplifier sa force évocatrice. Impossible de ne pas accrocher, même si la teneur du disque change, évolue légèrement entre le premier morceau et le cinquième. Un peu comme une prise de conscience qui nous ferait dériver du point de départ du disque. Une constante néanmoins, un espoir féroce, qui se termine sur les derniers mots de l’EP : All of your smile !
Comme une évidence, les compositions nous marquent, et nous remettons le disque sur la platine pour réentendre ces détails que nous avions loupé la première fois. La voix de Beryce participe à rendre tout cela plus intense, sans qu’il soit nécessaire d’en faire des caisses. La finesse règne donc sur ce Alone de très quelle qualité, qui nous dit que nous allons suivre de très près ce musicien.
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