BELLE PHOENIX and The Subterranean Sea, The glorious dead

Belle Phoenix the glorious dead1er album déjà disponible chez Beast Records

Les morts glorieux… Qui sont-ils ? Qu’y a-t-il de glorieux à mourir ? Peut-être en sauvant une personne du même châtiment, ou bien en tombant à vouloir défendre un idéal valable (pas celui qui nous paraît valable, mais celui qui est véritablement louable). Belle Phoenix nous donne à y réfléchir avec son premier album paru chez Beast Records puisqu’il s’intitule The glorious dead. Pourtant, ses couleurs, la foi qui en émane n’a rien de morbide, bien au contraire.

Le rock pratiqué par l’artiste australienne semble effectivement porté par un souffle incandescent de vie, un souffle inspiré par ses voyages, ses rencontres et les rêves clairvoyants (pour les aspects plutôt positifs), par la politique, les boulots sans issue et les relations ratées (pour ceux qui le sont moins). C’est peut-être grâce à son côté globe-trotter que la musique de Belle Phoenix ne sonne pas totalement Australien, pas totalement new-yorkaise, pas totalement Britannique, mais un subtil alliage entre ces trois entités monstrueuses, alliage, il va sans dire, totalement à notre goût.

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Rencontres.

L’album a commencé à New York, avec Mark Plati qui a entre autres bossé avec David Bowie, Lou Reed (excusez du peu). Avec Belle Phoenix, ils travaillent sur la vision de l’artiste, sur ce que doit être sa musique. En naissent quatre titres (Livin’ Life Blues, Dead Inside ! (Lost the dance), Maker Of The Man et The Glorious Dead), puis la musicienne rejoint l’Australie, ajoute une légère touche country à Soulkiller, puis décolle vers le Royaume-Uni pour y dénicher de nouveaux sons, de nouvelles tendances. Tout ce parcours se ressent, d’une façon ou d’une autre dans cet album.

On y retrouve le côté direct de New York, celui qui joue crânement sa chance, ce côté rugueux provenant d’Australie, qui prend le risque de s’exposer, et le côté instantané du rock anglais, qui enrobe le tout d’une coolitude détachée. Ce mélange permet aux 12 titres d’alterner les climats, passe de la ballade introspective à la déflagration rock pure et dure, en passant par les bons vieux blues revisités. Tout sonne d’une façon inédite, c’est-à-dire s’affranchissant des clichés inhérents à chaque nationalité ce qui a pour résultat de créer une cohérence inébranlable et une variété de thèmes. Aucune redite ne pointe le bout de son nez, pas plus que l’ennuie. Bien joué.

Le groupe.

C’est de retour en Australie, à Melbourne, que Belle Phoenix met sur pied son groupe. Elle y rencontre en effet le guitariste Osker Bickford et le batteur Tim O’Shannassy (tous deux de Brian Henry Hooper Band). Andrew McCubbin les rejoint à la basse et le groupe se baptise Belle Phoenix and The Subterranean Sea. Cette rencontre débouche donc sur The glorious dead, album à saisir avec précaution.

Pourquoi ? Parce qu’il s’avère tellement plein de vie que certains zombies pourraient bien se trouver en position latérale de sécurité en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. On sent presque une hargne dans la voix de Belle phoenix. Elle se traduit par une implication tranchante, de celle qui sait qu’elle n’a rien à perdre, que sa vie, toute sa vie repose sur cet amour incommensurable pour la musique. Il est brulant ce disque, comme la passion qui s’en échappe par grappes entières.

Le disque jouit en plus de cela d’une production très léchée, qui aurait pu atténuer son mordant. Qui aurait pu, mais ce n’est absolument pas le cas. En effet, la balance est extrêmement maîtrisée entre véhémence, passion et expression de ce que le cœur peut renfermer de plus sombre et de plus triste, de plus pur également, sans pour autant basculer dans un pathos de mauvais goût, ni s’envoler vers une musique désincarnée, privée d’âme.

Spleen et joie.

Nous sentons que Belle Phoenix en a bavé pour en arriver là. Nous sentons un cœur et un corps ayant été souvent bousculé, martyrisé, mais qui a su se forger à la fois une carapace protectrice et une armure pour combattre les mauvais penchants de l’être humain (les siens propres et ceux survenant de l’entourage). Pour autant, ce n’est pas un disque revanchard qui s’offre à nous, plutôt un disque proche de l’émancipation. Comme si Belle Phoenix gueulait à la face du monde qu’elle existe, qu’il faut compter sur elle désormais.

Il y a donc de la force, de l’émotion (magnifiée par l’apparition ponctuelle de cordes, violon et violoncelle), de la combativité, une part non feinte de mélancolie (mais de celle dont nous nous relevons, d’une façon ou d’une autre), une incroyable aura vitale, autant de conservation que de prise de risques. Ici, tout tient dans des compositions très abouties, juste assez classiques pour paraître familières, mais juste assez indépendantes pour paraître novatrices, pour être surprenantes.

Le propos de Belle Phoenix ne lui échappe jamais, tout comme cette voix élastique qui, on ne va pas vous mentir, nous fait des guilis dans le bide. Cet album rock, dégageant un blues parfois crépusculaire, réveillant quelques démons folk country se reposant sur leur laurier depuis une éternité, nous met les sens au court-bouillon. Cette nana, elle a du chien. Elle fait une musique qui vient des tripes, mais qui sait être sexy en diable. Bref, les morts peuvent bien être glorieux, mais aucune envie d’aller les rejoindre quand un tel album vient nous remettre d’aplomb.

LE titre de The glorious dead.

Nous comprenons parfaitement pourquoi l’album porte ce nom. Il est une manière d’exprimer que certains morts le sont après avoir accompli des actes, parfois insignifiants pour le commun des mortels mais qui ont une importance capitale pour ceux qui les remarquent ; Ainsi, nous pourrions dire que chacun des 12 titres est en soi un mort glorieux. Mais ça ne dit pas lequel nous botte au point de s’en repaître jusqu’à plus soif.

Grosse impression donc pour Dancing all the time, avec son côté un peu sépulcral, son spoken word légèrement angoissant (ou angoissé, on ne sait pas trop), reposant sur une basse légèrement oppressante, elle-même secondée par des guitares légèrement psychobilly. Quelques effets sur la voix, une présence démoniaque, une batterie mordante, pas écrasante pour autant, et le tour est joué. Ce titre, on le savoure, et il s’avère également idéal pour boire le sang de son ami, pas glorieux, directement sur sa tombe. Et toc !

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