[ALBUM] BACCHANTES // Tribu guerrière.

1er album de Bacchantes (déjà disponible chez Figures libres records)

Dans la catégorie des disques qui se démarquent de tout ce qui se fait, faisant fi des modes, de tout aspect commercial, voici Bacchantes. Ce disque, âpre, aride, mais aussi poétique, magique, propose, sous l’égide de 4 guerrières, un regard sur la société qui est la nôtre, en remettant aux avant-postes l’amour, la nature et la recherche de liberté. Pour ce faire, cette tribu de 4 femmes utilise une folk et des textes qui nous paraissent ancestraux.

Bon, pour la musique, nous n’allons pas vous cacher qu’elle n’est pas si ancestrale que ça puisque l’électricité y est utilisée, comme pour appuyer un propos, comme pour accentuer une colère. Mais une colère froide, (presque) jamais explosive, rentrée. Elle n’en est pas moins violente puisque, sous l’effet d’un bourdon évoquant, pourquoi pas, celui d’une vielle (mais c’est un harmonium indien en réalité), Bacchantes semble flirter avec l’orage.

Harmonies.

On pense, un peu, à un groupe comme Au revoir Simone. Parce que les 3 américaines mélangent leur voix avec dextérité, et que Bacchantes aussi. C’est l’un des points forts de ce disque, puisque c’est une signature vive, ultra-présente, dominante, qui donne corps à l’esprit de groupe. Il faut, nous le savons, être en parfaite osmose pour pouvoir se fondre dans la voix de l’autre, dans son mouvement, pour que l’âme s’y décuple, s’y multiplie. Alors, la voix lead parfois se double, parfois reste seule, mais portée par des choeurs. À moins que ceux-ci soient la base qui prend une forme singulière par la voix lead ? Tout est sur une même ligne d’intention, personne n’est plus en avant que d’autre (si ce n’est, peut-être, dans le mix, qui donne le contraste).

Tout s’imbrique, forme un tout, un amalgame dont il est impossible d’extraire la personnalité d’un seul des membres du groupes, au profit de la personnalité du groupe justement. Pour cette raison, nous ne citerons pas les musiciennes (nos collègues concurrents le feront). Pour nous, ce groupe est un tout, une force magnétique, un chant qui vient de ce que l’âme possède de plus profond, de plus terrien. Ces druides (existait-il des druides femmes?) sont en pleine possession de leur élément (l’élément musique) et délivrent des incantations qui elles-mêmes nous délivrent des sensations diffuses, vaporeuses, mais terriblement présentes.

Musique.

Nous parlions de tribu, et nous enfonçons le clou puisque la musique de Bacchantes est tribale. Elle repose sur une batterie lourde, avec très peu d’emphase. Tellurique. Elle martèle, comme le forgeron, le fer de la guitare, de l’harmonium. Elle apporte également une lourdeur, une gravité, que ne viennent pas démentir des mélodies souvent répétitives, comme des mantras, comme des psalmodies, comme des plaintes, comme, aussi, une communion, un chant de vie, une lueur dans les ténèbres.

L’acoustique et l’électrique se combattent sans cesse, s’attirent, se repoussent, forment un cercle indéchiffrable duquel ne peut se dégager l’un ou l’autre. C’est un tout dans lequel les voix s’enroulent, serpent qui se love dans les charmes d’une percussion, d’une stridence de clavier. Est-ce de la folk, du rock ? Est-ce que ça a la moindre importance au final ? Cette musique, qui semble provenir de partout et de nulle part ne doit pas être enfermée dans une case, elle doit être libre de s’envoler dans les airs, de prendre l’ampleur qui est la sienne. Il n’empêche, elle se loge bien souvent juste sous le plexus solaire, prend un appui parfois incommodant sur l’estomac, nous laisse le souffle court, les jambes en coton, comme si nous essayons de fuir une réalité que nous ne voulons pas voir.

Les paroles.

Dur de décrire avec simplicité des paroles qui renvoient à tant d’aspect de nos vies. Nous pourrions dire qu’elles sont formules magiques, ondes guérisseuses, ou alors malédictions lancées à qui le mérite. Pourtant, elles éveillent la curiosité, nous poussent à entrer en nous, en nos souvenirs d’avant la vie pour trouver une réponse. Cette quête de justesse ne semble pour autant pas vaine, puisque des fragments de lucidité surgissent aux moments les moins attendus.

Il arrive en effet qu’elles s’immiscent en nous alors même que nous pensons à tout à fait autre chose. À ces moments-là, leur vérité nous saisit. Jamais elle ne cherche à nous dire quoi faire, qui être, elle est propre au groupe qui nous laisse libre de nos choix. Cependant, son sens aigu de la justesse s’empare de notre libre arbitre, nous dévoile un labyrinthe de possibilités que nous n’avions pas même envisagées. Une compréhension nait donc dans notre esprit, une empathie, un sentiment d’exaltation presque religieuse (certains morceaux sont criants de ce caractère sacré).

En proposant ce disque un mois après sa sortie, en cette journée internationale des droits de la femme, ce n’est pas par hasard. Ce disque est d’une force inouïe, démontre une liberté folle, de faire ce qui doit être fait comme il doit être fait. Il est synonyme de force féminine puisque, malgrès tout, nous sentons une forme de mélancolie profonde dans ces titres paradoxalement lumineux. Une découverte à faire absolument.

Le titre de Bacchantes.

Nous aimons beaucoup ce titre de la mi-album, Sécheresse. Pour cet entremêlement de voix, pour ce rythme proche de certains classiques post rock (oui, on ne se refait pas), pour la douceur de cette voix qui survient lors du pont, pour l’électricité qui se fait plus féroce, pour la puissance magnitude 7 qui irradie du titre, pour ce corps à quatre têtes qui, ici, est complètement à l’opposé de la sécheresse qui donne son nom au morceau.

Certes, il y a le feu, après le vent du début du titre, A capela. La progression, linéaire, du titre nous rétame malgré tout par son emprise sur notre souffle, sur notre pouls, par la beauté, mais nous l’avons déjà dit, des harmonies. Bref, ce titre porte en lui toutes les qualités du disque, dont nous espérons qu’il verra des suites (quand l’heure sera venue).

bacchantes

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