[ALBUM]ALAIN VALDÈS, Juste pour voir// sans complexe

Juste pour voir, mini-album 8 titres Juste pour voir.

Nous essayons de définir depuis un moment dans quelle catégorie ranger cet album d’Alain Valdès. Car il est un habile mélange de styles, qui, a priori, pourraient ne pas trop s’accoupler. D’une part, un chant en français, qui n’est pas une langue rock (paraît-il), d’autre part des cuivres évoquant le jazz, le tout saupoudré d’un esprit chanson rock, plus rock que chanson d’ailleurs, avec des effets expérimentaux. Bref, Alain Valdès, avec Juste pour voir, brouille les pistes et nous propose un album d’une richesse extrême.

Il convient de se laisser guider par la musique, dans un premier temps. Celle-ci s’avère enrobée d’une production dégageant certains aspects oniriques, de par les arpèges de clavier et quelques très minimes apports électroniques. Par moments, comme sur le pont de Ouvre tes chakras ferme là !, nous quittons le sol pour rejoindre les étoiles. Ces passages s’ourlent d’une délicatesse que viennent caresser les cordes vocales d’Alain Valdès.

Tendresse.

C’est marrant parce que sur l’ensemble de l’album, ce sentiment de tendresse ne nous quitte pas, même lors de ses percées les plus rocks et électriques. Nous avons la sensation d’être pris dans une main de velours qui développerait une chaleur intense, mais rassurante, tout au long des 8 titres. Ce terme de tendresse peut paraître un peu désuet, ou mal approprié, pourtant nous le ressentons comme tel car, finalement, il n’y a aucune arête cinglante dans cet EP à l’esthétique raffinée.

Il faut dire que tout a pour point de fuite une expression pleine est entière de la musique. Chaque titre possède l’espace nécessaire pour que la grâce instrumentale s’exprime entièrement. Comme nous le disions en préambule, nous aimons les contours jazzy de l’objet. Ils nous mettent d’entrée de jeu dans une bulle particulière, même lorsque cela dérive dans un esprit Sergent Peppers (sur le titre Juste pour voirnotamment). Donc jazzy, grâce à des cuivres, psychédéliques dans certaines digressions, plein d’une poésie lunaire (que nous retrouvons d’ailleurs dans les paroles et la voix).

Revoir le clip d’Alarme(titre ne faisant pas partie de Juste pour voir)

Une voix ouatée.

Celle-ci fait son effet. Toujours sans ce caractère parfois agressif des rockeurs. Nous serions presque en présence d’un crooner, mais Alain Valdès est tellement moins sirupeux que nous ne pouvons le placer dans cette catégorie de chanteur. Alors, là aussi, nous collerions l’étiquette rock, ou pop. Nous pensons, sur un titre comme L’informateur, à quelqu’un comme Miossec, ou alors à Octave Noire (sur un peu tout les autres). Bref, ce genre de voix à la fois expressive et douce, forte et enveloppante.

Elle sert des textes souvent brefs, comme des images chopées ici et là pour illustrer une musique. Le côté chanson pourrait apparaître, mais est tellement moins affligeant dans ses développements que nous préférons une fois de plus le terme rock. Ou chansons jazzy rock. Voire funky jazzy rock. Nous sentons presque, dans ces textes, une légère pointe de dérision, un côté qui ne se prend pas trop au sérieux (même si les textes restent qualitatifs avec ce soupçon de poésie plus ou moins abstraite à la Bashung). Ils dégagent surtout un romantisme sensible, discret, quotidien, sans verser dans l’ostentatoire. Bref, justement dosé pour procurer ce léger frisson de plaisir que nous apprécions tant.

Le son ?

Il convient d’en parler, du son, de ce mini-album. Parce qu’il est absolument génial, à notre avis. Les guitares sont expressives, sonnent anglo-saxonnes (d’ailleurs certaines mélodies sont typiquement Beatlesiennes), savent aussi se rendre conquérantes, autant que passives lorsqu’un saxo prend les devants par exemple (L’informateur). Les claviers sont chauds, jazz, osant un piano plus classique (Ouvre tes chakras ferme là ! ou Juste pour voir), mais toujours utilisés au bon moment pour magnifier un morceau.

La basse est inspirée, comme douée d’un feeling lui étant propre. Elle groove avec la batterie, enlace les thèmes pour un tourbillon de sensations vibrantes. Et puis il y a tout ce travail qui sort des sentiers battus pop rock pour véritablement s’acoquiner avec le jazz et proposer des expérimentations surprenantes, sans dénaturer, à aucun moment, le fil conducteur des morceaux.

L’équilibre est parfait, réconcilie un peu tous les dérivés du blues (rock, rythm and blues, pop), avec cette musique soi-disant plus intellectuelle qu’est le jazz. Résultat : des univers fusionnant les musiques pour un résultat plus qu’emballant. On pense Bowie, on pense Rolling Stones, Beatles. Et on prend son pied de bout en bout. Sans que ça ne soit sur-intellectualisé, ce qui n’est pas donné à tout le monde, croyez-nous sur parole !

LE titre de Juste pour voir.

L’homme zen. Parce que waouh ! C’est une tornade, un shaker dans lequel on se retrouve la tête en bas, les pieds en l’air, le cœur au bord des lèvres, le pouls sur mach 2. Il synthétise en un morceau un peu tout ce que nous disions ci-dessus, avec peut-être néanmoins un peu moins de groove que d’autres titres (l’instrumental Walking the ghost étant un parfait exemple de rythmes dansants). Mais quelle inventivité, quel talent de mêler ainsi les genres pour en créer un, unique, celui d’Alain Valdès. Bref, superbe et inspiré. Comme l’ensemble de ce 8 titres captivant.

Alain Valdès, juste pour voir

On pense à Enzo Carniel (pour les contours jazz)

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