[PLAYLIST] sélection vidéo avec Cécile Brooks, New Bleach, Deleo etc.
La playlist du lundi met en avant, cette semaine, Cécile Brook, Côme Ranjard, Jean-PAscal Boffo etc…
Comme tous les lundis, Litzic vous dévoile une sélection de morceaux lui ayant tapé dans l’oeil et les tympans. Nous vous parlons aujourd’hui d’artistes aux styles bien affirmés, allant de Cécile Brooks à Deleo, en passant par Côme Ranjard, Christophe Menassier et autres New Bleach et Jean-Pascal Boffo. C’est parti !
CÉCILE BROOKS
C’est le titre inattendu de cette playlist. A vrai dire, nous étions passé complètement à côté jusqu’à ce qu’une petite erreur de manipulation nous fasse tomber dessus. Sorti en octobre dernier (oui ça date), L’usure nous rattrape à vitesse grand V. Et il est d’autant plus inattendu ce titre qu’il ne ressemble a priori à rien de ce que nous aimons.
Pourtant, dès le début, il y a quelque chose qui fait mouche. Un phrasé particulier, un rythme pas si évident que cela. Si le timbre de voix n’est pas de celui de ceux que nous aimons d’ordinaire non plus, nous découvrons ici une chanteuse qui a du caractère (comprendre par là qu’elle ne s’infiltre pas dans le mouvement de toutes les chanteuses françaises chichiteuses avec manque d’originalité en porte-bagage). Si la ligne de chant nous attire, cette voix finit par nous enivrer elle aussi.
Classe
Les paroles contribuent à rendre l’ensemble captivant. Nous y découvrons une histoire d’amour sur le déclin, ou plutôt une histoire dont la femme ne souhaite plus être le faire-valoir. Une émancipation en sorte, une envie d’exister pour l’homme aimé. La langue est belle, originale dans son traitement, dans ses champs lexicaux également. Cela change des fameuses chanteuses chichiteuses qui s’autoparodient à l’infini. Ici, aucun risque, Cécile Brooks s’exfiltre de la masse avec classe. D’autant plus que la musique nous donne de sacrés frissons.
En effet, si au début nous craignons l’aspect chanson française, nous nous trouvons finalement avec un titre pop rock, teinté d’un petit aspect jazzy plutôt sympathique. La première surprise arrive avec une basse bien présente, puis des choeurs qui apportent un dynamisme certain, juste avant l’apparition de la batterie (dont l’attaque paraît décalée du reste, ce qui donne un charme terrible au morceau).
Et puis la guitare ose la distorsion, le morceau, loin du carcan couplet refrain, ressemble (presque) à un morceau progressif qui décolle dans la dernière ligne droite, avant de s’arrêter brusquement, nous laissant essoufflés. Mais ravi par cette composition vénéneuse que nous nous surprenons à écouter en boucle.
NEW BLEACH
Tout commence si nous entendions de la musique sous l’eau. En effet une musique dilue quelques notes de synthé liquides avant que la voix n’apparaisse. Silver lining, de New Bleach, s’élance dans le grand bain, avec un rythme à la cool, un groove discret, quelques sonorités vaguement soul. L’ensemble est feutré, délicat, langoureux presque, intime (comme une confidence). Et puis un synthé surprend, balance comme ça quelques notes qui viennent troubler la surface de l’eau.
On pense vite fait à un groupe comme Glass Animal, avec ce mélange pop et une petite dimension autre, quelque chose de très organique, d’animal presque. La synth pop des Canadiens est ici enjôleuse, déroule ses tentacules comme pour mieux saisir nos émotions en plein vol, nous emmener dans des recoins moelleux et capitonnés où il fait bon se laisser aller à ne rien faire, si ce n’est écouter la musique de ce groupe et se laisser dériver au gré de notre imaginaire coloré.
Ex-Caravane (groupe rock francophone), Dominic Pelletier et Raphaël Potvin souhaitait explorer de nouveaux territoires sonores et créer une musique qui se veut actuelle, mais intime. C’est un pari réussi avec Silver lining qui annonce un nouvel EP (à l’automne) pour le duo.
CHRISTOPHE MENASSIER
Quelques notes dont les sonorités nous font penser à un clavecin lancent le morceau Theme from the unkown movie de Christophe Menassier. Pourtant, loin du classique, nous basculons dans l’univers très à part des musiques de films. À mi-chemin de la pop et de l’électro, nous sommes bel et bien dans un univers cinématographique, ou cinématique, puisque l’écoute de ce morceau fait naître chez nous des images directement imprimées sur pellicule.
Il convient d’écouter ce titre les yeux fermés, de s’éloigner des images qui l’accompagne pour laisser naître les nôtres. Nous y voyons quoi, nous ? Une falaise surplombant l’océan. Un homme ou une femme s’y trouve, visage et corps balayé par un vent venant d’on ne sait où, du passé ou du futur. Des larmes coulent sur son visage. Mais nous ne savons pas si elles sont de joie ou de peine, signe d’un deuil amoureux ou du renouveau de ce sentiment si inspirant pour le septième art.
La musique, ici encore, développe son pouvoir évocateur, sans donner toutes ses réponses, réponses de toute manière différente pour chacun d’entre nous. Il va sans dire que ce morceau instrumental laisse place à l’émotion, sans être pour autant un tire-larmes non plus, Le juste dosage en somme, comme pour s’adapter à toutes les situations. Nous, on aime et on en redemande.
Côme Ranjard.
Accords évoquant les îles, la mer, le soleil, Côme Ranjard nous propose Anémone, premier extrait de son EP à paraître dans quelques jours (le 10 pour être précis), L’enfant casanier. Alors pourquoi ce titre ? Simplement parce qu’il est bien fait, assez surprenant également. Si les guitares étaient plus affûtées, nous serions en présence d’un surf rock en français, ce qui n’est pas si courant, mais les guitares ici ne sont pas affûtées. Au contraire, elles semblent émoussées par le flux et le reflux de la mer qui en aurait usé le tranchant.
Il conviendrait dès lors de dire que nous sommes en présence d’une pop surf, mais le terme n’existe pas. Nous ne sommes pas non plus dans de la variété, parce qu’il y a ce petit élément insolent, peut-être dans cette forme de litanie dont la rengaine nous pénètre aussi sûrement que l’eau salée imbibe le bas de nos pantalons si nous n’y prenons garde. Anémone est le titre parfait pour la sieste, dans un hamac coincé entre deux palmiers.
La ligne de chant est plutôt bien sentie, déjouant elle aussi le côté variété, tout en étant facilement mémorisable (et nous pouvons vous assurer qu’elle reste bien fichée entre les deux oreilles cette petite chanson alanguie au texte légèrement colorés de mélancolie joyeuse). À noter, la présence d’un saxo free qui vient rompre la rengaine du titre pour nous transporter sur un autre rivage l’espace de quelques secondes. Un joli morceau, parfait pour ce début d’été.
JEAN-PASCAL BOFFO.
Jean-Pascal Boffo n’est pas un perdreau de l’année. Passez nous cette expression de vieux, mais elle nous semble correspondre à la situation. En effet, Jean-Pascal Boffo n’en est pas ici à son coup d’essai, puisqu’il possède à son actif 35 ans de carrière et pas moins de 12 albums oscillant entre rock progressif et folk acoustique.
Avec Manderley (avec la chanteuse anglo-luxembourgeoise Claire Parsons qui vient de sortir son 1er album sur le label jazz Double Moon Records), le musicien s’acoquine avec le soleil de la world music, sans pour autant délaisser l’aspect folk des guitares, le tout avec un petit goût de jazz très inspiré. Manderley est tiré du 13e album de Jean-Pascal Boffo, album faisant la part belle aux guitares acoustiques.
Cet extrait, plein d’une légère mélancolie onirique saura vous ravir comme il nous a ravis. La douceur des guitares s’accordant à merveille à la voix chaude de claire Parson, elle-même en adéquation avec l’aspect caribéen ou tropical de cette musique. Le tout s’avérant parfait, une nouvelle fois, pour ce début d’été.
DELEO
Changement de climat. Des ambiances jazzy des morceaux précédents, nous arrivons dans une ambiance plus pop rock avec Deleo et son titre Mythomania. Une entame guitare folk qui laisse bientôt place à une musique très inspirée par des groupes tels Radiohead ou Archive, avec quelques éléments électroniques discrets, et le tour est joué ! Vous pénétrez dans l’univers de Deleo de façon totalement captivante. Et celui-ci se veut un cross-over entre la modernité et un certain classicisme (formule couplet refrain pont traditionnel) sur une musique à la production moderne et actuelle (et somptueuse aussi, puisque sonnant très anglo saxonne).
Pour autant, l’originalité est au rendez-vous, notamment dans le choix des tessitures sonores. La production est irréprochable, très cohérente, entre le caractère rond de celle-ci et l’ambiance globale du morceau ou chaque instrument à la fois se détache de l’ensemble et lui donne corps. Le son est ici plutôt compact, ouaté, donne assurément envie d’en découvrir plus sur le groupe. Deleo pourrait fort bien faire parler de lui dans les mois à venir (et c’est pour ça que nous n’en disons pas trop puisque nous aurons plus que probablement l’occasion d’en reparler) !