LONDON PLANE, Bright black

London Plane - Bright Black (album cover)Nouvel album disponible chez Declared Goods

Alors que leur premier album, paru en 2018 s’est révélé être un succès, London Plane, ayant traversé pas mal de tragédies personnelles depuis, revient sur le devant de la scène avec un nouvel album, Bright Black où l’espoir se dispute la part du lion avec la mélancolie. Sur des rythmiques enlevées, le sextet nous propose un post punk avec un soupçon de disco plus que convaincant.

L’histoire commence un soir de tribute à Lou Reed, tout juste décédé. S’y produisaient respectivement David Mosey (guitare, voix) et Jessica Cole (chant). Mis en relation par Joe McGinty des Psychedelic Furs, les deux artistes se produisant dans des formations séparées se trouvèrent des atomes crochus.

Ils ont été rejoints par d’autres musiciens et forment depuis cette période (soit 2014) London Plane. Ces musiciens sont Bryan Garbe (batterie), Grant Parker (basse), Julian Tulip (synthés) et Kristofer Widholm (guitare). Ensemble, ils ont trouvé le juste équilibre entre base dansante, mélodies addictives, et expression directe d’un constat lucide, donc sombre, de la société américaine (l’ère Trump a fait des ravages, et dans le cas présent, personne ne s’en plaindra).

Réminiscences disco punk

En effet, ce groupe New Yorkais produit un post punk bien caractéristique qui mélange avec subtilité évidence mélodique, rythme trépidant, voix acérées, spleen et lumière. Pour nous happer dans leur univers, les six musiciens osent donner de leur personne. Tout commence par des thèmes catchy, lumineux, des motifs très simples à retenir, très cohérents les uns par rapport aux autres mais suffisamment différents pour qu’ils puissent tous nous procurer un beau frisson d’extase.

La paire rythmique fait des étincelles sur la plupart des morceaux. La basse flirte avec le disco, un peu à la Blondie, autre groupe New Yorkais. Comme celui-ci, London Plane place une chanteuse en voix lead ultra convaincante (de hargne et de délicatesse) sur la majorité des titres, soutenue de façon brillante par celle de David Mosey (qui prend le commandement sur quelques compositions, mais agit le plus souvent en choeur/appoint sur les refrains pour donner du relief). Tous deux possèdent un côté écorché dans leur chant, un aspect brut qui, notamment dans les choeurs, dévaste tout. Possédant des timbres relativement proches, l’effet obtenu apporte un regain d’harmonie aux parties chantées, ce qui décuple la pertinence des morceaux. En ce sens, on pense un peu à l’urgence ressenti dans l’album Funeral d’Arcade Fire.

Comme leurs homologues musicales, les mélodies vocales sont irréprochables. Si à une ou deux reprises elles peuvent paraître un peu « faciles », elles sont tirées du gouffre par de très beaux arrangements et un jeu de complémentarité inspiré. Ces voix dégagent une forme d’optimisme, même lorsque leur timbre se recouvre d’un voile de profonde mélancolie. Nous sentons, malgré le poids de douleurs pas encore cicatrisées l’envie de combattre le mal par les armes, à savoir une musique intense en émotion et en bonnes vibrations.

London Plane

crédit photo : Alice Teeple

Noir brillant.

Ainsi, ce disque, qui ne peut pas être qualifié d’heureux pour autant, dégage chez nous un intense sentiment de bonheur. Il y a du groove, un exutoire plein d’énergie qui nous laisse sur un sentiment très positif. Le son, contrairement aux productions anglaises, reste clair et laisse passer la lumière. Là où leurs homologues britanniques appuient la noirceur, les London Plane eux préfèrent regarder dans l’autre direction car, à vrai dire, il est toujours plus convaincant de se projeter vers un ailleurs coloré plutôt que vers les ténèbres.

Ainsi, l’album nous prend par la main pour nous sortir de l’ornière des années passées. Sans fausse candeur, mais avec ce sentiment que les choses ne peuvent assurément pas être pires, Bright Black, dont le nom ne pouvait être plus pertinent, nous apporte un sentiment de confiance, et étale un baume apaisant sur la plupart de nos plaies. Ce qui ne peut que nous convenir en période de sinistrose ambiante.

Nos coups de cœur.

Plusieurs titres se démarquent du disque, surtout dans la première moitié du disque. Pour autant, la deuxième moitié n’est pas morose pour autant. On retient particulièrement les titres Bright Black, The darker you, Gold soul, Watch the madman go et Fransesco.

London Plane

crédit photo : Alice Teeple

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