MULTIPLICATION, l’impossible équation ?
(EP 5 titres déjà disponible
Derrière notre titre d’article un peu facile (Multiplication, équation…vous l’avez?) se cache un groupe qui ne joue pas la facilité en multipliant les postes. Ainsi, on y retrouve deux batteries (Bastien et Thomas), deux guitares (Romain, également au chant lead, et Julien, également aux choeurs) et enfin, esseulé au milieu de ses compagnons d’aventure en doublette, Mika (basse/synthé basse/choeur). Ensemble, il pratique un rock ovniesque, flirtant avec le punk, le psychédélisme, une certaine notion d’indé à l’américaine, parfois avec un gros son, parfois plus doux.
On va commencer par ce qui fâche (un peu). On n’aime pas vraiment le faire, mais on doit admettre que le chant lead nous laisse plutôt dubitatifs sur la plupart des titres. Pourquoi ? Parce que nous aimons la voix en tant que telle, qui se situerait quelque part entre celles d’Alex Kapranos (Franz Ferdinant) et Julian Casablancas (The strokes), voire parfois Damon Albarn (Blur, Gorillaz), mais certaines approximations nous paraissent complètement non volontaires. Le groupe eut été purement punk, cela serait passé crème, mais ici, ça coince, notamment lorsque Romain pousse sur ces cordes vocales. Dommage, surtout que musicalement, on ne trouve rien à redire à Multiplication.
Rock amalgame.
Le rock joué par le quintet bordelais ratisse large. Nous pourrions citer pas mal d’influences, parmi lesquelles (même si on parle plus de démarche artistique de de similarités musicales) les Red Hot Chili Peppers, Gorillaz (l’intro d’Ostrich girl notamment), Pavement, Sonic Youth, un peu de post punk, un peu de psychédélisme (Diorama et sa ligne au clavier, plus vraie que nature), un peu d’esprit punk, voire d’un soupçon d’énergie électro, des choses plus avant-gardistes aussi, mais à la vérité, nul ne sonne véritablement comme Multiplication.
Les structures des morceaux peuvent parfois approcher un certain classicisme couplet refrain pont, mais s’en débarrassent quand bon leur semble. Un sentiment de liberté envahit donc l’EP qui, sans partir dans toutes les directions propose néanmoins différentes voies d’explorations. C’est plutôt malin, toujours porté par une rythmique ultra efficace, tout comme peuvent l’être les mélodies. Ainsi, le disque s’avère tout de suite accessible, même si le labyrinthe se referme vite sur nous, nous maintenant prisonnier d’un univers évolutif mais fortement homogène.
Indé jusqu’au bout des doigts.
La formation est diablement indépendante dans l’âme, et cela s’entend un peu. Le mastering rend l’ensemble des titres un peu mates, mais cela ne dessert pas le projet, au contraire. Il renforce en effet son caractère unique, sa personnalité intrinsèque. Nous avons ainsi l’impression d’assister à une répète ou à un concert dans une cave dont la voûte arrondie et peu élevée nous maintiendrait courbés sur nous-mêmes. Si c’est mauvais pour les lombaires, cela n’a rien de désagréable à l’oreille. Au contraire, nous nous sentons proches du groupe qui pourrait ainsi acquérir le statut de groupe « garage ».
Le mix contribue aussi à étouffer un peu l’ambiance. Tout reste ramassé, contenu dans un petit espace sonore, et s’éloigne ainsi des groupes cherchant à envahir tout l’espace disponible avec des titres grandiloquents. Ici, humilité et modestie semble de rigueur. Le groupe pratique une vraie bonne musique. Il pousse son paroxysme en proposant un véritable choix artistique un peu en marge des productions actuelles, et cela fait du bien à entendre.
Si ce n’est ce petit souci de voix lead, qui ne nous convainc pas totalement, l’EP s’avère une vraie bonne surprise. Et on ne dit pas ça parce que Julien, à la guitare et aux choeurs rappelons-le, a écris quelques chroniques pour nous (on est assez incorruptible là-dessus).
Vous pouvez découvrir l’EP sur bandcamp (mais le mieux reste de l’acquérir) https://multiplication.bandcamp.com/album/multiplication-2
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