MEULE, un premier album de folie (Figure libre records)
Explosive.
Quel meilleur qualificatif pour parler de la musique de Meule ? Explosive. Un mot qui veut tout dire, mais qui reflète encore de loin la réalité d’un premier album, ou premier mini album puisque Meule ne comporte que 6 (longs) titres (3 d’entre eux font plus de 6 minutes).
Tout d’abord, qui sont-ils ces olibrius de la chose rock, krautrock ? Il s’agit d’un trio formé dont les membres évolué, ou évoluent encore, dans différents groupes aux univers bien distincts (C4dillac, Thé Vanille, Mopa, Lehmanns Brothers and so on). Cela confère sans doute cette unité particulière propre à Meule, unité s’apparentant à un infernal brasier de références et d’idées prennent forme et force dans un magma sonore ébouriffant.
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Transe.
Ici tout n’est qu’une question d’énergie, indomptable, qui prend la forme de chevauchées fantastiques et fantasques, répondant à l’appel de synthés modulaires, de séquenceurs, de guitares et d’une rythmique de ouf (deux batteries, ça ne laisse que peu de place à au vide)! Répétitive et aliénante, leur musique se fiche directe dans l’ADN de qui se laisse tenter à écouter leur musique.
Car l’effet est immédiat. Instantanément, c’est la quatrième dimension qui ouvre ses bras tentaculaires et qui vous happe sans jamais vous relâcher. Elle évoque le krautrock allemand des années 70, Can en tête, mais également, dans une certaine mesure, et ce dès Flush, qui ouvre les débats, un groupe comme King Gizzard and the Lizard wizard dans ces périodes les plus électro-psychédéliques.
La spirale se veut ascendante, nous porte vers les sommets de l’Olympe, nous fait quitter la Terre pour un monde chamarré, obsédant, lysergique, le tout représentant une folie parfaitement contenue par le trio, folie dansante, transcendante, contemplative par moments, mais toujours alimentée en triphasé, sous 380V.
Danse.
Forcément, l’invite à la danse est ultra-présente, sans pour autant dénaturer le pouvoir évocateur de la musique, ni en dénaturer la recherche mélodique. Si l’ensemble paraît spontané, un cri poussé dans un jour déclinant, synonyme d’une fin de journée passée au boulot, et donc potentiellement synonyme d’un lâcher prise primal, il n’en demeure pas moins que le groupe ose une approche plus raffinée qu’il n’y paraît.
Les compositions sont ambitieuses, mouvantes, évolutives, joue la superposition d’éléments musicaux, de choeurs, pour toujours plus nous envoûter. Les paroles ne sont pas légion, les voix apparaissant comme des instruments à part entière, distillant des choeurs aériens qui rendent l’ensemble encore plus tripant, bien qu’ils y apportent une dimension presque religieuse, ou du moins spirituelle, à l’ensemble.
L’impression de vertige s’empare souvent de nous, par le jeu d’un mix stroboscopique allant de l’oreille gauche à l’oreille droite, nous empêchant presque de constater l’élévation en bpm proche de la tachycardie (l’effet est saisissant sur DIOIS, à partir de 3’20 environ). On frôle l’arrêt cardiaque, et le pire, c’est que cela nous fait marrer (sensation euphorisante validée à 200%).
Malin.
Tout cela ne vaudrait rien si Meule approchait sa musique par la face mélancolie. Au contraire, ici, c’est la notion de plaisir qui semble éclairer l’ensemble des titres. Les mélodies sont légères, se retiennent sans efforts, les tempos ne ralentissent la cadence que pour mieux repartir sur les chapeaux de roue. Malgré cette haute teneur en énergie, qui pourrait s’avérer fatigante, c’est au contraire l’envie d’en avoir plus qui se fait ressentir.
Avoir plus de groove, avoir plus de bruit, avoir plus de sensations. Mais le groupe est malin et ne se laisse jamais embarquer par sa musique. Il sait la dompter, éviter le surdosage et c’est tout à son avantage. En effet, il n’y a jamais de surenchère, Meule sait dire stop quand il le faut, ce qui fait qu’il nous place dans une situation d’attente (jamais insupportable), comme avec le titre Getaway, proche d’un hit rock (on pense un peu, vite fait, à certains titres de Trentmøller, ce qui est une très bonne chose !).
Le cœur de la meule.
Ces accalmies ponctuelles s’avèrent bienvenues. Elles permettent à nos poumons de se gonfler d’un air neuf, non vicié, ce qui nous permet de repartir de plus belle, notamment avec Cactus d’hiver, mais surtout avec Sans les mains. Mais c’est sans oublier le très groovy Rand lover qui les précède. Cette petite balade presque électro, mine de rien, avec seulement 3’04, nous embarque dans son univers aussi facilement que les morceaux les plus longs de l’opus (preuve que ce n’est pas la durée d’un titre qui compte).
Super bien produit, le disque ne cesse de nous surprendre par sa richesse (mélodique, compositions, rien n’est laissé de côté). Le but avouer de Meule, nous en sommes persuadés, est de nous faire oublier les aspects oppressants de l’époque dans laquelle nous vivons, en y réinsufflant un soupçon d’insouciance, vitale. Faire la fête, se foutre de tout ce qui nous pollue la tête, voilà la meilleure façon d’avancer dans la vie. Et la musique, plus que jamais, ou en tout cas celle de Meule, est le meilleur traitement à la morosité ambiante. Excellent ! Ouais.
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