CANCRE, Étrangler (nouvel EP déjà disponible chez Upton Park)
Présence.
Nous avons parlé d’eux il y a quelques mois avec leur premier EP Face au vent, ils sont de retour avec un nouvel EP, Étrangler. Cancre poursuit sur sa lancée, celle mise en orbite par les textes de l’arrière-grand-oncle des frères Millasseau, une lancée rock en français, poétique, ardent, aux guitares expressives et aux arrangements soignés.
Il y a peu de différence, question technique, niveau son, d’avec le premier EP. En effet, la voix y est toujours bien mise en avant, avec de très légers effets pour y apporter une touche supplémentaire de passion. Reconnaissable entre mille, elle marque l’identité du groupe, tout comme les textes qu’elle délivre. Si 3 des 4 titres sont directement issus des textes du fameux arrière-grand-oncle, écrits dans les tranchés, ils sont travaillés par le groupe qui y apporte une touche actuelle.
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Sans dévoyer l’esprit des textes originaux, bien au contraire, les 3 Cancre y apportent une dimension supplémentaire par cette « actualité » toujours présente, celle d’une poésie directe, « saine ». Il y est question de cette impression d’être à côté des choses, de les subir alors que nous les vivons. Il est aussi question d’une trace remise en avant, exprimée par des instrumentations nerveuses, qui prennent aux tripes, nous laissant peu de place pour nous éparpiller.
Abrasif.
En effet, l’aspect abrasif est ici présent, magnifié par des compositions malignes : lignes de basse prenantes, batterie binaire, évitant les fioritures, digne et forte dans sa sobriété (en rapport donc avec les textes), la guitare très rock appuyant, soutenant, étayant les mots, comme la deuxième tête d’une hydre bicéphale incapable de trancher entre attaque et douceur.
Si Signes nous séduit par des appartenances très britanniques (une ligne de basse nous évoquant certains groupes des années 60, la musicalité globale du titre nous rapprochant également de Londres), les 3 autres morceaux (Étrangler, Survivants, La tête au ciel) sont eux plus proches d’un rock en français, un peu à la Noir Désir. Cette comparaison est à prendre avec énormément de pincettes, la poésie des deux groupes étant relativement éloignée, tout comme leur manière de faire parler leurs instruments. Seule l’intention est la même, celle de dire la multitude d’émotions ressenties dans certaines conditions, celle de décrire un monde fait de paradoxes violents.
Ce deuxième EP confirme donc tout le bien que nous pensions du groupe breton. Mieux, il nous montre un savoir-faire maîtrisé, un son très personnel, un art de la composition millimétré. Nous sentons un très gros potentiel pour le groupe, du genre de ceux qui font les grands groupes, à même de plaire à un public très large comme à des mélomanes plus exigeants. Bref, Cancre est premier de la classe rock en français !
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